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Des pilotes canadiens et le NPD dénoncent l'embauche d'étrangers

Des pilotes canadiens et le NPD dénoncent l'embauche d'étrangers

Le Nouveau Parti démocratique (NPD) s'inquiète de l'embauche de nombreux pilotes étrangers au Canada, alors que des pilotes canadiens auraient actuellement du mal à se trouver du travail.

Depuis deux ans, des compagnies aériennes ont recours au programme de travailleurs étrangers temporaires (PTET) et à un programme de réciprocité pour embaucher des pilotes, particulièrement en haute saison.

Selon le NPD et les regroupements de pilotes, ces employeurs détournent la fonction première de ces programmes pour éviter de payer la formation spécialisée que doivent suivre les pilotes afin de pouvoir faire voler différents types d'appareil. Le prix de ces cours peut s'élever à plusieurs dizaines de milliers de dollars par pilote, par type d'avion.

Selon le pilote d'Air Transat Gilles Hudicourt, une compagnie aérienne du pays embaucherait actuellement 70 % de ses effectifs à l'étranger. Dans certains cas, les pilotes provenant de l'étranger seraient payés le tiers du salaire des Canadiens.

Résultat : les pilotes canadiens mis à pied n'arrivent plus à se trouver du travail et doivent à leur tour s'expatrier.

Sunwing visé

Alors que cette tendance ne toucherait pas les grandes compagnies aériennes, c'est surtout le transporteur Sunwing qui est visé par le NPD et par les pilotes. Cet hiver, la flotte de Sunwing est passée de 10 à 30 avions et le transporteur a choisi d'engager plus de 200 pilotes étrangers pour combler ses besoins.

Sunwing soutient qu'en hiver, il manque de pilotes canadiens formés pour conduire les Boeing 737 de sa flotte. Pour combler ses besoins, la compagnie doit investir entre 25 000 et 40 000 $ pour former un seul pilote canadien. Elle n'aurait donc pas le choix d'engager des étrangers.

« Imaginez un chirurgien cardiaque qui se présente pour un emploi alors que nous, on cherche un neurochirurgien, et qui nous demande de le former pour opérer au cerveau », explique Mark William, président de Sunwing Airlines. « On veut bien, mais dans les faits, nous, on n'a ni le temps ni les ressources nécessaires pour réaliser toutes ces formations-là », poursuit-il.

Selon le NPD, le gouvernement conservateur ne parvient pas à empêcher que les compagnies abusent ainsi des programmes de travailleurs étrangers.

« On ne devrait pas, comme compagnie canadienne, faire des économies sur le dos de nos pilotes, en n'engageant pas les frais nécessaires pour les former adéquatement pour être capables de faire leur travail », a illustré le porte-parole néo-démocrate en matière de Travail, Alexandre Boulerice.

Pour sa part, le commandant Robert Piché, qui fait partie de la coalition de pilotes contre ces embauches, estime que tout le secteur de l'aviation civile, mais surtout les jeunes pilotes paient pour les choix de Sunwing.

« Quelque part, on se tire un peu dans le pied en ne donnant pas de job à nos plus jeunes qui aspirent à une carrière dans l'aviation et en plus, on permet à une compagnie canadienne d'abuser des programmes gouvernementaux », dénonce-t-il.

Avec des informations de Normand Grondin

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