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La SAQ hausse de 60 % ses frais pour la collecte sélective

Il faut savoir qu'une fois la majoration de la SAQ appliquée, les consommateurs d'alcool du Québec se retrouveront au bout du compte à payercette augmentation.
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Il faut savoir qu'une fois la majoration de la SAQ appliquée, les consommateurs d'alcool du Québec se retrouveront au bout du compte à payer en triple cette augmentation.

Rappelons qu'en mars dernier, la SAQ avait déjà augmenté de 0,65 $ en moyenne le prix de certains de ses vins pour mieux refléter la situation du taux de change du dollar canadien.

Bien que votre salaire n'augmentera vraisemblablement pas plus que de 3 % cette année, la SAQ, pour sa part, augmentera de 60 % les frais qu'elle impose pour la collecte sélective. Description et analyse de la situation.

L'avis transmis aux fournisseurs

Récemment, par communiqué, notre monopole avisait ses agents et fournisseurs que la charge pour la collecte sélective qu'elle ajoute dans les frais de base de chacune des bouteilles qu'elle vend, passera de 0,05 $ à 0,08 $ à compter du 25 mai prochain pour les produits vendus dans ses succursales.

Ces 0,03 $ supplémentaires représentent 60 % de plus que le montant actuel de 0,05 $. Je vous invite à prendre connaissance de ce communiqué (voir ici).

On peut y lire que cette hausse est nécessaire "afin de se conformer aux obligations d'Éco Entreprises Québec" (ÉEQ). Qu'est-ce qui amène la SAQ à faire une telle chose? Un peu de patience.

Éco Entreprises Québec

Il s'agit ici d'un organisme privé sans but lucratif agréé par la société d'état Recyc-Québec, dont le mandat est d'imposer et de collecter des contributions aux entreprises de la province qui mettent sur le marché des contenants, emballages et imprimés. Ces sommes sont ensuite redistribuées aux municipalités pour financer la collecte sélective de ces matières.

Afin de compléter le portrait, mentionnons que cette entreprise a pu compter sur environ 145 millions de revenus en 2015 et qu'elle a terminé son année financière avec un déficit de 5,8 millions de $.

Qui sont les membres?

Parmi les 3000 cotisants de l'ÉEQ, on retrouve des manufacturiers de tous genres, des détaillants et des distributeurs, des commerces de services, etc. Beaucoup de ces membres ont un certain rapport avec le secteur alimentaire.

Je fais ici appel à la mémoire du lecteur afin qu'il se souvienne combien la question d'instaurer une consigne sur les bouteilles de vin avait fait couler beaucoup d'encre et de pixels l'an passé (Voir: Ne pas recycler les bouteilles de vin coûtent très cher aux Québécois).

Beaucoup croyait alors que le Québec rejoindrait enfin les 8 autres provinces canadiennes qui ont déjà adopté une consigne sur les bouteilles de verre, celle-ci étant la méthode la plus efficace pour les recycler. En avril 2015, le ministre de l'Environnement avait d'ailleurs laissé entendre qu'il y songeait sérieusement, ainsi qu'en mai 2015, alors que le journal La Presse titraitFeu vert à la consigne des bouteilles de vin.

Pourtant, le 25 août 2015, nous apprenions que plusieurs grandes entreprises et organismes formaient un front commun afin de faire du lobbysme auprès du gouvernement et le convaincre de ne pas aller de l'avant avec la consigne. Faisant partie de cette coalition, se trouvent les associations de détaillants en alimentation et la SAQ, avançant que cela leur causerait de nombreux irritants et craignant qu'il en résulte des coûts supplémentaires.

Le poids de la SAQ

Le total des contenants de boisson en verre non consignés qui proviennent de l'ensemble du réseau de la Société des alcools du Québec (succursales, épiceries, dépanneurs, agences, bars, restaurants, etc.), s'élève à près de 208 millions de bouteilles. La SAQ verse déjà environ 10,4 millions $ à ÉEQ (208 millions de bouteilles à 0,05 $ chacune).

