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Relaxviews : Carlo Petrini, "Ça suffit les étiquettes mensongères !"

Relaxviews : Carlo Petrini, "Ça suffit les étiquettes mensongères !"

Dans une série exclusive pour Relaxnews, Carlo Petrini, l'initiateur du mouvement "slow food" dévoile chaque mois son point de vue sur notre alimentation. Au lendemain du scandale sur la viande de cheval qui continue d'agiter l'Europe et met à mal la confiance des consommateurs, il revient sur cette controverse et n'a pas de mots assez durs contre les décideurs et les consommateurs.

Ça suffit les étiquettes mensongères ! Le scandale de la viande de cheval trouvée dans les pâtes se répand dans toute l'Europe. Il montre que le système de traçabilité européen fonctionne en cas d'urgence, lorsqu'on doit retirer du commerce des produits qui causent des risques pour la santé, mais ne fonctionne pas quand il s'agit d'informer les consommateurs sur ce que contient la nourriture qu'ils achètent, quels sont les ingrédients et de quelle façon ils ont été travaillés.

Les étiquettes sont mensongères ou, dans le meilleur des cas, manquent d'informations. Pourquoi ? Mais parce que si je pouvais lire sur l'étiquette qu'un plat contient des ingrédients cultivés aux quatre coins du monde, ou par exemple qu'il a été cuit dans une usine et emballé à des milliers de kilomètres de là, je pourrais probablement me douter de la qualité de ce produit. Pourtant, c'est ce qui arrive à la plupart des aliments à haut niveau de transformation, ce que les Américains appellent "processed food".

Et voici que les lobbies entrent en scène à Bruxelles et entravent toute réglementation qui permettrait aux consommateurs de disposer d'informations claires et complètes sur l'étiquette, sous prétexte des obstacles à la libre concurrence ou au libre-échange...

Le Parlement européen est plein de champions de la défense du libre marché, prêts à protester dès que quelqu'un demande des étiquettes détaillées ou propose de déclarer obligatoirement l'origine des matières premières.

Nous ne pouvons plus accepter un système qui dévalorise les aliments traditionnels, artisanaux, biologiques, fermiers en les qualifiant de "niche élitiste" et qui par contre favorise des lasagnes à la viande d'origine inconnue.

Nous devons demander à nos décideurs politiques de se battre pour un système plus équitable et transparent, avec des étiquettes complètes et plus de garanties.

Mais surtout, nous, les consommateurs, nous devons ouvrir les yeux, choisir avec conscience, poser des questions et comprendre que chaque achat est un vote pour un système alimentaire plutôt que pour un autre ; qu'il y a tout à gagner en s'approvisionnant localement chez les paysans dès que possible ; et qu'il vaut mieux laisser tomber les plats préparés et recommencer à faire la cuisine, toute simple et pas chère.

Quand Carlo Petrini s'est dressé contre McDonald's dans les années 80 afin de stopper l'implantation d'un fast-food à Rome, peu ont pensé que cette prise de position allait devenir immensément populaire au point de trouver de fervents adeptes dans plus 150 pays dans le monde. Cette protestation a initié l'un des principaux mouvements contestataires contre la malbouffe, le Slow Food, qui privilégie la nourriture traditionnelle, régionale et à visée environnementale.

vs/ls

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