Cet article fait partie des archives en ligne du HuffPost Québec, qui a fermé ses portes en 2021.

Max Films: feu vert à la scénarisation d'un film innu signé Myriam Verreault

Feu vert à la scénarisation d'un film innu signé Myriam Verreault
Agence QMI

MONTRÉAL - Le ton est détendu, serein. L'air du fleuve sied visiblement à la réalisatrice Myriam Verreault, qui a fui Montréal pour s'installer à Sept-Îles pendant quelques semaines, cet été, afin de plancher sur le scénario de son projet de film, inspiré du roman «Kuessipan».

La jeune cinéaste, à qui l'on doit notamment le long métrage «À l'Ouest de Pluton» (2008), a décroché un contrat de développement avec la maison de production Max Films pour l'écriture du prochain long métrage qu'elle espère tourner.

Elle a été séduite par l'histoire racontée par la jeune innue Naomi Fontaine dans «Kuessipan», un bouquin qui est par ailleurs en lice pour le prestigieux Prix des cinq continents de la Francophonie.

Myriam Verreault a donc décidé de plier bagages et déniché un petit logement avec vue sur le fleuve Saint-Laurent, entre les réserves de Uashat et de Mani-Utenam.

Politiquement et socialement très engagée, la cinéaste de 32 ans jugeait important de s'immerger dans la réalité autochtone et de s'imprégner de l'ambiance qui règne au sein de ces communautés pour accoucher d'un scénario crédible et sensible.

Elle gardera aussi l'oeil ouvert, car elle est aussi sur place pour faire un «casting sauvage», c'est-à-dire recruter des comédiens non professionnels, tout comme elle l'avait fait pour «À l'Ouest de Pluton».

C'est d'ailleurs l'une des raisons pour lesquelles Myriam Verreault salue l'audace de la boîte de production qui lui a fait confiance en sachant pertinemment qu'aucune grosse pointure ne tiendrait l'affiche de cette éventuelle production.

«Au départ, je ne pensais pas qu'une compagnie comme Max Films pouvait être intéressée par ce genre de projet-là, parce que c'est un peu en-dehors des standards, et je me disais que ça allait un peu leur faire peur», relate-t-elle.

Aucune crainte à signaler du côté de la productrice Félize Frappier. Bien au contraire: autant le projet de film que la technique Verreault lui plaisent beaucoup.

«C'est un projet que j'ai toujours voulu faire, donner une voix aux Autochtones, mais de leur propre point de vue. Pour aller vers ce genre de projet-là, je pense que c'est exactement ce qu'il faut faire», fait valoir Mme Frappier, qui confie avoir une «grande admiration» pour la vision de Myriam Verreault.

Le projet de film en étant encore à ses premiers balbutiements, il est difficile de prévoir à quel moment il pourrait prendre l'affiche. Mais chose certaine, «Myriam et moi, on a la même urgence de faire le projet», assure la productrice.

Un film autochtone atypique

Les films de fiction mettant en scène des Autochtones ne sont pas légion au Québec. Et Myriam Verreault n'a pas du tout l'intention de verser dans le registre classique de l'Autochtone-qui-revisite-ses-racines pour accoucher d'un long métrage à caractère folklorique. Parce que la réalité est toute autre, plaide-t-elle.

«Moi, ce que je vois ici, ce sont des gens super modernes qui ont un cellulaire, qui sont dans un spa, qui font des trucs très contemporains. Et cette réalité-là, on ne la voit pas, jamais. Ni à la télévision ni au cinéma», dit-elle.

Le long métrage sera bilingue: les personnages passeront de l'innu au français, comme ils le font dans la réalité. Il est par ailleurs hors de question de faire un film à la sauce «La couleur des sentiments» («The Help»), dans lequel des domestiques noires se voient à travers les yeux d'une aspirante journaliste blanche qui observe et documente leur réalité.

«Ça va être un film innu très innu, assure-t-elle. Il n'y aura pas nécessairement un Blanc qui regarde l'autre. Ça va vraiment être de l'intérieur.»

Le long métrage, qui devrait mettre en scène deux jeunes amies, aurait pu être tourné n'importe où, avec des acteurs de n'importe quelle origine, insiste Myriam Verreault.

Mais le contraste entre la proximité géographique et l'éloignement culturel des nations québécoise et autochtone exerce un attrait irrésistible chez la réalisatrice native de Loretteville, municipalité limitrophe de Wendake, qui abrite la nation huronne-wendate.

«Ça m'intéresse beaucoup de savoir qu'ils sont nos voisins et qu'on ne sait même pas qui ils sont. Demandez autour de vous comment on dit 'bonjour' en Innu («Kuei Kuei»). Les Québécois, on est des voyageurs, on va en Afrique, en Thaïlande, on sait tous dire bonjour en espagnol, en portugais, mais il y a une langue vraiment vivante, vraiment parlée sur notre territoire et on ne la connaît pas. Ça me fascine.»

C'est d'ailleurs un «voyage» dans son propre pays que Mme Verreault dit avoir l'impression de faire. Elle revient cet été sur des sentiers qu'elle avait battus il y a environ deux ans, alors qu'elle s'était arrêtée à Mani-Utenam pour tourner une capsule du document interactif «Ma tribu, c'est ma vie», de l'ONF, qui s'intéressait au rapport qu'entretiennent les adolescents avec les réseaux sociaux.

L'adolescence

Le thème de l'adolescence est omniprésent dans la majorité de ses projets. Lorsqu'elle a tourné «À l'Ouest de Pluton» avec son complice Henri Bernardet, l'objectif était essentiellement de transposer au grand écran le quotidien parfois banal de jeunes évoluant dans une ville de banlieue, une réalité qu'elle avait elle-même vécue quelques années auparavant.

À l'époque, elle était bien loin de se douter qu'elle finirait par se faire prendre au piège.

«J'ai toujours pensé que c'était le sujet qui me poursuivait, lance-t-elle en riant. Ça devient comme un engrenage; plus j'en fais, plus les gens pensent que c'est ça que je fais et on m'offre des projets sur ces thèmes.»

Close
Cet article fait partie des archives en ligne du HuffPost Canada, qui ont fermé en 2021. Si vous avez des questions ou des préoccupations, veuillez consulter notre FAQ ou contacter support@huffpost.com.