Cet article fait partie des archives en ligne du HuffPost Québec, qui a fermé ses portes en 2021.

Cheval : une fraude européenne tentaculaire aux origines encore floues

Cheval : une fraude européenne tentaculaire aux origines encore floues

Plus d'un mois après la découverte par les autorités britanniques de viande de cheval dans des steaks hachés censés être du boeuf, que sait-on de cette fraude massive qui touche de nombreux acteurs de l'agroalimentaire dans pratiquement toute l'Europe? Le point sur l'affaire.

Q. Quels produits sont concernés par la fraude ?

R. La fraude concerne des produits préparés, surgelés ou en conserve, censés être à base de viande de boeuf hachée: lasagnes, ravioli, hachis parmentier... mais aussi sauce bolognaise ou pizzas. Côté marques, Findus, Nestlé (Buitoni et Davigel), Iglo, Panzani, Ikéa, Picard et les marques de distributeurs des principales enseignes ont procédé à des retraits de produit.

Selon les autorités françaises, plus de 4,5 millions de produits frauduleux ont été vendus dans 13 pays européens à au moins 28 entreprises.

Pour le moment, les seuls cas de steak haché contenant du cheval ont été découverts en Grande-Bretagne, où le scandale s'est étendu à la restauration.

Q. Quel danger pour le consommateur ?

R. Manger du cheval ne présente pas de danger pour la santé. Parallèlement à la fraude et sans lien avec l'affaire, le ministère de l'Agriculture a indiqué que trois carcasses de cheval contenant des traces de phénylbutazone, antidouleur proscrit dans l'alimentation, avaient été écoulées sur le marché français, mais là encore, sans risque pour la santé, selon le ministre.

Q. Quels pays sont touchés ?

R. Des traces de cheval dans des produits au boeuf ont été trouvées dans tous les pays d'Europe, à l'exception de la Grèce et des Balkans. Au travers des exportations de Findus et Ikéa, des produits frauduleux ont été retrouvés à Hong-Kong et aux Antilles. La Russie a aussi retrouvé des produits faussement étiquetés. Des tests ADN et des contrôles sont toujours en cours en Europe.

Parallèlement, l'UE a demandé à ses membres de procéder à 4.000 contrôles pour détecter la présence éventuelle de phénylbutazone.

Q. Qui est responsable ?

R. Entre le champ et l'assiette, la viande passe par un grand nombre d'intermédiaires dans plusieurs pays, d'où la difficulté de désigner des responsables. S'agit-il d'une filière organisée et mafieuse, comme l'ont évoqué plusieurs acteurs ou d'actes frauduleux isolés? Plusieurs saisies, perquisitions et interpellations ont déjà eu lieu et au niveau européen, les enquêtes judiciaires en cours sont coordonnées par Europol.

Les autorités françaises ont retracé un premier circuit impliquant du cheval roumain passé par des négociants néerlandais et chypriote, revendu à la PME française Spanghero, elle-même fournisseur du français Comigel, sous-traitant de Findus et de nombreux distributeurs.

Spanghero s'est vu dans un premier temps retirer son agrément sanitaire, qui a été partiellement rétabli. L'enquête est toujours en cours sur les activités de négoce, auxquelles la société a mis un terme.

Une autre piste mène vers les négociants néerlandais Draap Trading LTD, dirigé par Jan Fasen et basé à Chypre, et Meat Trading, dirigé par Hans Windmeijer, qui ont fourni à la fois Spanghero et Panzani (via Gel Alpes), et déjà condamnés pour fraude à l'étiquetage en 2012, selon plusieurs médias.

Q. Pourquoi cette fraude à l'étiquette?

R. Selon les professionnels, le minerai (viande agglomérée) de cheval est 25 à 30% moins cher que celui de boeuf. Le ministre français de la Consommation a estimé que la fraude aurait permis de rapporter plus de 300.000 euros.

"On gagne beaucoup d'argent et c'est beaucoup moins dangereux d'aller faire des trafics dans l'alimentaire que dans la drogue", a de son côté assuré le secrétaire général du groupe Carrefour.

Ces pratiques ont également permis d'absorber des parts de marché, selon un fournisseur français qui a révélé, sous couvert de l'anonymat, que certains de ses concurrents, aujourd'hui au coeur du scandale, ont pu à un moment "casser les prix". "On ne savait pas comment ils faisaient", a-t-il ajouté.

bur-sr/fz/df

Close
Cet article fait partie des archives en ligne du HuffPost Canada, qui ont fermé en 2021. Si vous avez des questions ou des préoccupations, veuillez consulter notre FAQ ou contacter support@huffpost.com.