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Début des consultations publiques sur les enjeux énergétiques au Québec

Début des consultations publiques sur les enjeux énergétiques au Québec

Électrification des transports, efficacité énergétique, énergie renouvelable : le gouvernement Marois veut réduire la consommation de pétrole des Québécois. L'enjeu est toutefois loin de faire l'unanimité, tant chez les économistes que chez les écologistes.

Un texte de Ximena Sampson

1. La situation actuelle

2. Des réactions partagées

3. Du courage politique

4. L'exploitation des réserves pétrolières

5. Électrification des transports et surplus d'énergie

6. Les enjeux oubliés

La Commission sur les enjeux énergétiques du Québec, dont les consultations publiques s'amorcent officiellement ce mercredi à Joliette, vise à recueillir les commentaires de la population sur la question de l'avenir énergétique de la province, en vue du dépôt d'une politique en 2014.

En lançant la commission, la ministre des Ressources naturelles, Martine Ouellet, a donné le ton : le gouvernement péquiste veut réduire la consommation de pétrole en misant sur l'électrification des transports et en mettant l'accent sur l'efficacité énergétique et l'énergie renouvelable.

La situation actuelle

Le pétrole représente la deuxième source d'énergie consommée au Québec, juste après l'hydroélectricité. C'est surtout à cause du secteur des transports qui était responsable, en 2009, de 73 % de la consommation québécoise de produits pétroliers et de 43,5 % des émissions de GES. À lui seul, le transport routier représentait 33,1 % des émissions totales.

Les Québécois ont importé 13,7 milliards de dollars de produits pétroliers en 2012, ce qui en fait le principal produit d'importation dans la province. Le projet du Parti québécois est d'atteindre l'indépendance énergétique en diminuant la consommation d'hydrocarbures importés, en se tournant vers l'électricité et en exploitant les réserves potentielles de pétrole et de gaz naturel.

Des réactions partagées

Ce nouveau projet de politique énergétique est toutefois loin de faire l'unanimité.

Gaétan Lafrance, spécialiste en énergie et professeur honoraire à l'Institut national de la recherche scientifique (INRS), reproche au plan péquiste d'être avant tout un énoncé de politique qui ne semble pas se baser sur des études d'impact, ni prendre en compte les conséquences sur le terrain.

« Par exemple, dans le cas du transport, quand on dit qu'on va faire pénétrer plus de voitures électriques, ça ne se fait pas simplement en énonçant la politique », explique-t-il. « C'est un changement considérable par rapport à la tendance historique. Il faut mettre des sous, il faut avoir des programmes et faire des analyses d'impact au niveau des consommateurs, pour savoir quels montants il faut investir pour pouvoir atteindre les objectifs. »

Gaétan Lafrance estime également que les objectifs du gouvernement ne sont pas réalistes.

« Les objectifs pour les GES et pour l'électrification sont fortement exagérés », soutient-il. « C'est impossible à atteindre pour 2020. Il faut être honnête : viser 25 % de réduction des GES dans le transport suppose que 25 % des véhicules roulant au pétrole vont disparaître au profit de l'électricité. C'est vraiment irréaliste. »

Pierre-Olivier Pineau, spécialiste des politiques énergétiques à HEC Montréal, abonde dans le même sens. S'il estime qu'il est vital de prioriser la réduction des GES, il doute fortement que ce soit faisable d'ici sept ans.

Selon lui, il est impossible d'atteindre cet objectif dans la mesure où il ne semble pas y avoir de plan concret. « Il y a un ensemble d'enjeux qui sont mentionnés dans le document de consultation, mais rien ne laisse croire qu'on va véritablement mettre en place des méthodes qui permettront d'y parvenir », affirme-t-il.

Du courage politique

Patrick Bonin, de Greenpeace, se montre lui aussi sceptique quant aux possibilités de réaliser les objectifs à temps. « On est en train de manquer [cet objectif], tout comme on a manqué les objectifs du protocole de Kyoto, et tout comme on risque fortement de manquer les propres objectifs du gouvernement du Québec pour 2012 [qui étaient de réduire les émissions de GES de 6 % par rapport à 1990] ».

« Plus on attend, plus c'est compliqué, plus ça coûte cher et plus on risque de louper cet objectif-là », conclut-il.

Selon lui, il s'agit avant tout d'une question de volonté politique. « Ça prend un courage, une détermination et une vision, et non pas des décisions à la pièce à la lumière des plus récents sondages », croit Patrick Bonin. « II y a un coup de barre qui doit être donné. »

Greenpeace estime que le gouvernement doit en faire bien plus pour atteindre les objectifs de réduction des GES, notamment à travers des mesures peu coûteuses, telles que la subvention à l'achat de véhicules peu énergivores, l'imposition de surtaxes sur les véhicules pollueurs et l'adoption d'une norme sur la teneur en carbone des carburants.