Les démangeaisons font partie de ces petites choses incontrôlables, qui peuvent apparaître par le seul fait d'y penser. Mais quelle est leur origine? Qu'est-ce qui fait qu'une démangeaison peut surgir sans raison apparente? C'est la question que se sont posé des chercheurs des National Institutes of Health, gigantesque centre de recherche américain.
Les résultats de leurs recherches ont été publiés ce vendredi 24 mai dans la revue Science. L'étude a permis d'isoler une molécule spécifique, produite par les cellules nerveuses, essentielle pour transmettre la sensation d'une démangeaison au cerveau. La confirmation que les démangeaisons ont avant tout une origine psychologique.
Santosh Mishra et Mark Hoon, qui ont mené l'étude, ont examiné les neurotransmetteurs produits par un certain type de neurone, qui sert à transmettre les informations sensorielles provenant de l'environnement extérieur (chaleur, douleur, etc.). Les chercheurs ont observé que l'un de ces neurotransmetteurs, appelé peptide cérébral natriurétique (BNP), était sécrété en excès lorsque l'on administrait aux souris des substances connues pour créer des démangeaisons, telles que l'histamine et la chloroquine.
Pour s'assurer que le BNP jouait réellement un rôle dans les démangeaisons, Santosh Mishra et Mark Hoon ont apporté quelques modifications génétiques aux souris, pour les empêcher de produire ces neurotransmetteurs. Puis ils leur ont administré les fameuses substances provoquant les démangeaisons. les souris génétiquement modifiées ne présentaient aucune réaction. "C'était étrange comme spectacle. Rien ne se passait. Les souris ne se grattaient pas", a déclaré Santosh Mishra.
Deux facteurs en un
Mais il existe un autre facteur, appellé guanylate cyclase, sorte de récepteur neuronal. Situé dans l'épine dorsale, le guanylate cyclase semblait très enclin à recevoir les molécules de BNP lorsque les souris étaient exposées aux substances urticantes.
Ils ont donc ôté ces récepteurs de la colonne vertébrale d'autres souris, qui ont elles aussi arrêté de se gratter. Une réaction qui laisse penser que le guanylate cyclase joue un rôle essentiel dans la transmission des démangeaisons, des nerfs touchant l'épine dorsale jusqu'au cerveau. Cependant, retirer les récepteurs n'a eu aucune incidence sur la transmission de la douleur ou du toûcher. Le guanylate cyclase serait donc en particulier lié à la transmission des démangeaisons.
Voilà qui offre une belle avancée dans la compréhension du mécanisme de la démangeaison, d'autant que le système nerveux de l'Homme est très similaire à celui de la souris. On évoque déjà l'éventualité d'un traitement anti-démangeaisons pour traiter les allergies ou apaiser l'eczéma.
Néanmoins des questions restent en suspens. Les scientifiques ne sont pas encore en mesure d'expliquer l'utilité des démangeaisons dans l'évolution naturelle, même si d'aucuns pensent qu'elles serviraient de défenses contre les insectes et les parasites.
INOLTRE SU HUFFPOST