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Coupe du monde au Qatar 2022: pourquoi la FIFA n'arrive pas à se décider à la jouer en hiver

Pourquoi la FIFA n'arrive pas à se décider à jouer la Coupe du monde au Qatar en hiver
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Il y a une quinzaine de jours, 54 fédérations européennes se sont mis d'accord à l'unanimité sur "le principe de jouer le Mondial 2022 au Qatar en hiver". Réunie en comité exécutif depuis deux jours à Zurich, la FIFA a pourtant botté en touche vendredi, en annonçant "qu'aucune décision ne sera prise avant le Mondial 2014 au Brésil". Par ailleurs, "le comité exécutif a décidé de lancer une consultation de toutes les parties prenantes sur les dates (hiver ou été)" de ce Mondial, a précisé son président Sepp Blatter.

Le choix de disputer cette Coupe du monde en hiver, une époque de l'année où les températures ne dépassent pas en moyenne les 25 degrés au Qatar, fait polémique depuis depuis la désignation du pays hôte en décembre 2010. S'il n'existe pas vraiment de solution miracle peu onéreuse ni contraignante pour jouer l'été là-bas (stades climatisés, jouer à 23 heures), il existe en tout cas son lot d'inconvénients bien réels à y évoluer l'hiver, que l'on soit joueur, dirigeant, spectateur et même téléspectateur.

Le problème du calendrier

Le chamboulement majeur. Les grands championnats européens seraient contraints de le bouleverser pour la première fois de leur histoire moderne. Avec une trève de deux mois en plein milieu de saison, la fin des différents championnats devra forcément déborder sur l'été. Dans le meilleur des cas, les saisons finiraient fin juin-début juillet (au lieu de mi-mai). Les vacances des joueurs seraient alors décalées, tout comme la reprise de l'entraînement et donc celle de la saison suivante. Au final, on se demande bien comment ces 4 à 6 semaines de décalage seront rattrapés par la suite (jamais?)... L'une des solutions pourrait être de passer de championnats à 20 clubs à 18 (comme c'est déjà le cas en Allemagne), voire de supprimer en plus une coupe nationale (la coupe de la Ligue?). Ce qui dégagerait automatiquement au minimum six week-ends dans la saison.

En attendant, certains menacent. La Premier League (institution différente de la fédération anglaise de football, qui est pour jouer l'hiver), redoute un "chaos" si le calendrier est bouleversé et demande que chacun prenne ses responsabilités. "La Fifa a décidé d'organiser la Coupe du monde 2022 en été au Qatar. Si elle estime avoir fait une erreur , c'est à elle de l'assumer et surtout pas en portant préjudice aux championnats nationaux qui ont leurs intérêts à défendre et des contrats à honorer, tonne Richard Scudamore, son président. (...) Notre position est claire: soit la Coupe du monde a lieu pendant l'été 2022 au Qatar, soit elle a lieu pendant l'été 2022 ailleurs". Voilà qui a le mérite d'être clair. Et si l'organisation de la compétition en hiver est confirmée, il ne devrait pas être le seul à taper du poing sur la table pour défendre ses intérêts.

Et les JO d'hiver 2022 ?

Le football avant le patinage artistique? Pour ceux qui l'auraient oublié, 2022 est une année olympique. Si l'on connaîtra seulement en juillet 2015 la ville hôte des 24e JO d'hiver (pour l'instant, seules Oslo et Almaty sont officiellement candidates), le Comité international olympique (CIO) a d'ores et déjà fait savoir qu'il refuse catégoriquement de déplacer son événement. "Il faut être clair, le CIO organise les Jeux d'hiver... en hiver, martèle son président Jacques Rogge, dans des propos rapportés par L'Equipe. Ils se déroulent sur trois semaines à partir de la fin janvier. Pas en décembre, ni en mars. Pas question de déplacer les Jeux."

Cette mise au point réduit donc le champ d'action de la Fifa, qui sera contrainte de terminer sa Coupe du monde fin janvier, voire même une bonne semaine avant la fin du mois. Sepp Blatter, le président de la Fifa, s'est déjà voulu rassurant en indiquant qu'il n'entrerait pas en conflit avec le CIO. Des paroles qui seront tenues dans neuf ans? Dans tous les cas, disputer les deux compétitions au même moment serait quasiment intenable, que ce soit pour les rédactions, télévisions et annonceurs -voire même le public-, contraints de se disperser sur deux événements d'ampleur mondiale.

Pas de vacances, pas de public ?

C'est bien beau de vouloir jouer l'hiver, mais qui est prêt et surtout qui a la possibilité de se déplacer en plein mois de janvier pour aller voir des matches au Moyen-Orient? En été, cela ne pose pas de problème étant donné que la majeure partie des supporteurs qui suivent leur pays prennent leurs vacances à ce moment-là. Mais en hiver, qui peut se permettre de poser trois semaines? Les stades ne risquent-ils pas de sonner creux? Et l'on voit mal comment les Qataris pourraient remplir eux-mêmes leurs stades, dans un pays de seulement 1,9 million d'habitants où personne ou presque n'est passionné par le football. L'ambiance s'en ressentirait forcément et le flop total ne serait pas bien loin.

La ferveur populaire en moins

En plus d'un risque d'enceintes à moitié vides sur place, disputer ce Mondial en hiver aurait inévitablement pour conséquence de susciter beaucoup moins d'engouement dans les pays qui le disputent. On voit en effet mal la ferveur monter par -5 degrés à Strasbourg un 12 janvier. Les villes pourraient faire une croix sur la diffusion des matches en extérieur sur grand écran. Les bars pourraient dire adieu à leurs retransmissions enflammées en terrasses. Tout le monde resterait confiné chez soi sous la couette à espérer un hypothétique but de Karim Benzema (certes, on pousse le raisonnement à l'extrême, et la France n'est même pas encore qualifiée...). La Coupe du monde de football, ça reste (avant tout) l'été, la chaleur, les barbecues entre amis, les bières descendues avant les matches...

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