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Le site de la journaliste agressée en première ligne de la contestation en Ukraine

Le site de la journaliste agressée en première ligne de la contestation en Ukraine

Auteurs d'enquêtes sur la corruption au sommet de l'Etat, les journalistes d'Ukraïnska Pravda, une publication en ligne fondée en 2000 par Gueorgui Gongadzé, tué la même année, ont fait bouger les choses en Ukraine et sont aujourd'hui en première ligne de la contestation.

L'agression mercredi d'une de ses journalistes, Tetiana Tchornovol, sauvagement battue par des inconnus, a provoqué un tollé en Ukraine et à l'étranger.

Ce site d'informations s'est imposé dans l'espace politique et médiatique après l'assassinat du journaliste Gongadzé, devenu symbole de la liberté d'expression et qui avait déclenché d'importantes protestations contre le régime d'alors accusé d'avoir commandité ce meurtre - les premières en Ukraine.

"Ukraïnska Pravda a une importance énorme pour la politique intérieure et l'image de l'Ukraine à l'étranger", souligne Natalia Ligatcheva, spécialiste des médias.

"Les élites et les gens simples, tout le monde le lit, pour beaucoup c'est la principale source d'information", ajoute-t-elle.

Ses journalistes également très actifs sur les réseaux sociaux et dans la rue, sont pour certains devenus des autorités morales.

Fin novembre, c'est l'appel à manifester sur Facebook du journaliste Moustafa Naïem qui a mobilisé des partisans de l'intégration européenne après le refus des autorités de signer un accord d'association avec l'UE et donné le coup d'envoi d'une vague de contestation sans précédent.

La journaliste Tetiana Tchornovol, agressée mercredi, est l'une des militantes les plus actives du mouvement.

Elle a été battue dans la banlieue de Kiev alors qu'elle revenait d'une mission pendant laquelle elle a pris en photos une maison de campagne du ministre de l'Intérieur Vitali Zakhartchenko, accusé par l'opposition d'être responsable de la répression contre une manifestation étudiante le 30 novembre.

Ces photos ont été publiées par Ukraïnska Pravda dans un article intitulé "ici vit le bourreau".

L'opposition a appelé à une nouvelle grande manifestation dimanche pour soutenir la journaliste qui a le nez cassé et souffre de commotion cérébrale.

Surnommée la "Jeanne d'Arc de Maïdan" - du nom de la place de l'Indépendance à Kiev devenu un haut lieu de la contestation - la jeune femme a récemment raconté dans un article comment elle a lancé l'assaut début décembre contre la mairie de Kiev, occupée depuis par des manifestants pro-européens, et a brisé la vitre du toit ouvrant d'une voiture des services spéciaux (SBU) pour y prendre "des enregistrements illégaux" qu'elle a ensuite remis aux leaders de l'opposition.

"Quand il y a un assaut, je me jette aux pieds des policiers anti-émeutes. Je suis une arme psychologique, la présence d'une femme réduit la violence de l'agression", a-t-elle expliqué.

Auteur de plusieurs enquêtes sur "la privatisation illégale" de Mejiguiria, la résidence du président Viktor Ianoukovitch, Tetiana Tchornovol rejette les accusations de parti pris et de mélange des genres.

"Aujourd'hui dans cette situation révolutionnaire en Ukraine, rester neutre équivaut à jouer dans le camp de Ianoukovitch", lance-t-elle.

Le pouvoir faisant fi de Maïdan malgré les manifestations monstres, le journaliste Serguï Lechtchenko qui a enquêté ces dernières années sur la fortune des oligarques, a de son côté proposé dans son blog des actions ciblées contre ces sponsors du régime soucieux de leur réputation à l'étranger.

Il a publié les adresses à Vienne et Genève des sièges de groupes appartenant aux oligarques ukrainiens, et celles des banques avec lesquelles travaillent ces groupes, en invitant les Ukrainiens à manifester et envoyer à ces adresses des photos de la répression.

Plusieurs actions spectaculaires ont suivi à Kiev et à Londres devant l'appartement de l'homme le plus riche d'Ukraine Rinat Akhmetov.

En 2011, un conseiller en communication de M. Ianoukovitch avait déclaré avoir "un fort pressentiment" qu'un attentat contre ce journaliste vedette puisse être commis dans le but de discréditer le président comme ce fut le cas avec Gueorgui Gongadzé.

L'organisation de défense de la presse Reporters Sans Frontières avait qualifié ces déclarations de "menace de mort".

Mercredi c'est le Premier ministre Mykola Azarov qui s'en est pris en plein conseil des ministres à Ukraïnska Pravda qui, selon lui, a "menti" en écrivant que sa rencontre avec son homologue russe Dmitri Medvedev cette semaine à Moscou avait duré cinq minutes.

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