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RVCQ: Les enfants carton, cris et chants pour exister

RVCQ: Les enfants carton, cris et chants pour exister
Courtoisie Audiogram

Les rendez-vous du cinéma québécois présentaient mercredi en première mondiale le documentaire Les enfants carton, du réalisateur Jean-Claude Labrecque (La nuit de la poésie 27 mars 1970, À hauteur d'homme), qui dépeint le quotidien des jeunes chanteurs et danseurs roms du projet artistique Grubb, mis en scène par Serge Denoncourt. L'aventure de trois ans des jeunes gitans de Belgrade, en Serbie, conditionnelle à leur réussite scolaire, a culminé l'été dernier avec la présentation d'une comédie musicale au Festival de jazz de Montréal.

L'homme de théâtre a fait appel à la caméra de Jean-Claude Labrecque pour figer l'expérience à la fois immersive et créative. Capté en deux semaines, le documentaire valse entre entrevues, répétitions et tableaux de la vie tsigane à Mahala, bidonville bricolé de cartons (d'où le titre, qui évoque à la fois la fragilité matérielle et émotive). La caméra est toujours basse pour montrer des Roms grands et fiers. Les jeunes se confient sur la virginité, la pauvreté, les mariages forcés, l'importance de la famille, la discrimination dont ils sont victimes et sur les rêves, leitmotiv et fil conducteur du film.

Serge Denoncourt y apparaît sensible, passionné et parfois autoritaire. Une poigne de fer pour laquelle il se serait fait remercier, comme quoi qui crie croit. «Si tu lèves le ton, c'est que tu crois en nous, que tu penses que nous pouvons faire des choses», lui dira l'un des danseurs.

Au final, le portrait semble plutôt complaisant : le metteur en scène est à la fois fabricant de rêve, figure paternelle de jeunes sans repères et pourvoyeur de confiance pour une communauté qui n'avait connu jusqu'alors que la discrimination et le mépris. Les doutes sur les liens réels entre Serge Denoncourt et la vingtaine de Roms s'estompent au moment des au revoir à l'aéroport Pierre-Eliott-Trudeau, marqués de larmes et d'empoignades sincères.

Au fil de ses confidences, Serge Denoncourt dira craindre d'avoir propulsé ses élèves dans un rêve trop lourd à porter, et qui pourrait entraîner une chute terrible après le glam et le succès passés. Il n'en est rien, a assuré le metteur en scène au terme de la projection. D'anciens artistes de la troupe Grubb ont repris le flambeau du projet artistique, une nouvelle école a ouvert ses portes grâce aux profits de l'aventure et d'autres spectacles d'envergure auront lieu dans les prochains mois.

Le générique des Enfants carton n'annonce donc pas la fin, mais le début d'une longue histoire pour un peuple négligé, extraordinaire, et qui pioche dans ses tripes pour crier sa fierté et son désir d'exister.

Les dates de sortie en salles et des projections spéciales n'ont pas encore été définies.

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