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Plus que de la pénurie de main-d’œuvre, le Québec souffre du manque d’implication de ses travailleurs

L’abondance des ressources humaines a fait en sorte qu’on ne s’est jamais vraiment posé la question: profite-t-on pleinement des talents qui sont déjà à notre emploi?
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Maximiser l’implication de ses employés rend une entreprise moins dépendante des aléas du recrutement de nouveaux employés. Cela lui permet d’optimiser la contribution de ses collaborateurs actuels.
gradyreese via Getty Images
Maximiser l’implication de ses employés rend une entreprise moins dépendante des aléas du recrutement de nouveaux employés. Cela lui permet d’optimiser la contribution de ses collaborateurs actuels.

L'inconfortable débat sur nos besoins de main-d'œuvre nous fait peut-être oublier une réalité d'affaires assez basique. Oui, le Québec a besoin de plus de main-d'œuvre, mais proviendra-t-elle nécessairement de l'immigration?

Je prétends connaître une chose ou deux sur les entreprises. En partenariat avec la maison de recherche SOM et une chercheuse de l'Université Laval, ma firme Coefficience a conduit une étude scientifique sur le niveau d'implication des travailleurs québécois dans leur entreprise.

Nous pouvons affirmer que les entreprises du Québec sous-utilisent par un facteur de près de 50% le potentiel de leurs employés actuels.

On valorise ce qui est rare, non ce qui est abondant. C'est lorsqu'une pénurie de ressources survient que nous modifions nos comportements afin d'en faire une utilisation plus heureuse. Cela a par exemple été le cas dans le domaine de l'énergie: sous la menace de la rareté (et des prix conséquents), nous avons appris à rationaliser l'utilisation que nous faisions de l'électricité et des énergies fossiles.

L'abondance des ressources humaines a fait en sorte qu'on ne s'est jamais vraiment posé la question: profite-t-on pleinement des talents qui sont déjà à notre emploi?

Le marché du travail n'échappera pas à cette logique. Il a largement été, depuis plusieurs décennies, à l'avantage des employeurs. L'abondance des ressources humaines a fait en sorte qu'on ne s'est jamais vraiment posé la question: profite-t-on pleinement des talents qui sont déjà à notre emploi? Fournit-on à nos gens un cadre de vie stimulant et enrichissant (dans plusieurs sens), qui les incite à demeurer avec l'organisation et à attirer de nouveaux candidats à l'emploi?

Il est grand temps de s'attaquer à la valorisation des emplois. Faire une meilleure utilisation du potentiel de la main-d'œuvre existante, c'est rentable: pas de formation, pas de délai, pas de difficultés d'intégration! De plus, c'est un levier que les entreprises peuvent actionner sans attendre la providence gouvernementale.

Le gouvernement actuel utilisait une formule percutante pour décrire sa politique d'immigration lors de la dernière campagne électorale: «En prendre moins, mais en prendre soin». L'idée est séduisante: prendre soin des gens que nous accueillons, voilà qui semble logique. Mais il faut aussi prendre soin des gens que nous avons déjà et surtout de nos jeunes, qui cherchent du sens à leur travail et pourraient s'impliquer davantage.

Les patrons consultent peu, invitent rarement les idées de leurs gens, suscitent rarement des consensus d'équipe.

Nos données nous démontrent que les neurones des employés actuels sont sous-utilisés. Au sein des équipes, l'espace de parole et de réflexion est pauvre. Les patrons consultent peu, invitent rarement les idées de leurs gens, suscitent rarement des consensus d'équipe. Au niveau des organisations dans leur globalité, la même sous-implication peut être constatée. Ajouter des corps chauds n'apportera aucune solution à ces cuisants problèmes! Il faut changer nos façons de faire.

Maximiser l'implication de ses employés rend une entreprise moins dépendante des aléas du recrutement de nouveaux employés. Cela lui permet d'optimiser la contribution de ses collaborateurs actuels. Bien sûr, cela améliore la performance de l'organisation, mais la beauté de la chose, c'est que cela rend les employés eux-mêmes plus satisfaits à l'égard de leur expérience d'emploi — et donc prêts à se donner davantage. C'est donc une proposition gagnant-gagnant!

La pénurie de main-d'œuvre fera des victimes, c'est indéniable, mais elle fera aussi de nouveaux gagnants. Les employeurs qui auront créé des conditions propices à une implication plus grande seront avantagés. D'une part, ils perdront moins de collaborateurs à la concurrence et d'autre part, ils jouiront d'un pouvoir d'attraction supérieur, notamment auprès des générations montantes. Finalement, leurs propres employés deviendront des ambassadeurs de leur marque.

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