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Tensions entre les actionnaires de Chrysler

Tensions entre les actionnaires de Chrysler

Le dépôt par Chrysler d'un dossier d'introduction en bourse, une initiative de son deuxième actionnaire, Veba, marque une nouvelle escalade de l'affrontement entre ce dernier et Fiat, qui menace désormais de reconsidérer ses relations avec le constructeur américain.

Déjà propriétaire de 58,5 % du capital de Chrysler, le groupe italien souhaite monter à 100 % en rachetant les titres détenus par Veba, un fonds émanant du puissant syndicat automobile américain UAW (United Auto Workers), mais il n'entend pas débourser les 5 milliards de dollars réclamés par celui-ci.

Pour faire monter les enchères, Veba a exercé la clause prévue lors du dépôt de bilan et de la restructuration de Chrysler en 2009, pilotés par les autorités américaines, lui permettant d'engager une procédure d'introduction en bourse.

Banquiers et analystes considèrent cette initiative comme une manoeuvre de Veba visant à arracher des concessions à Fiat et nombre d'entre eux estiment que l'introduction n'aura sans doute jamais lieu.

De son côté, Fiat n'a pas caché son irritation face à cette manoeuvre, qui risque fort de retarder la mise en oeuvre du projet phare de son administrateur délégué, Sergio Marchionne.

« Fiat nous a informés du fait qu'il était en train de reconsidérer les avantages et les coûts de l'évolution de sa relation avec nous », a déclaré Chrysler dans le dossier déposé auprès des autorités boursières américaines. Il ajoute que Fiat est aussi en train de réévaluer les relations entre les deux groupes en matière de partage de technologies, de plates-formes communes et d'autres ressources.

Fiat et le redressement de Chrysler

« Fiat affirme que Chrysler vaut moins cher s'il ne parvient pas à une intégration totale », explique Richard Hilgert, analyste de Morningstar. « C'est une pierre dans le jardin de l'UAW. »

Une intégration totale permettrait notamment à Sergio Marchionne de disposer de la totalité de la trésorerie des deux constructeurs, gérée pour l'instant de manière indépendante, et donc de financer plus aisément ses projets d'investissement.

Chrysler disposait en date du 30 juin de 12,2 milliards de dollars de trésorerie et équivalents. Sur les six premiers mois de l'année, la société a dégagé un bénéfice net de 764 millions de dollars.

Le projet d'introduction en bourse (IPO), piloté par la banque JP Morgan Chase, évoque un montant théorique de 100 millions de dollars. Chrysler ne précise pas le nombre d'actions qu'il entend mettre en vente, mais Veba explique que le produit de l'opération serait consacré au financement du fonds d'assurance santé des retraités de Chrysler.

Le redressement du constructeur américain depuis 2009, piloté par Sergio Marchionne ces dernières années, a permis à l'américain de retrouver une valorisation estimée autour de 10 milliards de dollars par certains analystes, et la marque apporte désormais une contribution positive aux résultats financiers de Fiat.

Mais ce succès est paradoxalement devenu un handicap pour le projet de montée à 100 % de Sergio Marchionne, car il donne des arguments à l'UAW pour réclamer le prix le plus élevé possible. Le montant de plus de 5 milliards de dollars réclamé par les conseils de Veba représente le prix plafond prévu par l'accord de restructuration de 2009.

La semaine dernière, Sergio Marchionne a recruté Ron Bloom, un ancien banquier d'affaires à qui l'administration Obama avait confié la gestion du dépôt de bilan de Chrysler à l'époque, afin de le conseiller dans ses négociations avec Veba.

Reuters

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