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Festival Juste pour rire: Claudia Tagbo, Montréalaise en devenir

Claudia Tagbo : Montréalaise en devenir
Courtoisie

L’humoriste française Claudia Tagbo est venue nous présenter son premier spectacle solo, Crazy, la semaine dernière, dans le cadre du Festival Juste pour rire, mais la dame ne dirait pas non à d’autres visites dans la métropole à court, moyen ou long terme. Celle qu’on a souvent désignée comme une « tornade » en raison de son énergie débordante nous avait déjà séduits, dans le passé, en participant à des galas JPR et au collectif Le français d’abord, l’an dernier, au Festival d’été de Québec.

« Je serais prête à vivre six mois en France et six mois au Québec. D’autres artistes le font, et j’en suis capable aussi. Pas nécessairement pour être une star, mais pour m’amuser dans des petites salles et rencontrer des gens », a-t-elle expliqué, mentionnant au passage que son petit frère a élu domicile à Montréal et qu’elle vient régulièrement le saluer.

Qui plus est, Tagbo compte plusieurs bons amis parmi les comiques québécois, surtout chez ceux qui sont allés faire trempette dans l’Hexagone pour y percer professionnellement. Elle a notamment eu un gros coup de cœur pour un dénommé Rachid Badouri…

« Rachid, c’est un garçon pétillant et généreux. J’ai fait la première partie de son spectacle à Paris. On a envie de le croquer, il est mignon. Mais je me dis que, si je le croque, il ne va plus rien rester, parce qu’il n’est pas très épais! (rires) »

« Anthony Kavanagh, Stéphane Rousseau, Martin Matte, je les admire énormément de se lancer en France, dans un milieu qu’ils ne connaissent pas, alors qu’ils sont des méga- vedettes ici. Moi, je les applaudis! », a-t-elle souligné.

Thèmes universels

Visiblement fière et déterminée, Claudia Tagbo se définit comme « une jeune femme qui fait présentement la couleur de l’humour ». Elle refuse de dire son âge (« En fait, j’ai oublié; j’ai commencé à faire de l’Alzheimer très tôt, et mon cerveau a stoppé à 29 ans. Je ne sais pas pourquoi! (rires) »), ne prétend pas appartenir à un style ou un autre (« L’humour n’a ni style, ni sexe, ni nationalité; je suis juste une fille qui aime partager avec les gens devant elle. Et je suis folle! (rires) ») et assume le fait d’avoir la langue bien pendue (« Je dis les choses, mais je mets toujours un sourire derrière »).

Originaire de la Côte d’Ivoire, elle est déménagée en France à l’âge de 13 ans et affirme avoir les deux cultures bien ancrées en elle. Comédienne de formation, elle a joué au théâtre, à la télévision et au cinéma (on l’a notamment vue dans Congorama, de Philippe Falardeau). D’un engagement à l’autre, sa route a été parsemée de rencontres marquantes : Arthur, Jamel Debbouze, Anne Roumanoff, Michel Boujenah et Fabrice Eboué, entre autres, ont tous leur place dans son carnet d’adresses. Et, de fil en aiguille, elle a été amenée à monter sur scène pour y décliner son propre matériel. Une suite logique, selon elle, même si, au départ, elle n’avait pas nécessairement choisi l’humour comme principal moyen d’expression.

« Pour moi, une scène est une scène, à partir du moment où on a quelque chose à dire. C’est un métier assez difficile, même si on n’opère pas des enfants. On apporte notre petite contribution. Quand on ne triche pas avec les gens, je crois qu’on a notre place. J’ai l’impression d’avoir bossé très fort derrière, et d’avoir profité des mains tendues devant moi. Je remercie le coordinateur là-haut – appelons-le du nom qu’on veut! – d’avoir eu cette chance! »

Pour dérider, Claudia Tagbo met à profit ses propres expériences et celles de ses proches en les apprêtant en anecdotes dans lesquelles tous se reconnaîtront de près ou de loin. Une formule qu’elle juge classique, mais efficace.

« C’est mon premier spectacle, alors c’est assez ciré autour de mon nombril. Mais après, ça ouvre en entonnoir quand les gens s’y retrouvent. Je parle de ce que je connais, de cette société qui veut toujours nous mettre dans des cases, des femmes, des régimes, de cet idéal qu’on entretient de toutes être des mannequins… Je taquine mes meilleurs amis et mes ennemis, les garçons (rires). Il y a certaines choses que je constate en France, et qui sont aussi universelles, à Montréal et au Canada, partout. »

À la recherche de l’âme sœur…

La question est inévitable : est-il ardu de se faire une place au soleil lorsqu’on est une femme, de surcroît de race noire, et qu’on tente de s’imposer dans un milieu traditionnellement dominé par les hommes ?

« Ce n’est pas difficile. Si on dit que ce l’est, on s’impose soi-même une barrière. Moi, quand je me lève, le matin, je suis d’abord un être. Ensuite, une femme. La couleur vient bien longtemps après. Notre société est régie par les hommes, et nous, les femmes, c’est seulement quand on a fini de nettoyer notre assiette et tout ce qu’il y a autour, qu’on pense à aller vers les autres. Ça arrive en dernier lieu. C’est pour ça qu’on dit qu’il n’y a pas beaucoup de femmes sur scène; parce qu’elles font autre chose avant. Elles s’occupent des hommes, de leurs enfants, de leur maison… »

« Mais je ne sais pas si c’est difficile. Ce n’est pas simple, Mais qui veut, peut. Moi, en tout cas, si je me dis que c’est dur, ça va me freiner. Alors, je me dis : “On y va !” Et je sais que je vais y arriver. »

Talentueuse, libre et indépendante… À quoi donc peut encore aspirer Claudia Tagbo ? À rencontrer le prince charmant, peut-être ? Et si celui-ci se trouvait dans la Belle Province ? La romantique se permet de rêver…

« Je cherche toujours, à savoir s’il y a un jeune Québécois de 1m85, aux yeux verts, roux, qui parle un peu français, un peu anglais… Qui aime faire la cuisine, qui adore les enfants, qui aime lire et aller au cinéma, qui fait la vaisselle, le ménage et qui offre des massages de temps en temps… Qui sait couper du bois, parce que, chez vous, c’est important, puisqu’il fait très froid (rires)… Qui a la force de me porter quand je travaille trop. Et qui adore la poutine, parce que madame aime manger ! S’il est là, qu’il n’hésite pas! »

« Et en plus, il ne me verra pas souvent, parce que je vis en France. Les chums, dès qu’on est à côté d’eux, ça les fatigue. Donc, avec huit heures de vol entre nous deux, il n’y aura pas beaucoup de disputes. On fera ça par Skype. C’est assez simple, en fait… Je suis la femme idéale! » a badiné Claudia Tagbo, visiblement éprise de notre coin de pays et encline à y revenir dès que l’occasion s’y prêtera.

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