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Plaidoyer pour des livres à prix unique

Plaidoyer pour des livres à prix unique

L'industrie québécoise du livre attend beaucoup de la prochaine session parlementaire à Québec. Elle espère en effet que l'Assemblée nationale adopte rapidement une nouvelle législation qui obligerait tous les détaillants de livres à vendre les nouveautés au prix établi par l'éditeur au cours des neuf mois suivants leur parution, pour ensuite laisser le marché fixer son propre prix.

En campagne électorale, en août, l'industrie avait réclamé que le Québec se dote d'une telle réglementation afin de protéger les petits libraires des importants rabais consentis aux consommateurs par les magasins à grande surface. Comme tous les partis politiques ont laissé entendre qu'ils étaient favorables à l'idée, l'industrie du livre espère maintenant que le dénouement ne se fera pas attendre.

« Nos espoirs c'est de réussir, comme au Mexique, une unanimité de tous les partis sur la question lorsqu'il a été temps de légiférer. Comme tous les partis sont favorables, cela pourrait être un des premiers projets de loi à être adopté », indique Pascal Chamaillard, président de l'Association des distributeurs exclusifs de livres en langue française.

En effet, le Mexique, membre de l'ALENA, a déjà légiféré en ce sens afin de stabiliser la situation de son industrie littéraire. La France a de son côté été la première à le faire, il y a une trentaine d'années, suivie par plusieurs autres pays européens, dont l'Allemagne. Même chose en Asie pour le Japon et la Corée du Sud.

Pascal Chamaillard n'hésite pas à dire que dans les pays de l'OCDE qui n'ont pas encore adopté une telle législation, « on constate une hécatombe dans le milieu de la librairie causée par les acteurs non traditionnels qui se livrent à des guerres de prix. Ce qui fait qu'on se retrouve avec le quart des librairies qui ont disparu en Grande-Bretagne au cours des dernières années. L'an dernier en Australie, la plus grosse chaîne de librairies a fait faillite. Elle avait plus du quart du marché en Australie. [...] Une ville de 140 000 habitants qui n'a pas de librairie, est-ce que c'est ça qu'on veut? », s'interroge-t-elle.

Éditeur au Groupe Ville-Marie Littérature, Martin Balthazar pense lui aussi que la nouvelle législation est essentielle à une industrie du livre qui est saine autant d'un point de vue économique que culturel.

« Je pense que le prix fixe est une nécessité au Québec pour protéger le nombre de points de vente et pour garantir une production éditoriale qui reste riche et diversifiée. [...] Si tout le monde achète ses livres à prix cassés ou à prix très agressifs dans une chaîne, le libraire du coin qui est obligé de tenir un assortiment beaucoup plus important, qui est obligé d'avoir du personnel-conseil sur le plancher ne pourra pas compétitionner avec ce genre de prix », dit-il.

Selon le ministère de la Culture du Québec, l'industrie du livre serait la première industrie culturelle en importance dans la province. Elle emploie 12 000 personnes et génère près de 800 millions de dollars annuellement.

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