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Thon rouge : les stocks augmentent, mais les experts restent prudents

Thon rouge : les stocks augmentent, mais les experts restent prudents

La population de thons rouges dans l'Atlantique Est et la Méditerranée est en augmentation, et l'objectif de reconstitution des stocks fixé pour 2022 pourrait être atteint avant, estime le comité scientifique de la Commission internationale pour la conservation des thonidés de l'Atlantique (ICCAT).

Cependant, il souligne les fortes incertitudes qui pèsent sur cette évaluation provisoire et recommande de ne pas augmenter les quotas de pêche de thon rouge.

Le rapport du comité sera examiné lors de la 18e réunion extraordinaire de l'ICCAT du 12 au 19 novembre à Agadir, au Maroc.

À cette occasion, les gouvernements devraient fixer de nouveaux quotas de capture. Pour 2011 et 2012, ces quotas - ou TAC, pour totaux admissibles de captures - ont été fixés à 12 900 tonnes pour l'Atlantique Est et la Méditerranée et à 1750 tonnes pour les thons rouges du golfe de Mexique.

Cependant, c'est dans l'Atlantique Est et en Méditerranée que se livre la bataille la plus serrée entre les pêcheurs et l'ICCAT autour des quotas. Les prises de thon rouge, dopées par la forte demande japonaise, ont augmenté brutalement au milieu des années 90, atteignant 50 000 tonnes par an, et ce, jusqu'en 2007, malgré la fixation de quotas autour de 30 000 tonnes par an.

Ce n'est qu'en 2010 que l'ICCAT, suivant les recommandations de son comité scientifique, a baissé les TAC à un niveau nettement plus bas, inférieur à 13 000 tonnes par an. Une politique qui aurait donc porté ses fruits. « En 2010 déjà, nous observions des signes positifs », indique Jean-Marc Fromentin, chercheur à la station de l'Ifremer de Sète et membre du comité scientifique de l'ICCAT.

« Nous sommes en dessous du seuil de surpêche et la tendance à la reconstitution est fiable. Cependant, sa vitesse est peut-être surestimée et son amplitude n'est pas connue avec précision. Il y a encore trop d'incertitudes sur ces deux points. Il faut donc rester prudent et maintenir le plan de gestion des stocks de thon rouge. Nous préconisons, de maintenir des quotas plutôt bas, autour de 13 500 tonnes », poursuit le chercheur.

De son côté, le Pew Environment Group, une ONG qui fait partie des observateurs au sein de l'ICCAT, craint que ces bons résultats incitent à moins de rigueur sur les quotas. « L'industrie fait pression et veut s'en servir pour faire remonter les quotas », estime Rémi Parmentier, conseiller pour le Pew.

Il insiste sur une incertitude majeure qui pèse sur le rapport du comité scientifique de l'ICCAT: la non prise en compte de la pêche illégale. « Nous avons soumis au comité une étude menée à l'Université de Barcelone qui évalue à 112 000 tonnes la différence entre les prises de thon rouge et les quantités présentes sur le marché entre 2005 et 2011 », poursuit Rémi Parmentier.

Au nom du Pew, il demande la mise en place pour la campagne de pêche prochaine du contrôle électronique des prises décidé en 2010 par l'ICCAT. « Entre 1998 et 2007, nous avons entré dans nos modèles les données de la pêche illicite, explique Jean-Marc Fromentin. Cependant, depuis cette date nous n'avons pas été capables de détecter les captures illégales, faute de systèmes assez performants. Nous pensons aujourd'hui qu'elles ont baissé, mais nous ne savons pas à quel niveau elles se situent ».

D'autres incertitudes conduisent les chercheurs à la plus grande prudence, notamment les difficultés pour évaluer la capacité de renouvellement d'une population de thons, ou pour connaître la taille exacte des poissons capturés. Ce rapport n'est que provisoire : le comité scientifique de l'ICCAT prépare un rapport définitif sur l'évaluation des stocks de thon rouge pour 2015.

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