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Pour une politique québécoise de lutte contre le suicide

Pour une politique québécoise de lutte contre le suicide

La lutte contre le suicide a connu un franc succès au Québec entre 1999 et 2006, selon l'Association québécoise de prévention du suicide (AQPS), mais elle stagne depuis.

L'organisme québécois profite du 10e anniversaire de la journée internationale de prévention du suicide pour tenter de mobiliser le gouvernement et la société civile.

Le Québec est la province la plus touchée par le suicide au Canada, selon l'AQPS, et Montréal, Laval de même que la Côte-Nord sont les régions les plus durement frappées par le phénomène.

Le directeur général de l'AQPS, Bruno Marchand, estime qu'il y a un facteur culturel qui explique cette situation. Il souligne que la communauté anglophone et les immigrants en général sont moins enclins à considérer le suicide comme une option.

Les immigrants importent leur taux de suicide, mais ils tendent à se rapprocher de celui des Québécois à leur contact, avance M. Marchand. « On sait qu'à peu près vers la troisième génération, ils sont pratiquement au même taux que celui des Québécois, évidemment dépendamment des cultures », précise-t-il. Il explique que les Québécois sont devenus tolérants face au suicide, qui était un tabou dans les années 1980 et 1990.

« Et, malheureusement, c'est devenu une option. C'est devenu une façon de mettre fin à la souffrance, alors que dans d'autres pays, c'est inacceptable de penser que le suicide peut être une option », poursuit M. Marchand.

Une politique gouvernementale réclamée

Le directeur général de l'AQPS estime que la lutte contre le suicide manque d'ardeur au Québec. En comparaison, M. Marchand estime que les morts sur les routes sont davantage publicisés et suscitent la réflexion sur la sécurité routière. « [...] Les efforts concertés en cette matière ont permis de réduire de façon significative les pertes de vie sur les routes au cours des dernières années », soutient M. Marchand qui évoque le bilan routier de la fin de semaine de la fête du Travail (huit morts dans des accidents de la route) pour illustrer son propos.

« Or, pendant la même fin de semaine, le suicide nous a fait perdre davantage d'êtres chers, soit neuf décès, selon les statistiques. C'est pourquoi il devient urgent d'investir autant d'efforts dans la prévention de ce fléau », souligne-t-il.

M. Marchand rappelle que le Parti québécois a confirmé sa volonté de « relancer une véritable stratégie de prévention du suicide en vue d'aider la population à détecter la détresse psychologique et les pensées suicidaires ». Il salue l'engagement du parti qui a remporté les dernières élections générales. Il affirme que la lutte contre le suicide doit inclure la mobilisation de nombreux acteurs sous la direction du gouvernement.

Le gouvernement devrait commencer par documenter le phénomène, selon M. Marchand, qui soutient que peu de données sont comptabilisées localement dans le réseau de la santé. « On a besoin d'avoir plus d'intervenants, plus d'intervenants formés, avoir de l'intervention en ligne - présentement sur Internet c'est plus facile de trouver des moyens de se suicider que de trouver des moyens d'être aidé », explique-t-il.

Le milieu de travail doit en faire davantage de prévention, poursuit le directeur général de l'AQPS. « Nous avons besoin d'avoir des sentinelles, des vigies, des gens qui, comme dans le cas du RCR [Réanimation cardio-respiratoire - une formation en réanimation cardio-respiratoire], sont capables de dire: "tu ne vas pas bien, je ne suis pas un expert, mais parce que je connais les signes, je suis capable de te référer." »

À l'échelle mondiale, il y aurait un million de suicides par année alors qu'au Québec il y aurait quelque trois décès par jour. Ce sont 1068 personnes qui se sont enlevé la vie au Québec en 2009, endeuillant chacune 10 personnes en moyenne.

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