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La campagne en 12 temps

La campagne en 12 temps

Un texte de Sophie-Hélène Lebeuf

Une pluie d'engagements totalisant des milliards de dollars, un nombre record de débats, un plaidoyer pour le vote stratégique - ou pour le respect de ses convictions -, des messages martelés encore et encore, des attaques personnelles, quelques phrases choc ainsi que des centaines de milliers de tweets : autant d'épisodes qui auront marqué cette campagne de 34 jours à l'issue toujours incertaine.

Retour sur 12 moments forts, qui ne sont bien sûr pas exhaustifs, en attendant le moment décisif.

1er août : les Québécois iront aux urnes le 4 septembre

Le premier ministre Jean Charest demande au lieutenant-gouverneur de dissoudre le Parlement. « La rue a fait beaucoup de bruit. C'est maintenant au tour des Québécois de parler et de trancher cette question », dit le chef libéral au sujet du conflit étudiant. Un thème, croit-on, qui sera mis de l'avant au cours de cette campagne estivale. Plusieurs doutent d'ailleurs de l'intérêt des électeurs en plein été. On a eu tort au sujet des deux affirmations.

3 août : la CAQ promet un médecin de famille à tous les Québécois

Le chef de la Coalition avenir Québec, François Legault, et celui qu'il présente comme son futur ministre de la Santé, le Dr Gaétan Barrette (président de la Fédération des médecins spécialistes du Québec), s'engagent à permettre à chaque Québécois d'avoir accès à un médecin de famille dans la première année d'un mandat caquiste. Une promesse aussitôt jugée irréaliste par ses adversaires. Mais ce jour-là, la nouvelle est éclipsée par l'arrivée prochaine d'un certain candidat pressenti...

5 août : Jacques Duchesneau, candidat-vedette de la CAQ

C'est officiel : l'ancien directeur de l'Unité anticollusion défendra les couleurs de la Coalition avenir Québec dans Saint-Jérôme, plaçant du coup l'intégrité au coeur de la campagne. Présenté par François Legault comme « l'Elliot Ness québécois », il serait son vice-premier ministre. Ce qui l'a incité à se lancer en politique? Le fait que Jean Charest se soit donné 8/10 dans la lutte anticorruption, dit-il. En début de campagne, quelques-unes de ses déclarations ont toutefois obligé son chef à rectifier le tir à quelques reprises.

8 août : François Legault voterait non (mais ne serait pas dans le camp du non)

Alors qu'il fait campagne auprès d'électeurs anglophones de l'ouest de l'île de Montréal, François Legault déclare qu'il voterait non lors d'un éventuel référendum sur la souveraineté. Quelques heures plus tôt, il a reçu l'appui de l'ex-chef du défunt Parti égalité, Robert Libman, ardent défenseur des droits des anglophones. Le chef de la CAQ dira ensuite qu'il refuserait d'être dans le camp du non. « Je ne défendrai ni l'unité canadienne, ni la souveraineté », assure-t-il, ajoutant qu'il se battra pour éviter un référendum. Martelant qu'il n'est « pas fiable », Jean Charest lance que l'ex-ministre péquiste pourrait lui-même tenir un référendum. Si le chef libéral l'accuse d'être souverainiste et que Pauline Marois l'accuse d'être fédéraliste, le principal intéressé se définit comme un « nationaliste ».

La CAQ veut faire le grand ménage

La plateforme de la CAQ prévoit imposer à la fonction publique et aux sociétés d'État un « effort de rationalisation majeur des dépenses ». En tout, 7000 postes, dont 4000 à Hydro-Québec seulement, seraient éliminés, et les commissions scolaires et les agences de santé, abolies. « Notre objectif, ce n'est pas de faire une bataille avec les syndicats », assure-t-il, même si ceux-ci ne voient pas la chose du même oeil. Par son « dégraissage », le chef caquiste se défend de vouloir supprimer des postes, puisque, explique-t-il, ce sont 4000 des 6000 employés qui prendront leur retraite volontaire d'ici 2015 qui ne seront pas remplacés. Jean Charest et Pauline Marois l'accusent tous deux de vouloir se battre contre les jeunes, les médecins de famille, les agences de santé, les commissions scolaires, les syndicats, les travailleurs d'Hydro-Québec.... Ils le presseront aussi de divulguer les études sur lesquelles il dit se baser pour justifier son idée de comprimer les dépenses d'Hydro-Québec de 600 millions de dollars.

