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Pas d'amiante sous un gouvernement péquiste, indique Marois

Pas d'amiante sous un gouvernement péquiste, indique Marois

Un texte de Geneviève Proulx, Marc-Antoine Ménard

La chef du Parti québécois, Pauline Marois, a confirmé mercredi qu'un éventuel gouvernement péquiste prendrait tous les moyens nécessaires pour annuler le prêt consenti à la mine Jeffrey d'Asbestos. Une promesse qui suscite l'inquiétude dans la région, a indiqué le propriétaire de l'entreprise.

De passage à Rouyn-Noranda, en Abitibi, Mme Marois a indiqué qu'un gouvernement péquiste pourrait recourir à une loi spéciale. « Ça se conteste, un contrat, même s'il est signé, et s'il faut aller plus loin, on ira plus loin », a déclaré la chef du PQ, confirmant les intentions exprimées la veille par le PQ.

Le PQ promet de mettre sur pied une commission parlementaire dans le but d'en arriver par la suite à une « décision définitive » quant à l'avenir de l'industrie du chrysotile. Mais il subsiste peu de doute sur le résultat, « toutes les études sur la santé » allant dans le sens d'un bannissement de l'amiante, a indiqué Mme Marois.

En fait, la commission viserait surtout à expliquer la décision aux quelque 500 travailleurs laissés sur le carreau, a fait comprendre la chef péquiste. Pauline Marois souhaiterait ainsi « nettoyer correctement le dossier » et assurer aux gens qu'ils pourraient compter sur une aide d'un gouvernement péquiste pour la diversification économique, à même les 58 millions de dollars prévus pour le prêt à la mine.

« Tout le monde ici est inquiet. Tous ceux qui veulent retourner travailler sont gardés dans l'inquiétude », a affirmé le propriétaire de Mine Jeffrey, Bernard Coulombe. « Si je comprends bien, ils veulent retenir le prêt jusqu'à la commission d'enquête. Ça nous donnera l'occasion de prouver que l'utilisation du chrysotile peut se faire de façon contrôlée et sécuritaire une fois pour toutes », a-t-il ajouté, alors que le PQ ne laisse planer aucun doute sur son intention d'annuler l'aide financière.

Réactions politiques

En point de presse à Saint-Romain, dans la circonscription de Mégantic, le chef du Parti libéral, Jean Charest, a rappelé que la politique québécoise sur l'utilisation sécuritaire de l'amiante avait été adoptée sous un gouvernement du Parti québécois, en 2002. « Là, aujourd'hui, ils changent d'idée pour des raisons qui, à mon avis, relèvent d'un pur opportunisme, parce qu'ils pensent qu'en présentant une idée comme ça, ils vont se rallier des votes », a déclaré M. Charest.

Ministre des Ressources naturelles au moment de l'adoption de cette politique, le candidat péquiste dans Abitibi-Ouest, François Gendron, s'est défendu en disant qu'il s'agissait à l'époque d'une « bonne position ». « Aujourd'hui, le dossier a été traité de moult façons [et] il y a plusieurs études qui arrivent à la conclusion que le débat est clos », a déclaré le doyen de l'Assemblée nationale, qui y sollicite un dixième mandat.

Le chef libéral a aussi rappelé qu'en juin dernier, le candidat du PQ dans Richmond et député sortant de la circonscription de Johnson, Étienne-Alexis Boucher, s'était réjoui des emplois créés grâce à la relance de la mine Jeffrey. Un an plus tôt, M. Boucher reprochait au gouvernement de ne pas avoir attendu la tenue d'une commission parlementaire avant d'accorder une garantie de prêt à la mine.

« Au PQ, on ne peut pas parler des deux côtés de la bouche en même temps. Si M. Boucher veut défendre cette position-là, qu'il le dise ou qu'il se retire en tant que candidat du PQ », a lancé le chef libéral.

Étienne-Alexis Boucher a soutenu qu'il avait toujours tenu la même position que sa formation politique. « Je crois en l'importance de tenir une commission parlementaire sur la question. Le gouvernement libéral a pris une décision irresponsable avec l'octroi de ce prêt à quelques semaines des élections, alors que le dossier traînait depuis des années, et ce, tout en sachant fort bien qu'il y a de bonnes chances que ce ne soit pas honoré. Le PQ a une position responsable sur cette question en confiant cette même somme pour diversifier son économie », a-t-il dit.

Questionné sur les raisons pour lesquelles le PQ revenait sur la question à quelques jours du scrutin, Étienne-Alexis Boucher a rappelé que cette prise de position n'était pas nouvelle. « Le Parti québécois a seulement réitéré une position qu'il a tenue la semaine dernière et qui est liée à un congrès mondial des institutions de santé publique qui se tient aujourd'hui à Montréal », a-t-il expliqué.

La candidate du Parti libéral dans Richmond, Karine Vallières, a réagi fortement à l'engagement du Parti québécois. « Je trouve ça inacceptable! Ils sont vraiment dans un combat contre les gens d'Asbestos et Mine Jeffrey. C'est un projet responsable et qui a de l'avenir », a-t-elle dit.

« Il est prouvé que le minerai peut être utilisé de façon sécuritaire et c'est vraiment avec cette façon responsable que le Parti libéral a pris cette décision. Il faut rappeler que c'est un prêt. Ce n'est pas un cadeau qui a été fait à Mine Jeffrey. C'est un prêt qui porte intérêt », a spécifié la candidate.

Un « engagement gouvernemental »

M. Charest a précisé que dans l'actuel projet de relance, l'entreprise s'était engagée à faire des vérifications sur l'utilisation sécuritaire de l'amiante.

Le chef libéral a rappelé que la mine Jeffrey représentait 425 emplois, des redevances et des retombées régionales, et il s'est défendu d'avoir annoncé un prêt tout juste avant la campagne électorale, affirmant que cela dépendait de l'investisseur privé. Il a affirmé qu'il s'agissait d'un « engagement gouvernemental » pris au moment où « tous les fils étaient attachés ».

Jean Charest a reconnu qu'il n'y avait pas de « secteur éternel » dans l'économie et qu'il y aurait des fluctuations dans le marché des ressources naturelles au cours des 25 prochaines années. Malgré tout, il a évoqué une « demande croissante ».

Pour sa part, la Coalition avenir Québec promet d'interdire l'exportation de l'amiante de façon définitive, mais aussi d'honorer le prêt consenti à Mine Jeffrey. Le chef de la formation, François Legault, a précisé qu'un éventuel gouvernement caquiste aiderait toutefois l'entreprise à se reconvertir. Le PQ reproche à la CAQ de manquer de cohérence et à François Legault, d'aller « à l'encontre du gros bon sens ».

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