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Attaque contre une brigade à Benghazi : quatre morts

Attaque contre une brigade à Benghazi : quatre morts

Alors que des milliers de Libyens ont défilé pacifiquement dans la rue vendredi pour réclamer le démantèlement des puissantes milices du pays, des combats entre une brigade d'ex-rebelles et des manifestants armés ont fait quatre morts et 20 blessés à Benghazi, en Libye, selon un bilan de l'hôpital al-Hawari.

Les manifestants opposés aux milices se sont attaqués au quartier général de la brigade de Raf Allah al-Sahati, un groupe islamiste mais qui est sous l'autorités du ministère de la Défense. Les combats à l'arme lègère et aux roquettes ont duré deux heures.

Plus tôt, des centaines de manifestants ont délogé le principal groupe salafiste de son quartier général, qui a été pillé et incendié.

L'attaque contre le consulat des États-Unis à Benghazi, le 11 septembre dernier, à laquelle au moins une milice aurait participé, a provoqué la colère de nombreux Libyens contre les multiples factions armées qui pullulent depuis des mois dans les différentes villes du pays.

Les milices sont devenues plus puissantes que les forces armées régulières, et les autorités qui dirigent le pays depuis la chute de Mouammar Kadhafi, l'an dernier, ont été incapables de les désarmer jusqu'à maintenant.

Les milices, héritage des « brigades révolutionnaires » qui ont combattu le régime de Kadhafi pendant la guerre civile, assument certaines fonctions de sécurité, notamment la protection des bâtiments de l'État et des quartiers. Elles sont toutefois accusées de se comporter comme des gangs criminels en arrêtant des citoyens, en intimidant leurs opposants et en s'affrontant dans les rues.

Vendredi, les autorités libyennes ont tenté de calmer le jeu, appelant les manifestants à faire la différence entre les brigades « illégitimes » et celles qui sont sous l'autorité de l'État.

30 000 Libyens dans la rue

Une manifestation vendredi a par ailleurs réuni quelque 30 000 personnes à Benghazi. Elle visait particulièrement la milice Ansar al-Chariah, un regroupement d'islamistes qui aurait participé à l'attaque contre le consulat des États-Unis, selon des responsables libyens et des témoins, et qu'elle a délogé de sa caserne. Le groupe est aussi accusé d'avoir attaqué des musulmans qui ne suivent pas son interprétation stricte de l'islam.

« Non, non, non aux milices », scandait la foule en marchant le long d'un large boulevard de Benghazi. Les manifestants portaient des bannières demandant le démantèlement des milices et la mise sur pied d'une police gouvernementale pour maintenir la sécurité.

« Benghazi est dans un piège », disait une affiche. « Où est l'armée, où est la police? » D'autres affiches déploraient la mort de l'ambassadeur américain Chris Stevens. « L'ambassadeur était l'ami de la Libye », « La Libye a perdu un ami », pouvait-on lire.

La foule s'est ensuite rassemblée sur une place située devant le principal camp d'Ansar al-Chariah dans la ville, déployant un grand drapeau libyen et scandant « Avec notre vie et notre âme, nous te sauverons Benghazi ». Des hélicoptères militaires et des avions de combat survolaient la zone, alors que des policiers s'étaient mêlés à la foule.

Plusieurs milliers de partisans de la milice se sont alignés devant le camp face à la foule en agitant des bannières noir et blanc, mais il n'y a pas eu de violences entre les deux groupes de manifestants.

Les milices, héritage de l'après-Kadhafi

Les milices ont d'abord fait leur apparition à Benghazi et dans l'est du pays quand les Libyens ont commencé à se soulever contre le régime de Kadhafi, l'an dernier. Des civils ont formé des brigades locales et pris les armes pour combattre les forces du régime. Pendant la guerre civile qui a suivi, d'autres milices se sont formées à travers le pays.

Depuis la chute du régime, les milices sont restées en place et ont pris de la force grâce à leur arsenal d'armes automatiques, de grenades propulsées par des fusées, de mitrailleuses et de camionnettes.

La plupart n'ont pas d'idéologie particulière, mais certaines sont de tendance islamiste. Leur force a été mise en évidence lors de l'attaque du 11 septembre contre le consulat des États-Unis à Benghazi.

Selon les autorités libyennes, des hommes lourdement armés, probablement des miliciens, se sont mêlés à la foule de civils qui manifestaient contre le film islamophobe devant le consulat américain. Les forces de sécurité présentes sur les lieux se sont retirées parce qu'elles étaient dépassées en nombre et en armes par les miliciens.

Le gouvernement libyen est toujours incapable de convaincre les milices de se démanteler ou de s'intégrer à l'armée régulière, qui reste sous financée et faible. Plusieurs critiques estiment que les autorités ont alimenté la croissance des milices avec un programme qui paie les miliciens pour qu'ils se joignent à un conseil parrainé par l'État, mais qui en fait peu pour les forcer à se soumettre au contrôle du gouvernement.

L'attaque du consulat était un acte « terroriste »

C'est une attaque « terroriste » qui a coûté la vie à l'ambassadeur des États-Unis en Libye, Christopher Stevens, et à trois autres Américains au consulat de Benghazi, a déclaré vendredi la secrétaire d'État américaine, Hillary Clinton.

« Les États-Unis ne ménageront pas leurs efforts pour retrouver les « terroristes » et les traduire en justice, a-t-elle affirmé.

De hauts responsables américains avaient expliqué que Washington soupçonnait un attentat perpétré à l'occasion de l'anniversaire des attentats du 11 septembre 2001, et non une manifestation spontanée contre le film islamophobe L'innocence des musulmans.

Al-Qaïda dans la péninsule arabique (AQPA), la branche yéménite du réseau terroriste, avait affirmé le 15 septembre que l'attaque visait à venger la mort, plus tôt cette année, du numéro 2 d'Al-Qaïda, Abou Yahia al-Libi. AQPA n'a toutefois pas revendiqué l'attentat.

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