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Haïkus de poilus: des éclats d'humanité au coeur de l'horreur

Haïkus de poilus: des éclats d'humanité au coeur de l'horreur

Dans les tranchées de la Grande Guerre, de jeunes poètes français ont écrit de sublimes et émouvants haïkus, ces poèmes très brefs venus du Japon, rassemblés pour la première fois dans une anthologie.

Ce livre, "En pleine figure, Haïkus de la guerre de 14-18" vient bousculer une idée reçue: non, l'art du haïku (trois lignes en 17 pieds, selon le code standard) ne fut pas découvert en France après Hiroshima. Dès le tout début du XXe siècle, un médecin et philosophe, Paul-Louis Couchoud, les a introduits dans l'Hexagone après un voyage au Japon et des poètes ont commencé à en publier dans des revues ou des plaquettes.

Lors de la Première Guerre mondiale, de jeunes poètes, qui avaient rendez-vous avec la mort, se sont livrés à cet art de l'esquisse, saisissant un tableau tragique en quelques traits. Les noms de leurs auteurs sont méconnus mais ces mots arrachés à l'horreur suscitèrent l'admiration d'Apollinaire, de Max Jacob ou de Paul Eluard.

Quant aux textes, "ce sont des projectiles, des éclats d'humanité, des brisures d'espoir, de peur ou de vie", résume l'éditeur. Les voici rassemblés pour la première fois par Dominique Chipot dans une anthologie qui comporte des textes rares et de nombreux inédits.

On y découvre la fulgurance du fragment face au désastre de la guerre, dont le poème qui a donné son titre au recueil:

"En pleine figure/La balle mortelle./On a dit: au coeur - à sa mère." (René Maublanc).

Ou celui-ci: "Cla, cla, cla, cla, cla.../Ton bruit sinistre, mitrailleuse,/Squelette comptant ses doigts sur ses dents." (Julien Vocance).

Et encore: "Un trou d'obus/Dans son eau/A gardé tout le ciel." (Maurice Betz).

("En pleine figure, Haïkus de la guerre de 14-18" - anthologie établie par Dominique Chipot - préface de Jean Rouaud - Editions Bruno Doucey - 176 p. - 16 euros).

cha/alc/ml

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