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L’hydre de l’antisémitisme

Alors que les pays occidentaux connaissent une recrudescence d’actes antisémites, on se demande si les juifs sont condamnés à être des parias.
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Des gens se sont rassemblés sur la Place de la République à Paris pour dénoncer l'antisémitisme et la hausse d'attaques antisémites, mardi.
Gonzalo Fuentes / Reuters
Des gens se sont rassemblés sur la Place de la République à Paris pour dénoncer l'antisémitisme et la hausse d'attaques antisémites, mardi.

Alors que les pays occidentaux connaissent une recrudescence d'actes antisémites, un mal qui a fait basculer le monde dans l'holocauste il y a un demi-siècle, on se demande si les juifs sont condamnés à être des parias dans des sociétés qui garantissent en principe l'égalité des droits de tout citoyen, quelle que soit son identité ethnique ou religieuse.

Pour les psychologues sociaux, l'antisémitisme, comme le racisme et le sexisme, est un mal chronique de sociétés traversées par des peurs irrationnelles où la recherche d'un bouc émissaire devient la voie royale pour exorciser ses démons. Aujourd'hui, les démons du populisme, qui prône la fermeture des frontières et le repli sur soi, pointent à nouveau la figure du juif, cosmopolite et «apatride», comme cible de choix. Malgré toutes les formes de sensibilisation et d'éducation, l'antisémitisme demeure l'expression aigüe de cette crise du sens que nous vivons aujourd'hui.

Cet antijudaïsme chrétien ancien est revivifié par des groupes d'extrême droite, en particulier fascistes et nazis, qui s'en sont saisis dans les années 1920-30, pour faire des juifs les boucs émissaires des maux du monde, en développant un racisme biologique qui visait ni plus ni moins que la suppression des juifs. Dans une certaine mesure, cette sombre prophétie a trouvé une réalisation partielle en Europe où il ne reste pas de populations juives significatives, à l'exception de la France.

Depuis les années 1960-70, l'importation dans le monde occidental du conflit israélo-palestinien, fait basculer les juifs de victimes de l'holocauste dans le camp des dominants, impérialistes et colonialistes. La cause palestinienne devenant le condensé de toutes les revendications de libération nationale, les juifs sont associés à la colonisation imposée par les hommes blancs impérialistes. Étrangers absolus, ils ne peuvent avoir de fidélité à la nation à laquelle ils appartiennent, puisque leur unique préoccupation est de défendre Israël. C'est ainsi qu'il faut comprendre l'insulte qui est faite au philosophe Alain Finkielkraut qu'il ne peut, malgré tout ce qu'il peut dire ou faire, être celui qui incarne la France. «La France c'est nous», déclare son assaillant!

Cet antisionisme rageur que l'on a vu se répandre comme une trainée de poudre dans toutes les mouvances de gauche en particulier, date du moment tiers-mondiste des mouvements de décolonisation, et se retrouve intact dans les mouvements anti-globalisation, et dans des partis comme la France Insoumise, ou même dans les rangs du Parti travailliste britannique. On le retrouve bien sûr également dans toutes les expressions de l'islamisme radical, où la haine des juifs et des sionistes arrive en première place de la lutte contre l'Occident.

Ensemble, tous ces éléments donnent à penser que le Juif continue d'incarner l'autre/l'étranger absolu qui en période de crise sociale et politique comme celle que nous vivons aujourd'hui, devient la cible d'attaques concentrées au point où l'on se demande si ces communautés ne sont pas à nouveau en danger.

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