L'Office national de l'énergie a entrepris mardi à Montréal l'étude du projet d'inversion du flux d'un pipeline d'Enbridge entre North Westover, en Ontario, et la métropole québécoise.
La pétrolière veut ainsi accroître la capacité de sa canalisation 9, qui transporte actuellement du brut entre Montréal et le sud ontarien.
Les opposants au projet craignent que l'entreprise ne se serve de l'oléoduc aux infrastructures vieillissantes pour transporter un brut plus lourd et, selon eux, plus corrosif, ce qui augmenterait les risques d'une rupture.
Enbridge, qui s'affaire toujours à nettoyer les dégâts causés par le bris d'un de ses oléoducs au Michigan en 2010, soutient de son côté que beaucoup de fausses informations sont véhiculées dans ce dossier. L'entreprise assure que la sécurité figure au sommet de ses priorités.
Selon Enbridge, le corridor de la ligne 9, qui fait 831 kilomètres, est sous la surveillance constante d'un centre à Edmonton, et les valves peuvent être fermées en l'espace de dix minutes si nécessaire.
Le spécialiste des questions d'énergie Pierre-Olivier Pineau, en entrevue à l'émission C'est pas trop tôt, ne croit pas que les audiences remettent en cause le projet d'Enbridge. Il souligne que les groupes environnementaux vont faire part de leurs préoccupations et de leurs demandes, et que toutes les questions de la sécurité et de l'environnement immédiat du pipeline seront traitées aux audiences. À son avis, « c'est absolument crédible de penser que non seulement Enbridge, mais l'Office national de l'énergie, vont prendre très au sérieux ces préoccupations et vont après changer les plans pour s'assurer qu'il n'y ait pas de fuites ».
Les inquiétudes des Mohawks
Les Mohawks de Kahnawake sont de ceux qui participent aux audiences à Montréal. Ils vont y exprimer leur opposition au projet d'Enbridge. Ils sont inquiets, même si la canalisation 9 ne traverse pas directement leur réserve. Ils sont préoccupés par l'état de ce pipeline, qui date d'une quarantaine d'années, mais ils craignent surtout qu'il y ait des déversements.
D'après Robert Patton, un des chefs du conseil de bande de Kahnawake, plusieurs Mohawks craignent que des fuites de pétrole causent des dommages irréversibles à leur territoire, aux plans d'eau environnants et aux poissons qui y vivent.
De son côté, la compagnie Enbridge se fait rassurante. Son porte-parole, Éric Prud'homme, affirme que les Mohawks, comme le reste de la population, n'ont rien à craindre, car la conduite est sécuritaire :
« Les risques associés au transport du pipeline, nous, on travaille chaque jour pour les minimiser au plus bas niveau possible. On a appris beaucoup de notre incident en 2010 au Michigan. C'est pour nous une expérience qu'on ne veut pas qui se répète. »
— Éric Prud'homme, d'Enbridge
Les audiences de l'Office national de l'énergie se poursuivent jusqu'à vendredi à Montréal. Elles se déplacent ensuite à Toronto à partir du 16 octobre, pour quatre autres journées.
D'après un reportage de Jean-Philippe Robillard
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