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États-Unis: Rand Paul fait un discours de 13 heures au sénat (VIDÉOS)

Il fait un discours de 13 heures au sénat américain

ÉTATS-UNIS - La tempête de neige n'a pas frappé Washington comme prévu mercredi mais un autre événement a pris le Capitole par surprise: un discours de plus de près de 13 heures du sénateur Rand Paul.

Debout dans un hémicycle quasi-vide, le républicain, héros de la frange libertaire du parti, proteste contre le manque de transparence de l'administration de Barack Obama autour du programme secret d'assassinats ciblés par drones, et l'utilisation éventuelle de ceux-ci sur le territoire américain.

Et pour cela, le sénat lui offre la plus efficace des plateformes. Le règlement permet en effet aux orateurs de garder la parole jusqu'à épuisement, même si les 99 autres sénateurs souhaitent la lui couper... Pour l'interrompre, les démocrates doivent déposer une motion qui leur permettra, deux jours après, d'organiser un vote où 60 voix sur 100 seront alors nécessaires.

A 11h47 (heure de Washington) mercredi matin, Rand Paul annonce: "Je me lève aujourd'hui pour commencer l'obstruction de la nomination de John Brennan à la CIA. Je parlerai jusqu'à ce que je ne puisse plus parler". Treize heures plus tard, il terminait enfin son discours fleuve.

» Voir la vidéo de fin de discours en haut de l'article

Un gros classeur à anneaux posé sur son pupitre, il lit des notes, des articles de Wired.com, des Post-It: un long flot de paroles entrecoupé de réflexions improvisées et forcément répétées.

» Voici deux vidéos de son discours, les "heure 3" et "heure 4" :

Le marathon verbal fait partie du folklore sénatorial. En 2010, Bernie Sanders a discouru huit heures et demi contre des baisses d'impôts. Rien, en comparaison du détenteur du record, Strom Thurmond, qui défendit la ségrégation raciale pendant... 24 heures et 18 minutes en 1957.

Pirate politique

Après cinq heures de discours, avec tout Washington pendu aux lèvres du sénateur, le chef de la majorité démocrate, Harry Reid, tente un compromis: encore 90 minutes de débat, puis un vote. "J'objecte", annonce Rand Paul. "On terminera demain", répond Harry Reid.

"Je suis là pour attirer l'attention sur un principe constitutionnel, pour pousser l'administration à admettre publiquement qu'ils ne tueront pas d'Américains qui ne sont pas combattants", poursuit Rand Paul, dont le coup d'éclat se répercute à la télévision et sur Twitter (#StandWithRand).

Il exige une lettre de Barack Obama confirmant que l'exécutif n'a pas le pouvoir d'ordonner une frappe par drone sur le sol américain contre un Américain "dans un café à San Franciso ou un restaurant à Houston", sans procès.

"Allez-vous, dans le Bureau ovale, passer en revue des fiches avec des photos d'Américains et décider qui va mourir et qui va vivre?"

Héros sur Twitter

Le matin, le ministre de la Justice Eric Holder a répondu lors d'une audition que des frappes de drones aux Etats-Unis étaient en théorie possibles dans des circonstances "extraordinaires" comme le 11-Septembre. Et l'Américain dans un café? "Je ne pense pas que ce soit une utilisation appropriée de la force létale", a-t-il répondu, rechignant à la déclarer anticonstitutionnelle.

Sur Twitter et internet, le sénateur devient un héros des conservateurs pour sa révolte. Une quinzaine de collègues le rejoignent dans l'hémicyle pour lui poser des questions, en fait une façon détournée de lui accorder quelques minutes de répit. Mais Rand Paul s'interdit de boire, et il n'a pas le droit de s'asseoir ou d'aller aux toilettes, au risque de perdre la parole.

A 0h39, après presque 13 heures de discours, c'est finalement sa vessie qui le pousse à abandonner. "J'ai découvert qu'il y avait certaines limites à l'obstruction, dont je vais devoir m'occuper dans quelques minutes".

Applaudissements. Rand Paul aura propulsé le débat sur les drones à la Une. Aux journalistes qui l'attendent dans le Capitole déserté, il dit que la Maison blanche s'est même engagée à lui répondre jeudi matin, avant de confier: "J'ai mal aux jambes, j'ai mal aux pieds, j'ai mal partout".

Quant à John Brennan, sa confirmation aura lieu au plus tard samedi, ont annoncé les démocrates.

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