14 août : les accommodements raisonnables font un retour

Pauline Marois remet le thème des accommodements raisonnables à l'avant-plan en promettant de faire adopter une charte de la laïcité dans les services publics et parapublics. À ses côtés, la candidate dans Trois-Rivières, Djemila Benhabib, admet qu'elle est toujours en faveur du retrait du crucifix de l'Assemblée nationale, un élément qui n'est cependant pas prévu dans la charte. Le maire de Saguenay, Jean Tremblay, s'indigne : « C'est pas la charte comme telle. C'est de voir une personne - je ne suis même pas capable de prononcer son nom - d'Algérie, qui ne connaît pas notre culture, mais c'est elle qui va dicter les règles. »

16 août : un vote pour la CAQ est un vote pour le PQ, dit Jean Charest

Le chef libéral appelle les électeurs tentés de voter pour la CAQ à se rallier aux libéraux pour empêcher le Parti québécois de prendre le pouvoir. « Dans la campagne actuelle, appuyer la CAQ, c'est appuyer Pauline Marois. Voter pour la CAQ, c'est avoir le PQ », avertit-il. Et, donc, ajoute-t-il, risquer la tenue d'un référendum.

19 août : place au débat (et aux premières)

Pour la première fois de l'histoire du Québec, les chefs se livrent à une joute oratoire à quatre lors du débat diffusé à Radio-Canada et à Télé-Québec. Pour la première fois aussi, Québec solidaire y est représenté. Sa présidente et coporte-parole, Françoise David, impressionne les commentateurs, mais aussi de nombreux électeurs par sa performance. De son côté, Option nationale a perdu sa bataille pour y participer. Autre précédent : jamais un débat n'aura été aussi commenté par les Québécois sur les réseaux sociaux. Sur Twitter, un mot-clic québécois, #debatqc, est le plus utilisé dans le monde, du jamais-vu. Les soirs qui suivent, TVA présente une série de trois duels - une autre première - opposant tour à tour Jean Charest, Pauline Marois et François Legault.

22 août : les référendums d'initiative populaire dans la mêlée

Lors du dernier duel de TVA, le chef de la CAQ pourfend les référendums d'initiative populaire (RIP) proposés par son ancien parti. Il accuse Pauline Marois de laisser aux « purs et durs » le choix de la date d'un référendum, affirmant qu'elle précipiterait les Québécois « dans le ravin avec les caribous! » La chef péquiste devra justifier sa position, martelant qu'il ne s'agirait que de référendums « consultatifs » et qu'elle garde « le contrôle sur le calendrier référendaire ». Au lendemain du duel, le député péquiste Bernard Drainville, l'instigateur des RIP, évoque cependant le « prix politique énorme » que pourrait payer le gouvernement s'il décidait de faire fi d'une pression qui serait « extrêmement forte ».

8 au 27 août : les étudiants retournent en classe

À quelques jours de la rentrée scolaire imposée par la loi 12, les étudiants des cégeps et des universités du Québec se prononcent les uns après les autres sur les suites à donner à leur grève contre la hausse des droits de scolarité. La CLASSE appelle à la reconduction de la grève. Les étudiants reprennent cependant le chemin des classes, même ceux des cégeps de Saint-Laurent et du Vieux Montréal, qui avaient initialement voté en faveur de la reconduction de la grève. Toutefois, martèlent les étudiants, ce n'est pas la fin de la mobilisation, car l'annulation de la hausse reste pour eux prioritaire.

27 août : le PQ appelle à l'élection d'un gouvernement majoritaire

Pauline Marois réitère qu'elle annulera la hausse des droits de scolarité prévue par le Parti libéral et abrogera la loi 12, mais martèle qu'il lui faut une majorité pour mettre en oeuvre ses engagements, qui seraient autrement menacés par une majorité « libéralo-caquiste ». La formation plaidera d'ailleurs pour cette majorité tout au long des derniers jours de la campagne, même dans des publicités. Quelques jours avant, Jean-François Lisée, candidat péquiste dans Rosemont, a préparé le terrain, demandant aux électeurs d'opter pour un vote stratégique en faveur du Parti québécois. Le vote stratégique a été abondamment soulevé au cours de cette campagne, certains accusant Option nationale et Québec solidaire de diviser le vote progressiste et souverainiste. Les deux formations s'en sont farouchement défendues, appelant les électeurs à voter selon leurs convictions.

3 septembre : l'amphithéâtre de Québec s'invite dans la campagne

Au dernier jour de la campagne, Jean Charest et Pauline Marois participent tous deux à l'événement « J'ai ma pelle », qui marque le début de la construction du nouvel amphithéâtre de Québec, mais ils reçoivent un accueil bien différent. Le premier est applaudi lorsque le maire Régis Labeaume le présente, tandis que son adversaire est huée. La veille, le chef libéral a laissé entendre que l'élection d'un gouvernement péquiste pourrait menacer un retour éventuel d'une équipe de hockey professionnel à Québec. En février 2011, le gouvernement libéral a promis d'injecter en fonds publics la moitié des 400 millions du projet. Quant au PQ, qui s'est entredéchiré sur la question de l'amphithéâtre, il a, par l'entremise de la députée de Taschereau, Agnès Maltais, réussi à faire adopter le projet de loi 204 visant à protéger l'entente entre la Ville de Québec et Quebecor Media sur la gestion du futur amphithéâtre.

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