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L'université doit-elle être gratuite comme les soins de santé?

Un nouvel argument circule de plus en plus dans le débat sur la hausse des frais de scolarité. La dernière en date à y faire écho est Rima Elkouri, une chroniqueuse que j'adore, dans La Presse. Elle reconnaît que les diplômés universitaires vont gagner de meilleurs salaires grâce à leurs études, mais elle trace le parallèle avec le système de santé et constate que le malade aussi sera dans une meilleure situation après avoir été soigné.
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Un nouvel argument circule de plus en plus dans le débat sur la hausse des frais de scolarité. La dernière en date à y faire écho est Rima Elkouri, une chroniqueuse que j'adore, dans La Presse. Elle reconnaît que les diplômés universitaires vont gagner de meilleurs salaires grâce à leurs études, mais elle trace le parallèle avec le système de santé et constate que le malade aussi sera dans une meilleure situation après avoir été soigné. Or, «il ne nous viendrait pas à l'esprit (...) de faire payer davantage un grand malade sous prétexte qu'il a la chance de se faire soigner et de quitter l'hôpital en pleine santé», souligne-t-elle.

Jean-Luc Mongrain me posait la même question récemment lors d'une entrevue à LCN. Or, la comparaison m'apparaît mauvaise parce qu'on compare un risque involontaire (se blesser ou tomber malade) avec une décision volontaire (investir dans son éducation).

C'est une nuance importante. Dans les deux cas, le patient et l'étudiant sont les principaux bénéficiaires des services reçus. Vrai. Mais dans le cas du patient, il s'en serait bien passé! Les soins reçus lui permettent de se rétablir, de retrouver son «état normal». Pour les études universitaires, c'est exactement l'inverse qui se produit! Étudier est un choix. Et on en sort avec la possibilité d'une nouvelle carrière et d'un revenu plus élevé.

L'université devrait-elle être gratuite comme l'éducation primaire est secondaire?

D'autres pourraient dire que l'éducation primaire et secondaire aussi améliore les perspectives professionnelles. L'école est pourtant gratuite. Vrai, du moins pour l'élève. L'éducation n'est pas gratuite : ce sont les contribuables qui la paient. Encore là, il y a la question du choix, puisqu'il est obligatoire de fréquenter l'école jusqu'à 16 ans au Québec. Et puis, il y a une différence de taille : l'université n'est pas accessible à tous, mais seulement à ceux qui font la preuve de leur capacité d'y entrer. Le plus souvent, ce sont les résultats scolaires ou la cote R qui prouvent le mérite. La polyvalente est un service disponible à tous, alors que le principe de l'université se fonde sur la sélection des étudiants selon leurs mérites.

La formation universitaire est un investissement

Dans un débat télévisé à RDI, le comptable Pierre-Yves McSween avançait une autre comparaison qui me semblait bien plus juste que la comparaison avec la santé ou l'éducation primaire et secondaire. Aller à l'université est un investissement : on paie pour développer son capital humain dont on récoltera les fruits. C'est la même logique qui s'applique pour le propriétaire d'un triplex, un capital immobilier. Il l'achète en sachant qu'il récupérera son investissement et encaissera des revenus sur les logements loués. Ceux qui défendent l'idée de frais de scolarité très bas proposent-ils de subventionner les propriétaires immobiliers avec les impôts des Québécois, dont 40% ne sont même pas propriétaires? Cela paraîtrait absurde.

On estime généralement que l'éducation universitaire engendre des bénéfices sociaux bien plus importants que la propriété d'un capital immobilier. C'est pourquoi on paie une partie des budgets des universités avec nos impôts. Mais dans les deux cas, l'investissement est d'abord rentable pour l'investisseur : l'étudiant et le propriétaire de l'immeuble.

Il y a une autre différence. Le triplex va rester au Québec et les taxes foncières vont être payées ici. Le diplômé peut très bien déménager et verser taxes et impôts ailleurs. Mais c'est une autre histoire...

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