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Nouveau spectacle : André Sauvé et sa drôle de quête (ENTREVUE)

Nouveau spectacle : André Sauvé et sa drôle de quête (ENTREVUE)
Courtoisie

Avec son premier one man show, qu’il a présenté à près de 400 reprises un peu partout à travers la province, André Sauvé a vu le succès lui tomber dessus à une vitesse qu’il qualifie lui-même de fulgurante. Happé par le tourbillon médiatique et par l’affection soudaine du public, l’humoriste aurait facilement pu perdre les pédales, comme d’autres l’ont fait avant lui. Heureusement, il a su garder la tête froide devant ce virage à 180 degrés.

« Peut-être que l’âge m’a préservé des dérapages, réfléchit à voix haute celui qui s’est lancé dans l’humour sur le tard, vers la fin de la trentaine. J’avais déjà fait beaucoup de travail sur moi. J’ai fait attention à moi là-dedans, j’ai écouté mes besoins. Mais c’a été un changement de vie assez drastique, qui a demandé toute une gestion. »

C’est pourquoi notre homme a ressenti l’utilité de prendre un peu de recul pour se consacrer à la création d’Être, son deuxième spectacle, qu’il joue pour la première fois à Montréal ces jours-ci, en marge du Festival Juste pour rire. Loin des caméras, André Sauvé a pris une pause de plus d’un an qui, l’affirme-t-il, lui a apporté un réel bien-être. Aujourd’hui, c’est un artiste reposé, dont les batteries sont pleinement rechargées, qui se pointe devant les spectateurs pour se questionner sur la condition humaine, dans le style qui lui sied si bien.

« Ça m’a fait beaucoup de bien, après avoir été exposé pendant trois ans, après avoir donné des shows et des entrevues, de fermer les portes, d’être nulle part médiatiquement parlant et d’être seul avec moi-même », indique-t-il.

« Là, je reviens à la scène, sous les projecteurs, complètement ressourcé, et j’ai le goût d’être là. C’était quelque chose que je craignais, de recommencer et de ne pas être rassasié de mon retrait. Mais ce n’est pas le cas. Je suis content, le timing est parfait. »

Pendant son congé, André Sauvé s’est soumis à une discipline serrée pour pondre les textes qui donneraient corps à sa nouvelle œuvre…. mais avec une méthode bien à lui !

« J’écrivais cinq jours par semaine, à tous les matins. Dès 8h30, environ, j’étais sur le clavier, et je travaillais jusqu’à 1h ou 2h de l’après-midi. Mais, dans ce cadre précis, c’était le free for all ! C’était chaotique, tout croche. Je n’avais pas de ligne directrice, je me laissais aller selon l’inspiration. J’avais un cadre… mais un cadre de chaos! (rires) »

Bien des questions… sans réponses

Dans Être, André Sauvé ramène son personnage de gaillard tourmenté, qui cherche des réponses sur le sens de la vie et soulève des interrogations philosophiques sur le ton empressé de celui dont l’existence en dépend. Cet alter ego, c’est un condensé des questions qu’André se pose lui-même, de ses préoccupations, soumises dans des situations grossies et improbables. Bref, « une base de pâte à modeler qu’on façonne pour faire une figure », rigole le principal intéressé.

« Ce qui me fascine, c’est nos fonctionnements, et je veux aller encore plus loin dans cette avenue. Dans ce spectacle, surtout en deuxième partie, le personnage est dans une quête d’identité. Le titre, Être, s’est imposé de lui-même, parce que c’est autour de ça que je pivote. »

Des thèmes comme l’importance d’être soi-même, de profiter du moment présent, d’être un bon partenaire pour soi et pour les autres se bousculent donc dans la bouche du protagoniste.

« On parle beaucoup de l’importance d’être soi-même, poursuit André. Tout le monde est d’accord avec ça, mais qu’est-ce que ça veut vraiment dire? On sait qu’on n’est pas toujours soi-même, mais qu’est-ce que ça voudrait dire que de l’être? Même chose pour ce qui est de profiter du moment présent. Faudrait-il tout faire en même temps, accélérer ou ralentir? Il y a aussi un numéro sur l’enfance, autant la mienne que celle du personnage. Mais tout ça est abordé comme une quête. »

Et la soif de savoir de l’antihéros (et celle de bon nombre d’entre nous, par le fait même) sera-t-elle étanchée à la fin de la prestation ?

« Le personnage trouve une réponse, à la fin, toute petite, mais qui n’est pas du tout moralisatrice. Aussi noble puisse être la vraie réponse, je n’ai pas la prétention d’en offrir une! » laisse humblement tomber André.

Amnésie volontaire

À l’automne 2008, lorsqu’il a lancé son premier effort solo, André Sauvé jouissait de l’avantage d’être « le petit nouveau » de l’humour d’ici. Les Québécois l’avaient bien vu ici et là dans des galas Juste pour rire ou à la télévision, comme à l’émission 3600 secondes d’extase, mais on ne savait trop à quoi s’attendre de cette nouvelle bibitte frisée et sympathique, de quoi il allait nous entretenir pendant deux heures, seul sur les planches. A-t-il ressenti une pression particulière lorsqu’est venu le temps de songer à la suite?

« Au début, je me demandais si on allait embarquer dans mon univers, dans ce que je proposais. Maintenant, je me demande si les gens vont continuer de me suivre. Avec un deuxième show, il n’est plus question de beginner’s luck. On n’est plus dans l’indulgence du débutant. Mais j’ai fait de l’amnésie volontaire ! J’ai essayé de tasser ça de ma tête, parce que c’est un frein à la création. La pression venait davantage de moi envers moi. Je voulais me dépasser », conclut-il, visiblement nerveux, mais confiant, d’entraîner les gens un peu plus loin dans son univers.

André Sauvé présentera Être au Théâtre Maisonneuve de la Place des Arts jusqu’au 20 juillet, dans le cadre du Festival Juste pour rire. Pour informations : www.hahaha.com ou www.andresauve.com.

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