La Commission nigériane des droits de l'homme accuse l'armée d'avoir tué des civils à Baga, dans le nord-est du pays, lors d'une opération militaire menée le 16 avril dernier contre le groupe islamiste Boko Haram en représailles au meurtre d'un soldat.
L'armée a tiré « sur tout le monde, même sur les animaux », selon un rapport de la police cité dimanche par la commission qui, n'ayant pu se rendre sur place pour des questions de sécurité, n'arrive pas à chiffrer exactement la tuerie.
La Croix-Rouge parle de 187 morts, mais ce bilan est contesté par l'armée, selon qui seules 37 personnes sont mortes dans l'attaque, soit 30 islamistes, six civils et un soldat.
Selon le rapport de la police, les soldats ont aussi brûlé cinq quartiers de la ville au cours du raid. L'armée rejette toutefois la faute des incendies sur le groupe Boko Haram.
Baga est située à la frontière du Niger et du Tchad.
Un conflit qui s'enlise
Les réseaux de téléphonie mobile sont coupés dans la majeure partie de la région depuis le début d'une vaste opération de l'armée, le 15 mai, destinée à mettre fin à l'insurrection sanglante de Boko Haram qui dure depuis quatre ans.
Selon la commission, les soldats impliqués à Baga faisaient partie d'une force multinationale qui réunit le Nigeria, le Niger et le Tchad, mais seuls des soldats nigérians étaient censés intervenir dans cette zone.
Les violences de Baga font partie d'une série d'incidents qui ont poussé le président Goodluck Jonathan à déclarer le 14 mai l'état d'urgence dans trois États situés dans le nord-est du pays, dont celui de Borno, considéré comme le fief historique de Boko Haram, où se trouve Baga.
Depuis, l'armée nigériane affirme avoir repoussé les islamistes, mais cela n'a pu être confirmé de façon indépendante.
Le rapport de la commission fait également état d'accusations d'exécutions sommaires, de torture et de viols.