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Drames familiaux: manque de ressources pour les parents en détresse

Comment empêcher d'autres pères de tuer?
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Les parents qui sont susceptibles de commettre l'irréparable dans les conflits entourant la garde d'enfants doivent avoir plus de ressources à leur disposition.

C'est ce qu'estiment des experts rencontrés lors de l'émission 24 heures en 60 minutes, dans la foulée du possible drame familial survenu à Warwick dans la nuit de lundi à mardi.

« Malheureusement, ça arrive trop souvent. En majorité, ce sont des gars qui passent à l'acte. Dans des situations comme celle-là, ils vivent des détresses souvent innommables, qui les amènent à poser des gestes qui répugnent à tout le monde. Il y a moyen de diminuer le nombre de drames familiaux comme ça », affirme Yvon Lemay, intervenant à la Maison Oxygène, l'un des rares centres qui accueillent des pères en difficulté et leurs enfants.

Rappelons que les parents de Warwick, qui étaient séparés, se disputaient la garde de leurs deux enfants. Une rencontre était d'ailleurs prévue en matinée au palais de justice de Québec entre le père et la mère des enfants.

Le père avait visiblement utilisé les médias sociaux, quelques heures avant le drame, pour exprimer son désespoir relativement à la garde de ses enfants.

L'idée qu'une tierce partie puisse décider du sort de la garde des enfants peut engendrer des réactions extrêmes.

« Quand on va devant le système judiciaire, on cède le contrôle de notre vie, de notre enfant à une tierce personne qui ne nous connaît ni d'Ève ni d'Adam et qui prend une décision extrêmement difficile », poursuit Me Schirm.

« La séparation de couple amène une grosse charge de colère, souvent s'installe le mécanisme du clivage, où pour que je sois bon, il faut que l'autre soit mauvais. Si la justice tente de ramener les choses un peu dans le milieu, elle semble dire : "cette mère a aussi quelque chose de bon", ça se peut que la personne le prenne comme "il est en train de dire que moi je suis mauvais". C'est dans cette dynamique que la rage augmente et que le passage à l'acte est possible » , affirme pour sa part Rose-Marie Charest, présidente de l'Ordre des psychologues du Québec.

« L'entourage, au lieu d'apaiser les choses, vient parfois renforcer cette colère, qui dira "tu as raison" sans demi-mesure. Il faut que l'entourage soit plus critique, soit capable d'identifier et de référer », ajoute M. Lemay.

Besoins criants pour les pères en détresse

Les experts appellent à une augmentation des ressources destinées aux pères en détresse et à davantage de sensibilisation auprès du public.

« On ne pourra jamais prévenir l'agressivité et la colère, mais ce qu'on peut prévenir, c'est le passage à l'acte. C'est la même chose pour le suicide. Tout ce qu'on a fait, les campagnes, pour diminuer le suicide, ça a fini par avoir un impact. Or, dans ce cas-ci, il y a possiblement deux homicides, mais aussi un suicide », souligne Rose-Marie Charest.

« Même si le système de justice a changé au cours des dernières années, le père a encore aujourd'hui à prouver qu'il est un bon père au niveau de la garde », souligne M. Lemay. Ceci exacerbe le problème, selon lui.

Les besoins sont criants dans les services de première ligne pour les pères en détresse. Il faut augmenter le financement public, ce qui est aussi vrai pour les services de santé mentale en général, soutiennent M. Lemay et Mme Charest.

Me Schirm rappelle quant à elle que les besoins de l'enfant doivent primer dans toute situation. « Les tierces parties, la famille, soyez vigilants, ne prenez pas parti, aidez les gens et pensez à l'enfant », conseille-t-elle.

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