Bien qu'il y ait plus de 3000 membres à ÉEQ, la contribution de la Société des alcools du Québec représente à elle seule plus de 7 % du budget de cet organisme privé. Ceci se traduit bien entendu par un siège au conseil d'administration de l'organisme ÉEQ.

La proposition alternative d'ÉEQ

Ayant persuadé le gouvernement d'abandonner l'idée de la consigne que tous les détaillants alimentaires et d'alcool craignent comme la peste, il a bien fallu proposer quelque chose d'autre. N'importe quoi, pourvu que ce ne soit pas la consigne. La population a donc eu droit le 14 janvier à cette nouvelle par l'entremise d'un communiqué largement diffusé et médiatisé.

On y apprenait que les détaillants et distributeurs alimentaires membres d'ÉEQ consacreraient 6,7 millions $ à un projet nommé Verre l'innovation pour équiper certains centres de tri de machines fabriquées en Angleterre permettant de trier et faire imploser le verre, même si celui-ci demeure pêle-mêle avec les autres matières de la collecte sélective. Alléluia! Plus besoin de consigne!

Selon le site Internet de l'ÉEQ, on espère ainsi transformer ''une crise en une foule de solutions d'avenir."

Un autre son de cloche

Selon M. Karel Ménard, directeur général du Front Commun Québécois pour une Gestion Écologique des Déchets (FCQGED) que j'ai contacté, le projet de l'ÉEQ est loin d'être optimal.

Primo, le verre faisant toujours partie du bac de récupération, celui-ci continuera de se briser dans une forte proportion, contaminant les autres matières comme le papier et le carton, faisant ainsi baisser leur valeur marchande. Toute entreprise recyclant ces matières pourra vous le confirmer.

Secundo, seule la consigne permet de récupérer les contenants de verre intacts; on peut ainsi les trier par couleur afin d'en retirer un prix maximal, car un marché lucratif existe pour du verre ainsi trié; or, avec la méthode de l'ÉEQ, tout le verre est traité ensemble sans distinction de couleur.

Note : dans le budget pour le plan Verre l'innovation de l'ÉEQ, 1,2 million $ sont prévus pour trouver de nouveaux débouchés commerciaux pour le type de verre qu'ils obtiendront avec leur méthode.

Selon M. Ménard, il ne serait pas obligatoire d'imposer à tous les détaillants d'accepter le retour des bouteilles consignées, car il n'est pas indispensable que tous les 9000 commerces d'alimentation et d'alcool du Québec participent à la récupération des bouteilles vides. Ainsi, 900 ou 1000 points de retour à travers la province seraient amplement suffisants.

Mieux! Certains détaillants y voyant un moyen d'augmenter leur achalandage pourraient même être prêts à payer pour devenir un centre de dépôt accrédité.

Qui paiera pour le projet de l'ÉEQ?

En principe, cela devrait être toutes les entreprises membres de cet organisme. Mais cela devient difficile lorsque l'on a déjà un déficit de 5,8 millions en date de l'an dernier.

Selon nos sources, plusieurs des membres de l'ÉEQ qui n'utilisent aucun contenant de verre n'auraient pas voulu que leur cotisation augmente pour ce projet de 6,7 millions de dollars, ce montant représentant à lui seul près de 4,6 % du budget total de l'organisme. En effet, pourquoi un fabricant qui ne produit que du carton ou de l'aluminium paierait pour régler le problème du recyclage du verre qui ne le regarde pas?

Bien que selon les derniers sondages plus de 89 % de la population se disait favorable à une consigne sur le verre, les entreprises, pourtant responsables de la présence de ces contenants sur le marché et qui en étaient réfractaires ont, selon toute vraisemblance, trouvé une manière astucieuse de refiler la note aux consommateurs.

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J'ai pour vous cette semaine 7 recommandations de vins (2 blancs, 1 rosé et 4 rouges).

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