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L'hygiène douteuse des chambres d'hôtel

L'hygiène douteuse des chambres d'hôtel
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Les chambres d'hôtel au Canada sont-elles propres? Une équipe de l'émission Marketplace du réseau anglais de Radio-Canada s'est attaquée à cette question. Avec l'aide du microbiologiste Keith Warriner, de l'Université Guelph, elle a effectué une série de tests dans 18 hôtels de trois grandes villes canadiennes (voir l'encadré Méthodologie).

Tous les hôtels ont obtenu des résultats préoccupants, quel que soit le prix qu'il en coûte pour y séjourner. En utilisant un ATP-mètre, un appareil qui mesure la contamination biologique des surfaces, on a constaté des niveaux de malpropreté élevés sur de nombreux objets : robinet, télécommande, siège des toilettes, couvertures, etc. Au sommet du palmarès trônent le couvre-lit, les robinets et la télécommande.

Dans tous les hôtels, on a trouvé des coliformes sur l'une ou l'autre des surfaces avec lesquelles les clients peuvent être en contact, et qui auraient dû être nettoyées. Ces bactéries sont des indicateurs de contamination fécale.

Nous avons montré ces résultats à la microbiologiste Solange Lévesque, présidente de la société Airmax Environnement, spécialisée dans les analyses de qualité de l'air. Selon elle, il s'agit clairement de déficiences dans le nettoyage.

« Ce n'est pas normal après le nettoyage d'avoir la présence de coliformes un peu partout, dit-elle. Un simple nettoyage à l'eau chaude et au savon va enlever une bonne partie de toutes les bactéries. Dans la salle de bain, où on trouve la source principale de coliformes, on devrait faire une désinfection, avec des produits nettoyants qui vont vraiment éliminer ces bactéries-là. »

Tous les hôtels hébergeaient également des bactéries résistantes aux antibiotiques sur des objets qui auraient dû être propres. Dans 13 des 18 hôtels, il y avait notamment des Staphylococcus aureus résistants à la méthicilline (SARM). Cette bactérie est très répandue et peut causer des infections cutanées chez les personnes dont le système immunitaire est affaibli (personnes traitées pour le cancer, femmes enceintes, enfants, personnes âgées, etc.) ou dont la peau est blessée. Le fait que la bactérie soit résistante aux antibiotiques ne la rend pas plus infectieuse, mais réduit l'éventail des traitements disponibles.

Dans deux hôtels, on a détecté la bactérie Clostridium difficile. Chez les personnes dont l'immunité est affaiblie, cette bactérie peut causer de graves diarrhées.

Conseils pour les voyageurs

La microbiologiste Solange Lévesque donne des conseils aux personnes qui vont à l'hôtel et qui souhaitent réduire leur exposition aux bactéries :

  • Le lavage des mains est toujours de rigueur, en particulier dans un environnement qu'on soupçonne d'être contaminé;
  • L'utilisation de lingettes nettoyantes ou encore d'eau et de savon permet d'éliminer une bonne partie des bactéries;
  • Pour une véritable désinfection, il faut utiliser un nettoyant à base d'alcool, comme ceux qui sont distribués dans différents lieux publics.

Les révélations de la caméra cachée

L'équipe de Marketplace a aussi installé des caméras cachées dans des chambres d'hôtel pour filmer la façon dont on y fait le ménage. Certaines scènes sont troublantes.

Au Super 8 de Toronto, on voit une femme de chambre marcher à plusieurs reprises avec ses chaussures sur des couvertures et un couvre-lit posés par terre.

À Toronto, on a filmé des femmes de chambre du Holiday Inn et de l'Econo Lodge qui, après avoir lavé les toilettes, utilisent le même chiffon ou la même brosse pour nettoyer les robinets de la salle de bain.

Le porte-parole de Choice Hotels, chaîne propriétaire d'Econo Lodge, Tim Oldfield, se dit déçu de ces résultats. « Nos directives d'entretien ménager disent très clairement que cette pratique est inacceptable », dit-il. La chaîne, qui fonctionne par franchises, pourrait devoir revoir ses méthodes d'entretien, concède-t-il.

Selon le microbiologiste Keith Warriner, qui a réalisé l'étude pour le réseau anglais, ces façons de faire pourraient expliquer les taux élevés de coliformes observés à certains endroits.

De son côté, la microbiologiste Solange Lévesque insiste sur la nécessité d'adopter de bonnes techniques de nettoyage. « Ce serait mieux de ne pas nettoyer que de nettoyer avec un linge sale, dit-elle. C'est vraiment l'ordre dans lequel le nettoyage est fait qui va être un gage de réussite. Il faut toujours commencer par les endroits les moins susceptibles d'avoir des contaminants et on finit par les endroits les plus à risque. »

Réaction des hôteliers

La direction de l'hôtel Fairmont Reine Élizabeth de Montréal et celle de l'hôtel Best Western Ville-Marie ont réagi à cette enquête par courriel. Les deux affirment que leurs employés suivent un programme de formation exhaustif qui comprend régulièrement des mises à niveau.

De son côté, l'Association des hôtels du Canada a demandé à tous ses membres de revoir les procédures et les pratiques de nettoyage. Elle ajoute qu'elle a été « extrêmement déçue » par l'enquête de Marketplace.

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