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Union Montréal attaque la crédibilité et la réputation de Martin Dumont

Union Montréal tente de miner sa crédibilité
PC

À la commission Charbonneau, l'avocat d'Union Montréal s'en est pris à la réputation de l'ex-organisateur politique Martin Dumont. Les tactiques qu'il a déployé dans ce but lui ont valu des réprimandes de la commissaire France Charbonneau et du procureur Denis Gallant. Le contre-interrogatoire de M. Dumont a pris fin vers 14 h 15 pour laisser place à celui de l'ingénieur Luc Leclerc.

Double comptabilité et coffre-fort : Dumont maintient sa version

Lors de son contre-interrogatoire, Me Michel Dorval a notamment soulevé que Martin Dumont avait été réprimandé pour avoir consulté des sites adultes pendant « d'innombrables heures » lorsqu'il était conseiller spécial du maire Gérald Tremblay (2001-2004).

Dumont a reconnu avoir consulté de tels sites, mais a démenti que cela était fréquent. Il a plaidé qu'il avait offert sa démission au directeur général du parti, mais qu'elle avait été refusée. Le fait qu'il soit resté à l'emploi du parti ensuite montre selon lui que le parti lui faisait toujours confiance.

La commission Charbonneau a réprimandé Me Dorval pour sa référence aux « innombrables heures » de visionnement et lui a demandé s'il s'agissait d'insinuations ou d'informations vérifiées.

Le procureur de la commission Denis Gallant est aussi sorti de ses gonds. Il a rappelé à la commissaire Charbonneau qu'elle pouvait mettre un terme à un contre-interrogatoire si elle est juge qu'il « n'est pas pertinent [...], qu'il est abusif ou vexatoire ».

« Je pense qu'on charrie », a plaidé Me Gallant.

Me Dorval a fait valoir que le ton de son contre-interrogatoire était « respectueux », et qu'il agissait de la sorte parce que la commission doit juger de la crédibilité du témoin, qui se présente comme un homme intègre.

La commissaire Charbonneau a rétorqué qu'il aurait dû se satisfaire de la réponse du témoin selon laquelle il avait offert sa démission, et qu'il était inutile d'ajouter que cela avait pu se produire pendant « d'innombrables heures ».

Me Dorval a finalement demandé un ajournement hâtif de l'audience, que la commissaire lui a accordé. Il n'a pas poursuivi en après-midi.

L'avocat d'Union Montréal avait précédemment soulevé que Martin Dumont avait été accusé de vol à l'étalage lorsqu'il travaillait dans un supermarché à la fin des années 90.

Le témoin a admis qu'il avait reconnu sa culpabilité dans cette affaire, survenu dans un contexte psychologique précis, mais qu'il avait reçu une absolution inconditionnelle.

Il a ajouté que le maire Tremblay était au courant de cette affaire lorsqu'il est devenu son conseiller spécial en 2001, et que tout cela ne lui a pas nui quand il a été soumis à une enquête de sécurité effectuée par le gouvernement fédéral en 2007.

Lors d'un échange avec la commissaire Charbonneau, qui s'interrogeait quant à la pertinence de cette affaire, l'avocat a avancé que M. Dumont avait volé de la nourriture pour l'amener au local électoral de Jacques Duchesneau.

Le témoin a noté que cette allégation n'avait ni queue ni tête puisqu'il avait reconnu sa culpabilité en novembre 1999, soit un an après les élections municipales de 1998.

La commissaire Charbonneau a ensuite ajouté à l'intention de Me Dorval : « ce n'était pas correct ce que vous venez de faire ».

Des révélations intactes et des chèques qui soulèvent des questions

La crédibilité du témoignage de M. Dumont au sujet de la double comptabilité que pratiquait le parti du maire Tremblay lors d'élections municipales partielles organisées en décembre 2004 n'a pas été attaquée par Me Dorval.

Martin Dumont a aussi maintenu sa version sur le coffre-fort bourré d'argent dans le bureau de l'argentier du parti, Bernard Trépanier.

Le contre-interrogatoire de l'avocat d'Union Montréal a d'abord permis de relever d'apparentes contradictions dans le témoignage du témoin, avant que des questions posées par le commissaire Renaud Lachance à la fin du témoignage de M. Dumont ne jettent cette fois un doute sur une partie de ce même contre-interrogatoire.

Martin Dumont avait été questionné par Me Dorval sur une activité de financement tenue le 13 mai 2004 au club St-Denis au profit du comité du Non en vue de la campagne sur les défusions.

L'avocat du parti de Gérald Tremblay a notamment présenté au témoin une liste d'une trentaine de chèques qui auraient été remis lors de l'activité de financement tenue au club St-Denis.

Les montants des chèques variaient grandement, allant de quelques centaines à 10 000 $. Plusieurs chèques venaient d'élus ou de particuliers, tandis que d'autres avaient été remis par des entreprises.

Or, comme l'a fait ressortir le commissaire Lachance, les chèques présentés par Me Dorval n'étaient pas nécessairement ceux de participants à l'événement au club St-Denis. Il s'agissait généralement de chèques donnés pour le comité Montréal pour le non. Me Dorval soutient que ce n'est pas ce qu'il a prétendu.

M. Dumont dit aussi que de façon générale il était écrit sur le chèque ce pour quoi il était émis.

En évoquant cet évènement, lundi, Martin Dumont avait souligné qu'une quinzaine de chèques de 10 000 $ avaient été faits au nom de l'Union des citoyens et des citoyennes de l'île de Montréal (UCCIM), notamment par des entrepreneurs en construction.

