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Turquie : "verrouillez les portes du palais", la rue veut empêcher "Tayyip" de "fuir"

Turquie : "verrouillez les portes du palais", la rue veut empêcher "Tayyip" de "fuir"

Entre les badauds faisant leurs derniers achats avant le Nouvel An et les quelques Stambouliotes attablés dans les restaurants, des manifestants ont réclamé une nouvelle fois dimanche le départ du Premier ministre Recep Tayyip Erdogan, accusé d'avoir "protégé des voleurs".

Six mois après une fronde antigouvernementale sans précédent, un scandale de corruption et de malversations ébranle le régime du Parti de la Justice et du développement (AKP) et exacerbe la colère des Turcs, réunis de nouveau dans les rues.

"Verrouillez les portes du palais pour que Tayyip ne s'enfuie pas !", criaient une centaine de manifestants, rapidement rejoints par des passants à Besiktas, non loin du palais de Dolmabahçe où se trouve le bureau stambouliote du Premier ministre.

"Honte à Erdogan le voleur !", hurlent les manifestants dans les rues bondées, où tous les magasins sont ouverts. "Les voleurs devront rendre des comptes au peuple", préviennent-ils, amusant ainsi les passants, qui découvrent de nouveaux slogans, après ceux du mouvement du parc Gezi.

Certains badauds n'hésitent pas à les soutenir en les applaudissant, d'autres choisissent de les menacer.

Trois jeunes hommes, partisans de l'AKP, ont dégainé sous leurs yeux une arme blanche et un sabre, volé dans l'un des restaurants de "döner", avant d'être appréhendés par la police.

"Je n'attends plus rien de ce gouvernement", dit, laconique, Gülten Cihar, 45 ans. "Au lieu d'aider les plus pauvres", il "a volé le peuple pour faire la fortune de son clan, de sa famille et de ses proches", explique-t-elle avec amertume, rappelant que "ce parti de musulmans était censé avoir des valeurs".

Le gouvernement a été contraint de procéder à un large remaniement après la démission de trois ministres éclaboussés par ce scandale politico-financier.

Selon un des procureurs chargés de l'enquête anticorruption, la police a refusé d'exécuter des mandats d'arrêt délivrés par le parquet contre une trentaine de personnes, des personnalités proches de l'AKP et des hommes d'affaires connus.

En meeting dans l'ouest de la Turquie, le Premier ministre Recep Tayyip Erdogan a de nouveau dénoncé dimanche le "complot" ourdi contre son gouvernement.

"Mes rêves se sont brisés", commente, désabusée, Fatma, 53 ans, venue avec sa fille Iren. "Ça fait dix ans que je vote pour l'AKP", reconnaît cette mère au foyer qui souhaite garder l'anonymat. "Ces vols et cette corruption ne trouvent aucun fondement religieux", insiste-t-elle.

Venue d'Izmir, elle a tenu à participer à un autre rassemblement, cette fois d'un groupe de féministes. "Le gouvernement ne doit pas protéger les voleurs", s'insurge Fatma, couverte d'un voile et portant une robe longue.

Devant le siège local de l'AKP, dans le quartier de Sisli, sur la rive européenne d'Istanbul, des manifestantes ont choisi de déposer des boîtes de chaussures, dans une allusion à celles retrouvées pleines de billets chez l'un des inculpés.

"On a vidé nos poches pour remplir à notre tour des boîtes", explique à l'AFP Özge Akma, militante féministe. "Tout ce qu'on a trouvé à y mettre, c'étaient des pommes de terre, des oignons et nos factures d'électricité".

bat/pa/bds

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