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Avec "Cosi fan tutte", Michael Haneke à l'opéra de Madrid

Avec "Cosi fan tutte", Michael Haneke à l'opéra de Madrid

Avec "Cosi fan tutte" de Mozart, dont la première est attendue samedi sur la scène du Teatro Real de Madrid, le réalisateur autrichien Michael Haneke signe sa seconde incursion dans le monde de l'opéra, tout en rêvant d'une statuette à la cérémonie des Oscars de dimanche.

Jouant de la lumière, mêlant esthétique du dix-huitième siècle aux costumes et accessoires de notre époque, Michael Haneke, 69 ans, a créé pour cet opéra-culte de véritables tableaux sur scène.

Sélectionnés après plus de cent auditions, les artistes réinterprètent cette épineuse histoire de trahisons et de valses de partenaires aux échos très actuels, née de l'imagination du génie de Salzbourg et du librettiste italien Lorenzo Da Ponte.

Michael Haneke guide le spectateur entre la pénombre de la nuit, pour les scènes de manipulation, et une lumière éclatante pour les moments heureux partagés entre amoureux.

"Vouloir reproduire la réalité historique pure est une illusion", expliquait le metteur en scène avant la répétition générale organisée au Teatro Real, jeudi. "Nous ne savons pas exactement comment était l'opéra à la fin du XVIIIe siècle. Nous n'avons que des images des derniers 70 ou 80 ans: c'est un devoir de transposer l'œuvre au présent."

Avec dix représentations prévues jusqu'au 17 mars, "Cosi fan tutte" marque la seconde, et sans doute, dernière expérience avec l'opéra de ce cinéaste de renom, après le montage couronné de succès du "Don Giovanni" de Mozart à Paris.

"Ce sera en principe la dernière que je vais monter", a affirmé Michael Haneke, précisant qu'il désirait "recommencer à écrire des scénarios, retourner à ma profession, au cinéma".

Le réalisateur autrichien n'assistera d'ailleurs pas à la première, puisqu’il sera en route pour Hollywood. Dimanche, son film "Amour", Palme d'or à Cannes, est en lice pour remporter cinq Oscars, dont ceux de meilleur film et de meilleur réalisateur.

"J'aimerais tous les remporter", a lancé en riant Michael Haneke, avant de retrouver son sérieux: "Je serais content avec n'importe lequel" des Oscars, "je croise les doigts".

"Amour", un film franco-autrichien interprété par deux légendes du cinéma français, Jean-Louis Trintignant, 81 ans, et Emmanuelle Riva, 85 ans, raconte la difficile vieillesse d'un couple confronté à la maladie et à la perte d'autonomie de l'épouse.

Déjà décoré du prix du meilleur film étranger aux Golden Globes, le 13 janvier, il est nommé dans dix catégories aux Césars du cinéma français, décernés ce vendredi.

"Je suis plus nerveux quand je fais du cinéma que quand je fais de l'opéra", avait confié le réalisateur mercredi, "et aujourd'hui encore plus, avant les Oscars."

Timide lorsque ses acteurs lui ont demandé de monter sur scène, jeudi, Michael Haneke a suivi la générale assis dans le public. La veille, il affirmait humblement que les opéras de Mozart "condamnaient à l'échec" les metteurs en scène.

Il signe au Teatro Real un spectacle où deux époques se mêlent, comme dans cette scène de soirée dans une riche demeure, où certains des invités sont vêtus de costumes du dix-huitième tandis que d'autres sont à la mode d'aujourd'hui ou parlent avec leurs téléphones portables.

Le cynique Don Alfonso, incarné par le baryton-basse William Shimell, désarçonne deux jeunes officiers, Ferrando, interprété par le ténor Juan Francisco Gatell, et Guglielmo, par Andreas Wolf, en leur affirmant que leurs promises, Dorabella et Fiordiligi, peuvent, comme toutes les femmes, succomber aux tentations de l'amour.

Convaincus de la fidélité de leurs fiancées, la soprano allemande Anett Fritcsh et la mezzosoprano italienne Paola Gardina, les deux hommes acceptent de monter un piège imaginé par Don Alfonso et la servante Despina pour lui prouver qu'il se trompe.

Sur scène se créent de véritables tableaux vivants, comme dans le premier acte, lorsque, debout, Don Alfonso est vêtu d'un costume d'époque bleu avec à ses pieds les deux jeunes filles, Dorabella en tailleur et pantalon noir et Fiordiligi en robe rouge.

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