Il avait dit que son travail lors de cette réunion consistait spécifiquement à vérifier que les chèques étaient bel et bien faits au nom de l'UCCIM. Devant les questions de Me Dorval, il a admis mercredi matin qu'il avait pu se tromper là-dessus.

Martin Dumont avait aussi dit être allé lui-même chercher un chèque chez Construction Garnier après la tenue de l'évènement. Or, aucun chèque au nom de cette firme n'a été présenté au témoin par Me Dorval.

L'ex-organisateur d'Union Montréal avait en outre soutenu que la rencontre était secrète, et qu'aucun billet n'avait été imprimé pour l'occasion.

Un peu plus tôt, Martin Dumont a admis qu'il avait erré en précisant que la campagne pour les élections partielles dans l'arrondissement Ville Saint-Laurent en 2004 avait duré 30 jours.

La campagne pour ces scrutins tenus le 20 décembre avait en fait commencé le 24 octobre, avec la publication des brefs, a relevé Me Dorval. L'avocat d'Union Montréal s'est étonné que M. Dumont ait fait erreur à ce sujet, alors qu'il était organisateur en chef.

Me Dorval a aussi suggéré que les dépenses autorisées pour ces deux partielles municipales pourraient avoir été le double de celles mentionnées par M. Dumont.

Le témoin a maintenu l'essentiel de sa version à ce sujet, mais a dû concéder que le plafond des dépenses électorales pour ces campagnes était de 52 000 $, et non de 46 000 $, comme il l'avait dit hier. « La nuit a porté conseil », a-t-il dit pour justifier cette erreur.

Me Michel Dorval a aussi avancé que le témoin avait pu servir de prête-nom lorsqu'il a brigué les suffrages pour le parti Nouveau Montréal de Jacques Duchesneau en 1998. Le témoin a nié avec vigueur et a dit avoir été blanchi par le directeur général des élections à ce sujet.

Le maire Tremblay savait qu'il y avait une double comptabilité

Martin Dumont a révélé mardi matin que le maire Tremblay avait été informé que son parti avait tenu une double comptabilité lors d'élections partielles organisées dans l'arrondissement Saint-Laurent en décembre 2004.

Il dit avoir appris cette information lors d'une rencontre qu'il a eue avec l'agent officiel du parti Marc Deschamps et le maire Tremblay environ deux semaines avant le scrutin. M. Dumont avait demandé cette rencontre en raison d'inquiétudes sur le financement de la campagne.

« À cette rencontre là, dans mon bureau et à portes fermées, en bon français j'ai pété une coche », a raconté le témoin. « J'ai dit : "je ne sais pas ce qui se passe, vous ne me mettez pas au courant du financement, il y a des téléphonistes que je sais rémunérées qui ne se présentent même pas à moi, mais directement à M. Trépanier [...] Je veux savoir ce qui se passe, est-ce qu'on [...] risque de dépasser le budget électoral?'' »

« Quand M. Deschamps a sorti la feuille [...], c'est à ce moment que le maire de Montréal Gérald Tremblay s'est levé et a dit : "moi j'ai pas à savoir ça". Il a quitté, il est parti et il a fermé la porte en sortant », a raconté M. Dumont.

En contre-interrogatoire, Me Dorval a indiqué au témoin qu'une des colonnes sur la feuille de M. Deschamps comprenait en fait les dépenses préélectorales, et qu'il ne s'agissait pas d'une double comptabilité. Le témoin a maintenu sa version sans broncher.

Plus tôt en après-midi, Me Dorval avait déclaré aux journalistes que Martin Dumont avait mal compris ce qui s'était passé, et qu'il souhaitait que la commission entende des témoins qu'il propose afin de rétablir la « probité » du maire.

L'avocat d'Union Montréal a formellement demandé à la commission d'appeler à la barre des témoins le contrôleur et l'agent officiel du parti, ainsi que le maire Tremblay lui-même. La commission devra se prononcer à ce sujet.

L'argent comptant coulait à flot dans le bureau de Trépanier

L'ex-organisateur politique a aussi raconté à la juge France Charbonneau comment d'importantes sommes d'argent comptant étaient versées secrètement dans les caisses du parti Union Montréal.

M. Dumont a par ailleurs relaté que l'entrepreneur Nicolo Milioto, de Mivela Construction, avait insisté pour lui remettre une importante somme d'argent en liquide, destinée à Bernard Trépanier, dans une salle de toilette en novembre 2004, lors d'un événement dans l'arrondissement Mercier-Hochelaga-Maisonneuve.

Selon Martin Dumont, l'argent coulait à flot dans les bureaux de l'argentier d'Union Montréal, Bernard Trépanier, dans les mois qui ont précédé l'élection municipale de 2005.

Menaces et intimidation

L'ex-organisateur du parti a aussi révélé avoir été menacé de mort par l'entrepreneur en construction Nicolo Milioto, en juin 2007.

M. Dumont, qui était, à cette époque, chef de cabinet du maire de l'arrondissement de Rivière-des-Prairies-Pointe-aux-Trembles, rencontrait alors Nicolo Milioto parce qu'il s'interrogeait sur le montant anormalement élevé d'un contrat accordé à Mivela Construction.

Selon les déclarations de Martin Dumont, c'est à ce moment que Nicolo Milioto lui aurait expliqué que les fondations de ses trottoirs étaient « très épaisses et profondes » avant d'ajouter : « faudrait pas que tu te retrouves dans mes fondations de trottoirs ».

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