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Ukraine : les Occidentaux condamnent l'agression d'une journaliste et militante

Ukraine : les Occidentaux condamnent l'agression d'une journaliste et militante

Les Européens et les Etats-Unis ont condamné mercredi l'agression d'une journaliste et militante pro-européenne en Ukraine, théâtre depuis plus d'un mois d'un mouvement de contestation du pouvoir en place, l'opposition appelant à une nouvelle grande manifestation dimanche.

Tetiana Tchornovil, journaliste d'Ukraïnska Pravda qui écrit des articles très critiques sur le président Viktor Ianoukovitch et son entourage et est également en première ligne de la contestation pro-européenne, a été sauvagement battue dans la nuit de mardi à mercredi par deux inconnus qui l'ont forcée à s'arrêter tandis qu'elle conduisait dans la banlieue de Kiev.

Elle a le nez cassé, souffre d'une commotion cérébrale et de multiples autres traumatismes, selon Ukraïnska Pravda qui a publié des photos de la journaliste défigurée après l'agression et une interview vidéo d'elle à l'hôpital.

Cette agression a provoqué un tollé en Ukraine et l'opposition a appelé à un nouveau grand rassemblement dimanche dans le centre de Kiev pour se solidariser avec la jeune femme après les manifestations monstres les quatre dimanches précédents.

Une colonne d'automobiles doit se rendre, également dimanche, à Mejiguiria, résidence très protégée du président dans la banlieue de la capitale.

"Nous ne laisserons pas Ianoukovitch faire une campagne de terreur contre les militants" pro-européens, a indiqué Andrii Paroubiï, responsable du camp de tentes sur Maïdan, la place de l'Indépendance dans le centre de Kiev, haut lieu de la contestation entouré de barricades.

Un autre militant pro-européen, Dmytro Pilipets, a été poignardé mardi soir à Kharkiv (est) par des inconnus, selon les médias et la police.

Les Etats-Unis ont condamné "les violences inacceptables" à l'égard des militants de l'opposition ukrainienne.

"Nous condamnons les agressions et appelons à une enquête immédiate", a réagi l'ambassade américaine à Kiev dans un communiqué.

"Il faut arrêter l'intimidation et les violences envers les militants d'EuroMaïdan", nom donné aux actions de protestation, a écrit sur son compte Twitter Linas Linkevicius, chef de la diplomatie lituanienne, dont le pays assure la présidence tournante de l'Union européenne.

Deux suspects dans l'agression de Tetiana Tchornovyl ont été arrêtés, a fait savoir le ministère de l'Intérieur qui avait déclaré dès mercredi matin privilégier l'hypothèse d'une "provocation" visant à discréditer le pouvoir.

Le président ukrainien a chargé le ministre de l'Intérieur Vitali Zakhartchenko et le procureur général Viktor Pchonka d'enquêter sur l'agression de la journaliste.

Selon ses collègues, elle avait passé la journée de mardi à prendre en photo les maisons de ces deux responsables, bêtes noires de l'opposition pro-européenne.

Le ministre de l'Intérieur est accusé d'être responsable de la répression d'une manifestation d'étudiants le 30 novembre qui a fait des dizaines de blessés, et le procureur de "couvrir les crimes" des policiers.

La journaliste a publié mardi des photos de la maison de M. Zakhartchenko dans un article intitulé "le bourreau vit ici".

L'ex-Première ministre et opposante emprisonnée Ioulia Timochenko s'est dite révoltée par "cette agression sauvage", accusant Viktor Ianoukovitch d'en être responsable.

"Il faut que ce soit la dernière manifestation de cruauté à l'égard du peuple ukrainien que vous ayez autorisée par votre inaction", a-t-elle déclaré en s'adressant au président.

"Le pouvoir musèle les journalistes (...) Il veut que les gens soient paralysés par la peur. Nous ne les laisserons pas faire !", a pour sa part commenté Vitali Klitschko, un ex-champion du monde de boxe, devenu l'un des dirigeants de l'opposition.

Plusieurs centaines de personnes ont manifesté mercredi devant le ministère de l'Intérieur, brandissant des portraits de la journaliste agressée.

"Le régime passe à l'offensive. Incapables de faire cesser les protestations, les autorités organisent des provocations avec des méthodes criminelles", a accusé le parti de Mme Timochenko.

Le chef du gouvernement Mykola Azarov a pour sa part appelé mercredi l'opposition pro-européenne à cesser ses actions de protestation qui portent selon lui "un préjudice matériel" à l'Ukraine, tout juste stabilisée financièrement par le plan de sauvetage russe.

Les partisans de l'intégration européenne manifestent dans le centre de Kiev contre la volte-face du pouvoir sur le rapprochement avec l'UE, le tout au profit de la Russie.

Il a par ailleurs vanté l'aide russe "cruciale" pour l'économie ukrainienne", indiquant que l'Ukraine espérait obtenir dès le début de 2014 les 12 milliards de dollars restants du crédit russe, dont elle a reçu mardi la première tranche de trois milliards.

neo/bds

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