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Le retour des colons au coeur de Hébron hante les habitants palestiniens

Le retour des colons au coeur de Hébron hante les habitants palestiniens

Jets de bouteilles remplies d'urine, agressions contre des enfants... L'idée que des colons juifs radicaux expulsés de la Vieille ville de Hébron puissent revenir bientôt inquiète leurs voisins palestiniens.

L'année dernière, le ministère israélien de la Défense avait ordonné l'expulsion de 15 colons, au grand soulagement de la population palestinienne de la plus grande ville de Cisjordanie. Ces colons habitaient une maison au coeur de l'enclave sous contrôle israélien, près du Caveau des Patriarches ou mosquée d'Ibrahim, un lieu saint vénéré par les juifs et les musulmans.

Mais en septembre, après la mort d'un soldat israélien tué par un tireur palestinien à Hébron, le Premier ministre Benjamin Netanyahu a affirmé vouloir permettre aux colons de s'installer à nouveau dans la "maison d'Abou Rajab", comme l'appellent les Palestiniens, ou "maison de Machpela" pour les Israéliens.

Une dizaine de Palestiniens ont saisi la Cour suprême israélienne en affirmant que ce bâtiment de trois étages leur appartenait.

Devant les juges, le représentant du gouvernement a dû admettre que la déclaration d'intention du Premier ministre n'avait pas un caractère "officiel" et que la maison ne serait pas occupée par des colons tant que son statut ne serait pas réglé par la justice.

Les colons affirment avoir légalement acheté les deux étages supérieurs. Les Palestiniens qui vivent au rez-de-chaussée craignent qu'un retour des colons ne ramène aussi les violences passées.

"Nous vivions dans l'ensemble du bâtiment - dans les trois étages - avant que les colons ne s'installent, mais ils nous ont confinés au rez-de-chaussée", explique Hatem Abou Rajab, 26 ans, qui vit là avec sept membres de sa famille.

"Les deux premiers étages sont vides car ils sont contrôlés par l'Etat d'Israël, qui administre la zone d'une main de fer", ajoute-t-il.

La déclaration de Netanyahu "était une pure vengeance", estime-t-il. "Mais ils ont des armes et nous n'en avons pas. Que pouvons-nous faire? Les colons continuent à venir ici régulièrement pour essayer de rentrer dans le bâtiment ou simplement pour nous insulter".

Sur la porte, les colons ont épinglé une notice revendicative: "Nous avons payé. Nous l'avons achetée. Elle est à nous!".

La directrice de l'école de filles voisine, Ibtissam al-Joundi, se souvient des pierres et des insultes visant ses élèves lorsque les colons occupaient la maison.

Mais même sans eux, la réalité reste dure dans le secteur sous contrôle israélien, où enseignants et élèves "sont régulièrement fouillés, ce qui double parfois leur temps de trajet" jusqu'à l'école, souligne-t-elle.

"Les enfants sont habitués, ils ont connu cela toute leur vie", ajoute-t-elle.

Quelque 190.000 Palestiniens vivent à Hébron, dans un climat de tension permanente avec près de 700 colons juifs installés dans une enclave au coeur de la cité, dite "zone H2", sous la protection de milliers de soldats israéliens.

A quelques minutes à pied se trouve une deuxième maison dont l'armée a expulsé les habitants juifs, connue des Palestiniens sous le nom de maison Rajabi, ironiquement baptisée par les colons qui l'occupaient "Beit Shalom" (Maison de la paix).

"Les colons nous agressaient physiquement, y compris en nous jetant des bouteilles pleines d'urine, à nous et nos enfants", raconte Bassem al-Jabari, un cordonnier palestinien qui vit en face. "Ils ont même empoisonné mon cheval".

La Cour suprême doit se prononcer d'ici quelques mois sur le conflit de propriété autour de cette maison de quatre étages. Un verdict en faveur des colons est attendu.

Assurant l'avoir acheté légalement, des colons israéliens avaient pris possession du bâtiment en 2007, mais ils en ont été expulsés par les troupes israéliennes l'année suivante, après une semaine de violences.

Aujourd'hui, deux larges drapeaux israéliens pendent encore sur les façades, mais la maison est vide, les fenêtres cassées, les portes barricadées et des barbelés sont enroulés autour des balcons pour empêcher toute intrusion.

Des soldats occupent un bunker en béton sur le toit en prévision d'un incident toujours possible.

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