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Quilles, urinoirs et championnats

Quilles, urinoirs et championnats

Si, à 40 ans, vous dirigez les Bandits de St. Louis et que vos adversaires se nomment les Bobcats de Bismarck et les Brown Bears de Kenai River, on peut déjà vous assurer que vos chances d'être entraîneur-chef dans la Ligue nationale sont minces.

Un texte de Guillaume Lefrançois

Jon Cooper, lui, ne s'est pas arrêté à ça. Et cinq ans après avoir mené les Bandits à leur deuxième championnat de suite de la NAHL, le voici à la tête du Lightning de Tampa Bay, à titre de successeur de Guy Boucher.

« Les gens qui aiment encourager le négligé, rappelle le sympathique Cooper à Radio-Canada Sports, au cours d'une entrevue réalisée plus tôt cette semaine. J'ai participé à des conférences d'entraîneurs mineurs et plusieurs sont venus me dire qu'ils étaient derrière moi. Je suis l'un d'eux, j'ai commencé à l'école secondaire, ensuite au junior B, midget AAA, NAHL, USHL, puis la Ligue américaine! »

Cooper lui-même a encore du mal à y croire. Il faut comprendre que la NAHL est l'équivalent du junior AAA au Canada. Après deux saisons dans ce circuit, il a fait le saut dans l'USHL, comparable aux États-Unis à la LHJMQ. Il y a dirigé les Gamblers de Green Bay de 2008 à 2010, jusqu'à ce que Julien BriseBois, fraîchement embauché comme assistant DG avec le Lightning, le découvre.

« On cherchait un bon communicateur et un enseignant, qui établirait des relations avec ses joueurs qui allaient au-delà de la relation typique coach-joueur, a expliqué BriseBois à Radio-Canada Sports. J'ai parlé à un agent, il m'a dit : je sais qui est cet entraîneur. Je regardais dans l'ECHL, les circuits juniors ou parmi les assistants un peu partout. Mais je ne pensais pas à la USHL. »

« On soulevait la Coupe Clark dans l'ECHL il y a trois ans. Mon fils était né la veille. Et me voici dans la LNH et il n'a pas encore fêté ses trois ans! », lance Cooper, encore incrédule.

Une famille, pas une équipe

« Les gars qui l'ont eu à Syracuse semblent proches de lui. Il rapproche les joueurs et veut qu'on soit une famille, pas une équipe. On doit se tenir ensemble sur la glace et hors glace. »

C'est de cette façon que l'attaquant Ryan Malone décrit son nouvel entraîneur. Et Pierre-Cédric Labrie, lui, a traduit les propos de Malone par un exemple concret.

« Cette semaine, on a joué aux quilles à Winnipeg, a raconté le gros ailier de Baie-Comeau. Au début, on s'est dit : voyons donc! Mais une fois sur place, on réalise que c'est mieux qu'être dans nos chambres chacun de notre bord à écouter la télévision. Et il organise des choses même si on n'est pas dans les séries. D'autres entraîneurs pourraient dire : on se voit au prochain match, je vais vous donner le plan de match. Mais il bâtit déjà pour l'an prochain. »

Un parcours de gagnant

Le charisme de Cooper se sent au premier contact. Quand il s'est présenté devant les médias montréalais après l'entraînement de mercredi, il a pris la parole en premier. « Un joueur m'a dit qu'il me donnerait 100 dollars si je faisais ce point de presse sans mes pantalons. Probablement un joueur qui veut que je sois congédié! »

En plus de ses habiletés sociales, Cooper arrive dans la LNH avec un bagage impressionnant : deux championnats en deux ans dans la NAHL (2007 et 2008), un championnat en USHL (2010) et une conquête de la Coupe Calder (2012), sans oublier cette séquence record de 29 victoires des Admirals de Norfolk la saison dernière.

« Il a gagné plus que 50% du temps. Tu ne peux pas lui demander de gagner chaque année, ça ne se fait pas! », s'exclame Labrie.

Et pour y parvenir, Cooper fait preuve d'ingéniosité.

« L'an passé, une revue nous plaçait avant-derniers dans l'association, raconte Labrie au sujet des Admirals de Norfolk de 2011-2012. Il a découpé le classement dans la revue et l'a collé devant les urinoirs dans le vestiaire. Toute la saison, on avait ce classement dans notre face! »

Ses méthodes ont jusqu'ici fonctionné. En six saisons répertoriées sur le site HockeyDB.com, ses équipes n'ont jamais fait pire qu'une fiche de ,581 (39-26-15). Reste maintenant à voir si sa recette du succès s'appliquera dans la LNH. Car Cooper lui-même le reconnaît, il lui reste du boulot à accomplir même si sa feuille de route est déjà bien remplie.

« Il reste à gagner la Coupe Stanley! »

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