Zebulon Simintov, la cinquantaine, est devenu une célébrité à Kaboul, malgré lui. Il est le dernier juif connu d'Afghanistan, un pays dominé par un islam de plus en plus strict. Isaac levy, l'avant-dernier juif, est mort en 2005. Leur farouche rivalité à inspiré la pièce de théâtre The last two jews of Kabul («Les deux derniers juifs de Kaboul»), écrite par Josh Greenfeld et jouée à New York en 2002.
Dans la vie réelle, Zebulon est propriétaire d'un restaurant de kebab, le Balkh Bastan cafe (anciennement Balkh kebab cafe), qu'il a ouvert il y a quatre ans, jouxtant la seule synagogue du pays. «Toute la nourriture est préparée par des musulmans», tient-il à préciser.
L'histoire pourrait être vue comme un exemple de fraternité interconfessionnelle si, comme le rapporte l'agence Reuters, la petite entreprise de Zebulon, aussi propre et bien décorée soit-elle, n'était pas sur le point de fermer. La raison? L'insécurité croissante dans la capitale afghane décourage la population à s'aventurer à l'extérieur.
«Je prévois de fermer mon restaurant d'ici le mois de mars et de louer mon espace», précise le dernier juif d'Afghanistan. Il espère ainsi gagner assez d'argent pour rénover la synagogue.
45000$ de pertes
Par le passé, Zebulon Simintov pouvait compter sur les commandes des hôtels, mais celles-ci ont fondu comme neige au soleil depuis que les troupes américaines sont parties, réduisant les investissements et la sécurité.
Au début du 20è siècle, plusieurs milliers de juifs vivaient en Afghanistan. Une communauté disséminée avec les départs en masse vers Israël. La femme et la fille de Zebulon Simintov sont elles aussi parties pour la terre promise, mais Zebulon, originaire de Herat, berceau de la communauté juive, a décidé de rester contre vents et marées avec ses «frères» afghans.
Pourtant les talibans, avant d'être renversés en 2001, ont volé la totalité des biens de son père et mis à sac le bâtiment accueillant le restaurant de Zebulon, aujourd'hui couvert d'une couche de crasse noire. En outre, le café aurait perdu la bagatelle de 45000$ en quelques années.
Mais Zebulon Simintov est lucide. «Si la situation empire dans le pays, je fuirai», dit-il.