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Pour en finir avec le mythe du vin et des services sociaux

S'il y a un mythe qui a eu la vie dure au Québec et qui a longtemps servi d'excuse pour vous faire avaler avec le vin qu'on vous vendait la pilule amère de son prix élevé, c'est bien celui de l'illusoire impression que cela finançait les services sociaux de la province.
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S'il y a un mythe qui a eu la vie dure au Québec et qui a longtemps servi d'excuse pour vous faire avaler avec le vin qu'on vous vendait la pilule amère de son prix élevé, c'est bien celui de l'illusoire impression que cela finançait les services sociaux de la province.

C'est bien connu, les Québécois et Québécoises sont prêts à pardonner beaucoup de choses aberrantes s'ils croient que c'est pour une bonne cause.

Comme je l'ai écrit pas plus tard que la semaine dernière, je n'ai rien contre le milliard de dollars versé annuellement par la SAQ au gouvernement tant que cet argent n'est pas obtenu en abusant des consommateurs. Cet argent est utile et nécessaire pour le budget provincial. Mais cela n'est pas une raison pour raconter n'importe quoi.

Heureusement, selon le récent sondage mené récemment auprès de mille internautes par la firmeMBA Recherche dont la partie portant sur le financement des services sociaux vient d'être dévoilée, il reste fort peu de personnes qui croient encore à ce mythe, tel que révélé par le tableau qui suit:

Ce billet s'adresse donc plutôt au 41% des gens qui sont encore dubitatifs au sujet de cette question.

Affirmer que ce sont les profits versés par la Société des Alcools du Québec qui financent vos services sociaux est faux. En fait, pas tout à fait. Faux à 97.5%. Ou vrai à seulement 2.5% si vous préférez.

En effet, si l'on additionne les budgets annuels combinés des ministères de l'Éducation (10.2 milliards) et de la Santé et des services sociaux (31.3 milliards) que nous pouvons repérer dans le schéma de la planification budgétaire ci-dessous préparé par le ministère des Finances du Québec pour 2013-2014, nous obtenons un montant de 41.5 milliards de dollars. Voici ce que ça donne en chiffres:

41,500,000,000.00$

Nous savons que la SAQ, lors de son dernier exercice financier complété le 31 mars dernier, a versé au cours de celui-ci 1,03 milliard de dollars au gouvernement du Québec. Cette somme, si elle servait à financer les services sociaux ne contribuerait donc (c'est mathématique) que pour moins de 2.5% du montant total. Une toute petite goutte de vin, quoi.

Si je vous invite au restaurant et qu'après le repas au moment de régler la facture, je vous dis que je vais m'occuper du pourboire de 15% et que devrez régler le reste, direz-vous que je vous ai payé le ''lunch''? Bien sûr que non. Alors comment peut-on dire que ce sont les profits réalisés sur la vente de l'alcool au Québec qui paient nos services sociaux alors que plus de 97.5% de la facture proviennent d'autres sources?

En d'autres mots, et il est important de le préciser une fois pour toutes, ce n'est pas parce que le vin est moins cher aux États-Unis que ses habitants n'ont pas tous les services sociaux gratuits que nous avons, et ce n'est pas parce que nous payons notre vin beaucoup plus cher au Québec que le reste de la planète que nous avons des services sociaux gratuits.

L'un n'a rien à voir avec l'autre. Je le répète: rien. Je crois que cette précision est importante car le gouvernement du Québec et certaines personnes utilisent parfois la peur pour convaincre la population que tout changement même minime à notre présent et distinct système québécois de commercialisation des boissons alcoolisées mettrait en grand péril notre couverture sociale. Désinformation, mensonge et démagogie.

Merci à Marie-Claude Journault, pour son illustration que j'ai intitulée :

"Du Fuzion pour une transfusion?"

Adresse courriel: joure20@hotmail.com

Et selon ma bonne vieille habitude, j'irai encore plus loin. Il n'y a absolument rien qui vous garantit que le 2.5% de tout à l'heure est bel et bien utilisé pour les services sociaux. Peut être bien, mais peut être pas non plus. Personne, sauf le gouvernement ne le sait. Et sans doute l'ignore-t-il lui-même en fait.

Car les profits sont versés au fonds consolidé de la province et le gouvernement peut les dépenser à sa guise. La Société des Alcools du Québec aurait beau réussir à doubler l'an prochain son dividende au gouvernement afin de le porter à deux milliards de dollars, cela ne ferait pas diminuer d'une minute votre temps d'attente à l'urgence dans les hôpitaux.

Comme je l'écrivais dans cette chronique le 24 août 2012:

Aucune garantie donc que le profit qui sera réalisé le week-end prochain alors que vous achèterez votre vin préféré servira à payer une partie du salaire du professeur de votre progéniture ou encore celui de l'infirmière du CLSC près de chez vous. Aucune. Mais pour une partie du salaire d'un inutile et lointain fonctionnaire à l'emploi d'un quelconque et obscur ministère gérant un programme depuis longtemps désuet, les chances sont bonnes.

Le jour où la Société des Alcools du Québec au lieu de se rapporter au Ministère des Finances comme présentement, relèvera plutôt du Ministère de l'Éducation ou du Ministère de la Santé (comme en Suède par exemple), je commencerai un peu à croire que cet argent est bel et bien utilisé pour le financement de nos services sociaux. Pour le moment, c'est de la bouillie pour les chats.

Et tant qu'à démolir ce mythe, profitons-en pour bousiller gaiement cette proposition corollaire à l'effet que ceci serait la résultante d'un «choix de société». Heureusement on entend cela de moins en moins car ceci n'est de nos jours guère plus mentionné que par des personnes soit mal informées ou bien qui ont un intérêt personnel à ce que rien ne change.

Ce fallacieux argument qui ne repose sur rien de concret sinon sur le mythe précédent a le don de m'agacer passablement. Personne n'a été consulté à ce sujet à ce que je sache. Y a-t-il eu un référendum sur cette question alors que j'étais absent? La société en aurait décidé ainsi? Quelle société? La Société...des Alcools sans doute.

Je vous ai démontré dans mon billet du 24 octobre dernier (Du vin pour les riches, des taxes pour les pauvres) que ce sont les gens à moyens et faibles revenus qui paient le plus de taxes en achetant des vins de moins de 20$. Si c'est ça votre glorieux choix de société, faire davantage payer davantage les moins nantis, je vous le laisse alors bien volontiers.

Suggestions de vins de la semaine:

Les vins qui suivent ne sont pas si onéreux mais ils sont tous très bons. Pourquoi n'en n'essayeriez-vous pas un cette fin de semaine?

Vin blanc

Monte Fiorentine, Soave Classico, Ca' Rugate, Vénétie, 2011, Italie (voir ici)

Vins rouges

Animus, Vincente Leite de Faria, Douro, 2010, Portugal (voir ici)

L'Esprit de Château Capendu, Corbières, 2012, France (voir ici)

Château Godard Bellevue, Côtes de Francs, Bordeaux, 2009, France (voir ici)

Château Villerambert Julien, Minervois, 2007, France (voir ici)

Bonnes dégustations!

#1 Codorniu Clasico Seco, Espagne, 13,15$

15 vins à prix doux (et qui ne vous feront pas honte devant vos invités)

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