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Marcil dément avoir été contraint de démissionner de la Ville

Marcil dément avoir été contraint de démissionner de la Ville

Un texte de François Messier

EN DIRECT - Interrogé par le procureur en chef adjoint Denis Gallant, Robert Marcil refuse d'admettre qu'il a démissionné de son poste de patron de la réalisation des travaux à la Ville de Montréal en juin 2009 notamment parce que Giuseppe Borsellino l'avait invité tous frais payés en Italie.

Il dément en outre avoir déjà reçu de l'argent de quiconque pour influencer les résultats de comité de sélection, comme l'a allégué le PDG de la firme de génie-conseil Genius le mois dernier. Il soutient que Lalonde a menti pour se venger à son endroit.

Robert Marcil affirme qu'il n'avait pas l'intention de quitter son poste lorsqu'il a été convoqué par des gens du service du capital humain et le contrôleur général de la Ville de Montréal pour s'expliquer sur son voyage en Italie avec le propriétaire de Garnier Construction en octobre 2008 et lui demander des preuves qu'il avait lui-même payé ses factures.

L'ingénieur soutient plutôt que s'il a présenté sa démission le lendemain, c'est parce qu'une « occasion était offerte par l'industrie privée » au groupe SM. cette firme de génie-conseil le sollicitait depuis deux ans, a-t-il dit, et des discussions plus sérieuses étaient en cours depuis plusieurs mois.

Il répète que lors de cette rencontre, jamais on ne lui a dit qu'on le soupçonnait de recevoir des pots-de-vin. Il reconnaît cependant que le contrôleur Pierre Reid lui-même lui avait alors proposé de démissionner, mais reste flou sur cet aspect.

Questionné une fois encore sur ses échanges PIN avec Giuseppe Borsellino sur un contrat à venir au printemps 2009 et dont la Ville était au courant, il soutient qu'il n'est pas sûr que le fait d'avoir transmis à l'entrepreneur cette information aurait pu lui coûter son poste comme le soutient Me Gallant. Il souligne, pour appuyer son hypothèse, que ces choses se passaient déjà avant son arrivée à la Ville.

Mardi, le procureur Gallant lui a présenté un tableau compilant des messages PIN que l'ex-haut fonctionnaire a envoyés à Giuseppe Borsellino à partir du téléphone cellulaire que lui fournissait la Ville de Montréal. La commission a obtenu les données de l'escouade Marteau, qui les avait elle-même reçues de la Ville de Montréal.

L'un de ces messages montre que le grand patron de Construction Garnier a écrit à Robert Marcil le 1er mai 2009 pour savoir si un important contrat allait bientôt être lancé par la Ville. Le directeur des travaux publics lui a répondu qu'un contrat de 15 millions de dollars lié au chantier du CUSM allait être lancé bientôt.

Le 1er juin 2009, Joe Borsellino le relance au sujet de l'ouverture des soumissions pour ce contrat. Robert Marcil lui répond: « Probablement dans un mois ». Selon le témoin, il était question de travaux de réfection des infrastructures situés autour de l'université.

Le procureur Gallant avait précédemment fait ressortir que Robert Marcil avait joué un rôle dans l'octroi d'un important contrat à Garnier Construction à l'été 2007 pour des travaux d'urgence sur la rue Sherbrooke, près du parc Lafontaine. Garnier a été payé un peu plus de 5 millions de dollars pour ce contrat, accordé de gré à gré.

Selon le procureur Gallant, lors de sa rencontre avec la Ville en juin 2009, Robert Marcil avait aussi été interrogé au sujet de ce contrat et sur le fait que sa maison avait été construite sur un terrain que lui avait vendu le groupe Petra, dirigé par un autre Joe Borsellino.

Robert Marcil avait affirmé plus tôt qu'il ne transmettait aucune information spécifique aux entrepreneurs au sujet des soumissions publiques à venir. Il arguait qu'il se contentait de leur donner un aperçu général des travaux que la Ville envisageait d'effectuer au cours de l'année. Il s'agissait de projets issus du programme triennal d'immobilisation, faisait valoir Robert Marcil, qui assimilait le tout à de l'information publique.

Marcil nie avoir tenté d'influencer les comités de sélection

Robert Marcil a aussi été longuement interrogé mercredi sur son influence alléguée auprès des comités de sélection. Il nie avoir reçu 2000 $ du PDG de la firme de génie-conseil Genius Michel Lalonde pour influencer les résultats d'un comité de sélection. « M. Lalonde n'a pas dit la vérité », soutient-il.

L'ex-patron à la réalisation des travaux publics nie de façon générale qu'on pouvait influencer les comités de sélection de la Ville avec de l'argent. Et contrairement à la commission, il ne trouve pas surprenant qu'un homme qui occupait un poste aussi élevé à la Ville ait siégé à 17 comités de sélection.

La commissaire Charbonneau a soulevé le fait que Robert Marcil siégeait de plus en plus souvent à de tels comités à compter de 2007-2008, alors que ses responsabilités venaient pourtant d'augmenter. Le témoin a soutenu qu'il considérait que cela faisait partie de son travail, mais qu'il aurait probablement demandé à être appelé moins souvent s'il avait pousuivi sa carrière à la Ville.

Robert Marcil soutient qu'en fait, si M. Lalonde a fait des allégations à son endroit devant la commission, c'est qu'il a refusé de se joindre à Genius et qu'avec SM, il a conquis des territoires de la banlieue nord de Montréal que Genius Conseil considérait comme siens.

« Vous vous donnez beaucoup d'importance », lui a répondu le commissaire Renaud Lachance.

L'ingénieur Michel Lalonde a raconté le mois dernier que des propos tenus par Bernard Trépanier l'ont porté à croire que M. Marcil avait la capacité d'influencer les comités de sélection dans le sens voulu par les firmes de génie collusionnaires.

Michel Lalonde avait préalablement expliqué que Bernard Trépanier et lui répartissaient les grands contrats d'infrastructures à venir entre diverses firmes de génie. Celle qui était désignée pour l'emporter devait verser 3% à Union Montréal. Les comités de sélection devaient cependant avaliser ce choix.

M. Marcil a nié tout aussi avoir discuté avec M. Trépanier de répartitions de contrats entre firmes.

Robert Marcil a aussi été invité à cinq reprises au club privé 357c par l'entrepreneur en construction Paolo Catania de Frank Catania et associés entre le 11 décembre 2006 et le 11 septembre 2008.

Depuis le début de son témoignage, lundi après-midi, Robert Marcil ne cesse de répéter qu'il ignorait tout de la collusion et de la corruption qui gangrénaient l'octroi et la gestion des contrats de construction de la métropole. Il dit avoir appris le tout en écoutant les travaux de la commission Charbonneau.

La commission a cependant clairement démontré mardi que l'ingénieur entretenait d'étroites relations avec tous les acteurs clés qui usaient de ces stratagèmes illégaux dans les années 2000, dont une douzaine d'entrepreneurs en construction, le PDG de Genius, Michel Lalonde, et l'ex-argentier d'Union Montréal, Bernard Trépanier.

François Messier et Bernard Leduc

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