Cet article fait partie des archives en ligne du HuffPost Québec, qui a fermé ses portes en 2021.

Accidents: la majorité des constats de décès se feront bientôt par téléphone

Accidents: la majorité des constats de décès se feront bientôt par téléphone
Shutterstock

MONTRÉAL - La majorité des constats de décès au terme d'accidents violents survenus au Québec se feront bientôt... par téléphone.

La nouvelle façon de faire est déjà en vigueur dans certaines régions du Québec, et elle sera étendue à l'ensemble de la province dans les prochains 18 mois, sauf à Montréal et à Laval, qui disposent d'un système différent.

Le protocole élaboré par le ministère de la Santé, le Bureau du coroner et le Collège des médecins vise à libérer les ambulanciers-paramédics le plus rapidement possible après un appel et à dispenser les médecins pour qu'ils puissent se concentrer sur leurs patients également.

Déjà, dans la région administrative de Chaudière-Appalaches, au Bas-Saint-Laurent et au Saguenay-Lac-Saint-Jean, le nouveau processus fait en sorte qu'en cas de mort apparente, les ambulanciers-paramédics transmettent certaines données par téléphone à une unité de service autorisée à constater le décès à distance. À moins qu'un coroner ne s'y oppose, le corps est ensuite pris en charge par une maison funéraire, tandis qu'auparavant, les ambulanciers-paramédics devaient obligatoirement l'amener à l'hôpital, où le personnel d'urgence gérait le décès.

Fini, donc, «le travail de transporteur funéraire» pour les ambulanciers, se félicite Jean-François Saint-Gelais, porte-parole de l'Agence de la santé et des services sociaux du Saguenay-Lac-Saint-Jean. Pour lui, il était aussi incohérent de demander aux ambulanciers de transporter les corps qu'il ne le serait d'exiger à un médecin de descendre une victime à la morgue «pendant que des gens sur les étages, en vie, attendent des services».

Pour l'instant, la seule Unité de coordination clinique autorisée à constater des décès à distance se trouve à l'Hôtel-Dieu de Lévis. Les constats de décès en lien avec des accidents survenus dans l'est du Québec y sont effectués. Au ministère de la Santé, la directrice médicale nationale des services préhospitaliers d'urgence, Colette Lachaîne, annonce toutefois qu'une unité semblable doit être mise sur pied pour assurer le même genre de services pour l'Ouest du Québec. Les deux prochaines régions à utiliser le protocole devraient être l'Estrie et Québec, où les discussions vont bon train.

En vertu du code civil, les ambulanciers-paramédics ne peuvent pas constater un décès; seuls les médecins le peuvent. Quant aux maisons funéraires, elles agiront selon le nouveau protocole en tant que contractant auprès du Bureau du coroner, qui veillera à une certaine équité dans l'attribution des contrats. «On parle de contrats pré-établis. Ça ira plus rapidement», assure la porte-parole Geneviève Guilbeault.

À la Corporation des thanatologues du Québec, la directrice générale, Nathalie Samson, souligne que cette nouvelle méthode de travail pourrait influencer la facture des familles endeuillées. «Là, ce sera des tarifs d'entreprises privées, prévient-elle. Ça pourra être moins, ça pourra être plus, mais ce sera différent, ça c'est sûr.» Au Québec, un transport ambulancier coûte aux usagers 125 $, plus 1,75 $ par kilomètre parcouru.

Mme Samson évoque également des craintes liées à la santé et à la sécurité de ses membres. «Disons qu'il faille se rendre sur les lieux d'un accident de voiture. Auparavant, c'était les ambulanciers qui dégageaient les corps et qui les amenaient à l'hôpital. Maintenant, c'est les thanatologues. Or nous ne sommes pas formés pour ça.» Elle assure néanmoins qu'aucun événement fâcheux ne lui a été rapporté depuis la mise en place du protocole.

En vigueur depuis deux ans dans la région administrative de Chaudière-Appalaches, le protocole a été implanté en juin 2011 dans le Bas-Saint-Laurent et en novembre 2012 au Saguenay-Lac-Saint-Jean. Si l'arrimage demande quelques ajustements, il semble néanmoins que la nouvelle méthode soit bien accueillie, et c'est peut-être parce qu'elle était fort attendue.

«C'est quelque chose sur lequel on travaille depuis 15 à 20 ans, note Mme Lachaîne. Il faut que nos ambulances soient disponibles pour s'occuper des vivants. On n'est pas efficaces quand on fait le transport des personnes décédées.»

Close
Cet article fait partie des archives en ligne du HuffPost Canada, qui ont fermé en 2021. Si vous avez des questions ou des préoccupations, veuillez consulter notre FAQ ou contacter support@huffpost.com.