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La Russie prête à contribuer au sauvetage de Chypre

La Russie prête à contribuer au sauvetage de Chypre

Au lendemain de l'accord intervenu entre Chypre et ses bailleurs de fonds pour le sauvetage financier du pays, la Russie se dit prête lundi à apporter sa contribution au nouveau plan, qui risque de ponctionner lourdement les grandes fortunes placées sur l'île.

L'Union européenne (UE) et le Fonds monétaire international (FMI) se sont entendus dimanche avec Chypre sur un programme pour renflouer les banques du pays. L'entente prévoit de protéger les dépôts assurés de la première banque au pays, la Banque de Chypre, mais elle conduirait à la fermeture de la deuxième banque du pays, Popular Bank of Cyprus, dite Laïki.

Ainsi, les dépôts de moins de 100 000 euros dans cette banque seront transférés à la Banque de Chypre et ils seront garantis. Dans les deux établissements, les dépôts de plus de 100 000 euros, qui ne sont pas assurés suivant les règles de l'Union européenne, seront gelés et serviront en partie à financer le renflouement des banques.

Les déposants non assurés seront mis à contribution. La hauteur du prélèvement sur ces dépôts non assurés doit être déterminée dans les prochaines semaines par les autorités chypriotes et ses créanciers. Mais certaines sources parlent d'un prélèvement pouvant aller jusqu'à 40 %.

Le président russe Vladimir Poutine « estime possible de soutenir les efforts du président de Chypre et de la Commission européenne pour résoudre la crise », a déclaré lundi le porte-parole du Kremlin, Dmitri Peskov, cité par les agences russes.

Le président, a-t-il ajouté, a chargé son gouvernement d'élaborer « les conditions d'une restructuration du crédit » de 2,5 milliards de dollars, accordé par Moscou à Nicosie en 2011, comme le demande Chypre.

Cette réaction tranche avec la colère exprimée par le chef de l'État russe la semaine dernière après un premier accord conclu entre l'UE et Nicosie, élaboré sans concertation avec Moscou.

L'agence Moody's évalue à 19 milliards de dollars les avoirs de sociétés russes à Chypre et à 12 milliards de dollars les avoirs de banques russes dans le pays. Ces sociétés tirent profit du régime fiscal favorable de l'île. Les autorités russes ont fait officiellement de la lutte contre la fuite de capitaux une priorité.

Un plan de sauvetage qui ne règle pas tout

Même si un accord est intervenu dimanche, plusieurs inconnues demeurent quant à l'avenir économique du pays et aux conséquences pour le reste de la zone euro.

Plusieurs commentateurs ne cachaient pas leur pessimisme sur l'avenir de l'économie chypriote qui va se retrouver « privée de crédit ». « Elle va fondre rapidement et ce sera très douloureux pour ses concitoyens », estime ainsi Robert Peston, spécialiste des questions financières à la BBC.

Tout en saluant l'accord, la présidente de la commission des Affaires économiques et monétaires du Parlement européen, Sharon Bowles, a reconnu qu'il y aurait « des effets négatifs sur les entreprises et l'économie qui, en plus de la perte des revenus bancaires, auront besoin d'un soutien urgent ».

« Cela va être très dur pour l'économie chypriote, car elle dépend du secteur bancaire et d'une manière de faire de la banque » en attirant des capitaux étrangers à des conditions très avantageuses, a reconnu un responsable européen s'exprimant sous couvert d'anonymat. « Ce modèle est fini. Et comme le secteur du tourisme dépend du secteur bancaire [...]. Il va falloir aider les Chypriotes à se réinventer économiquement », a poursuivi ce responsable.

Le « soi-disant » sauvetage de Chypre va également peser sur les populations des pays de la zone euro les plus fortement endettés, a fait encore remarquer M. Peston. « À un moment donné, les populations des pays de la zone euro en difficulté vont commencer à se demander s'il est juste de payer cette note salée pour préserver l'euro ».

Certains observateurs se demandent si d'autres crises semblables risquent de se produire ailleurs dans la zone euro.

Selon un récent rapport du FMI, les banques slovènes ont en portefeuille quelque 7 milliards d'euros de mauvaises créances, somme qui représente 20 % du produit intérieur brut (PIB) du pays, une proportion telle qu'elle alimente régulièrement les spéculations disant que la Slovénie devra à son tour se tourner vers une aide internationale.

Réactions positives des instances internationales

La directrice générale du FMI, Christine Lagarde, a salué l'accord, estimant qu'il s'agit d'un « plan complet et crédible » portant sur le coeur du problème de l'île, son système bancaire.

Selon le chef de file de l'Eurogroupe, Jeroen Dijsselbloem, l'accord « met fin aux incertitudes affectant Chypre et la zone euro ».

« Ce sera très difficile pour le pays » mais la Commission européenne « fera tout son possible pour alléger les conséquences sociales » de ce plan, a pour sa part assuré le commissaire européen aux Affaires économiques, Olli Rehn.

Après avoir réagi positivement à l'accord, les marchés boursiers se sont ensuite repliés. En fin d'après-midi, les bourses de Paris, Francfort et Londres affichaient des pertes allant de 0,1 % à 0,3 %. L'indice Nikkei de la Bourse de Tokyo a terminé la séance de lundi avec une hausse de 1,69 %. Du côté nord-américain, les bourses affichaient aussi de légères pertes en mi-journée.

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