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Le cauchemar de 2004, prise 2

Le cauchemar de 2004, prise 2

C'est maintenant officiel, la Ligue nationale de hockey est en lock-out.

Tel que l'annonce depuis plusieurs semaines le commissaire de la LNH, Gary Bettman, la ligue a été plongée dans un arrêt de travail à minuit, samedi, puisqu'aucune entente n'a été conclue entre les joueurs et la ligue. La convention collective prenait fin samedi soir.

« La ligue, les équipes et les joueurs doivent agir pour résoudre nos enjeux de façon appropriée lors des négociations et pour que la rondelle soit mise en jeu le plus tôt possible. Nous nous le devons mutuellement, nous le devons au jeu, et plus que tout, aux partisans », a écrit la LNH dans un message envoyé aux 30 équipes.

La LNH est donc frappée par un troisième arrêt de travail sous le règne de Bettman. Celui de 1994-1995 avait écourté la saison à 48 matchs, tandis que celui d'il y a huit ans avait forcé l'annulation de la saison et des séries éliminatoires 2004-2005.

Le lock-out de 2004-2005 avait pour principal enjeu l'imposition d'un plafond salarial, une condition que les propriétaires avaient finalement réussi à faire accepter aux joueurs.

Cette fois, l'enjeu principal tourne autour des « questions économiques centrales », un euphémisme souvent utilisé par Bettman pour parler du partage des revenus totaux de la ligue entre joueurs et propriétaires. Les joueurs en obtiennent actuellement 57 %, une part jugée démesurée par le commissaire.

La LNH propose donc que cette part passe à 49 % l'an prochain, à 48 % en 2013-2014, et à 47 % lors des trois saisons suivantes. Si l'augmentation de revenus projetée par la ligue est respectée, les revenus des joueurs en dollars continueront à augmenter, sauf entre la saison dernière et la campagne 2012-2013.

Les joueurs proposent quant à eux une diminution à 54,3 % l'an prochain. Cette portion passerait dans les 52 % lors des quatre saisons suivantes.

Or, la LNH a bénéficié, depuis l'arrêt de travail de 2004-2005, d'une période de croissance phénoménale, le tout malgré la morosité économique aux États-Unis. Les revenus de la ligue se chiffrent désormais à 3,3 milliards de dollars, une hausse d'environ 50 % depuis le lock-out.

Dans ce contexte, plusieurs se demandent comment la ligue peut affirmer qu'elle ne peut pas continuer à opérer dans un système qui lui a valu de tels revenus.

Fini, le long terme

Les autres enjeux sont plus diffus, mais l'existence du plafond salarial représente un des rares points d'entente entre les deux camps. Le reste des négociations ressemble toutefois à un dialogue de sourds, si on se fie aux propos tenus par Bettman et son vis-à-vis, Donald Fehr.

D'un côté, les joueurs insistent sur leur vision d'un système de partage des revenus afin d'aider davantage les marchés plus faibles de la LNH. De l'autre côté, les propriétaires souhaiteraient, selon les échos, une réduction draconienne de la durée des contrats (maximum de cinq ans) et un accès plus restreint à l'autonomie complète.

La bataille de l'unité

Le noeud du problème est que la manne financière ne profite pas à parts égales à toutes les équipes. Les sept formations canadiennes, de même que les grands marchés américains font généralement de bonnes affaires. Mais les marchés de hockey moins traditionnels peinent à joindre les deux bouts.

Les joueurs souhaitent visiblement exploiter ce filon en proposant leur propre système de partage des revenus.

Cet aspect et celui de la durée maximale des contrats pourraient théoriquement représenter des éléments de discorde entre propriétaires. Nombreux sont ceux qui soulignent l'incongruité des contrats à long terme accordés par certaines équipes, qui vont bien au-delà de cinq ans.

Mais les deux parties y ont chacune été de démonstrations d'unité. Les joueurs l'ont fait à New York cette semaine, avec la participation de 283 des leurs aux diverses réunions. Leur présence aux côtés de Fehr à pratiquement chaque point de presse est un autre symbole.

Du côté de la ligue, Bettman a indiqué jeudi que les 30 propriétaires avaient voté à l'unanimité pour un lock-out.

Reste à voir combien de temps cette unité durera de part et d'autre. Bettman et Fehr seront-ils assez convaincants pour que leurs mandants renoncent à des millions de dollars pendant que les arénas demeurent vides?

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