Les Autochtones qui déménagent à Joliette, dans Lanaudière, éprouvent des difficultés à se trouver des logements. Plusieurs d'entre eux se disent victimes de racisme et de discrimination.
La situation est telle que certains doivent vivre à plusieurs dans un même appartement ou encore accepter des logements délabrés.
« Il y a des gens qui sont racistes », lance Yannick Dubé, un Atikamekw qui a cherché un appartement pendant six mois l'an dernier.
« À chaque fois que je faisais une rencontre face à face avec le propriétaire, ça devenait plus compliqué parce que la première expression qu'ils disent : ''T'es Autochtone, toi'' », raconte-t-il.
De plus en plus d'Autochtones quittent la réserve de Manawan dans l'espoir d'améliorer leur sort. Mais une fois à Joliette, ils font face à une autre réalité, celle des propriétaires blancs.
Rosalia Petiquey, une mère de famille, doit se battre pour trouver un logement. « Un moment donné, j'ai dû dormir dehors pendant quelques jours, pendant que je tentais de me trouver un logement », dit-elle.
Pourtant, ce ne sont pas les logements qui manquent à Joliette, où 4 % des appartements sont à louer. C'est plus que la moyenne québécoise.
Alain Ratelle, un propriétaire d'immeubles, ne s'en cache pas : les Autochtones ne sont pas toujours les bienvenus à Joliette.
« J'en connais qui refusent catégoriquement [un logement] non seulement [pour] les Atikamekws, mais également [pour] tous les immigrants », témoigne-t-il.
L'explication du maire
À l'hôtel de ville de Joliette, le maire René Laurin affirme qu'« il y a une certaine phobie, de peur de l'étranger, de l'inconnu. Ce n'est pas particulier à Joliette, c'est pareil dans tous les milieux qui reçoivent des étrangers ».
Selon le maire, les Autochtones « ont aussi souvent une mauvaise réputation de vie sociale. Plusieurs s'adonnent à l'alcool d'autres à certaines drogues. Alors, cette réputation les suit ».
« Il faut faire attention pour ne pas victimiser ces gens-là. C'est ça le danger », fait remarquer M. Laurin.
« C'est vraiment dégradant »
Résultat : les Autochtones, comme Rosalia, se retrouvent souvent dans des logements délabrés.
Pour avoir un toit, Rosalia, qui est mère de trois enfants, a dû accepter de vivre dans un logement sans eau courante qu'elle paie 590 $ par mois.
« Pour tirer ma chaîne, il faut que je mette de l'eau dans ma chaudière pis ça part », explique-t-elle.
« C'est vraiment dégradant pour une personne de ne pas être capable de se trouver un logement pour ses enfants, pis lui offrir une stabilité, un lieu. »
Les Autochtones ont tellement de difficulté à se trouver un logement à Joliette que plusieurs d'entre eux décident de s'installer à Trois-Rivières ou encore de retourner dans leur communauté.
Un reportage de Jean-Philippe Robillard
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