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Un éléphant, ça Trump énormément

Oui, Trump est brillant, doté d'un talent à ras bord, il est même la cruelle et caricaturale signature d'une humanité en déroute parce que de tels individus existent précisément.
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«Les pauvres gens ne soupçonnent jamais le diable, quand même il les tiendrait à la gorge.» (Goethe)

Donald Trump, l'homme qui parle à l'oreille des électeurs, disait élégamment en évoquant sa rivale à la primaire, Carly Fiorina, l'ex-patronne de Hewlett-Packard «Regardez cette gueule! Y'a quelqu'un qui voterait pour ça? Vous imaginez cette tête comme prochain président?» Trump, également grand poète de la politique à ses heures, disait par ailleurs en parlant des médias «Vous savez, peu importe ce que les médias écrivent, tant qu'on a avec soi un jeune et beau cul».

«C'est un homme très brillant, plein de talent sans aucun doute. Ce n'est pas à nous de juger de ses qualités, mais c'est le favori incontesté de la course présidentielle», a estimé Vladimir Poutine, après sa conférence de presse annuelle devant près de 1400 journalistes russes et étrangers. «Sa façon de parler et ce qui lui permet d'augmenter sa popularité» ne concernent pas la Russie.

Brillant? Talentueux? Et tout le monde alors de rire des gencives et de moquer ce malheureux Poutine tenant de tels propos ineptes. Tout le monde de pointer alors et de récapituler toutes les outrances de Trump: sa vulgarité, son langage de charretier, son simplisme, son sexisme, son arrogance, son populisme, son égo sans égal. Et tout le monde de faire ainsi fausse route, dans une lecture erronée de l'homme qui satisfait peut-être la raison et rassure: un Trump crétin, c'est tellement plus rassurant.

À mieux y regarder, Poutine a tristement raison - en expert de la chose propagandiste, vous noterez que lui-même pointe son usage du langage. Oui, Trump est brillant, doté d'un talent à ras bord, il est même la cruelle et caricaturale signature d'une humanité en déroute parce que de tels individus existent précisément.

Poutine a raison

Oui, Poutine a raison, Trump est -dans son style inimitable- un homme qui a simplement choisi l'usage le plus abject qui soit de son intelligence: le mépris des hommes. De fait, ce qu'il ose en faire est si impensable qu'il terrasse ses adversaires, des adversaires sidérés et totalement désemparés pour contre-attaquer.

L'adversaire qui ne le comprend pas pourra faire valoir le niveau honteusement caniveau du propos de Trump. Il le pourra, mais c'est un adversaire qui a déjà perdu.

Oui, Trump est brillant: étincelant de cynisme, scintillant d'absence de scrupules, une lumière d'abjection. Oui, Trump déborde de talent: d'une nullité assumée, maitrisée, revendiquée, totalement calculée, une intelligence du mal, toute entière mise au service de son but. Son avantage concurrentiel: sa capacité manipulatoire du discours qui plonge ses adversaires et le monde entier dans la stupéfaction, du moins pour quiconque est doté d'une conscience dont, lui, s'est purement et simplement débarrassé.

Celles et ceux qui le rangent sur la grande étagère des abrutis finis, et des crétins en phase terminale, commettent, ni plus ni moins la même erreur de jugement que celles et ceux qui, dans l'Histoire ont pris un jour Hitler pour un simple guignol en forme de bouffon.

Le choix du mépris sous couvert de respect

Trump trompe les hommes. S'il s'exprime comme un enfant de dix ans selon le test de Flesch-Kincaid, il sait ce qu'il fait. À chaque nouvelle «Trumperie» il peut en mesurer, quasi en temps réel, l'impact à l'aune des sondages.

«Si l'on applique le test Flesch-Kincaid aux discours d'introduction et de conclusion tenus par les neuf candidats lors du débat républicain qui s'est déroulé mardi soir à Las Vegas, il en ressort que c'est Donald Trump qui a le langage le plus pauvre

Trumperie sur la bêtise

Quand Mickey Trump dit de Bachar al-Assad que c'est «un mec méchant, très méchant» nous sommes loin d'une thèse élaborée en géopolitique. En tant qu'argumentation, cela peut sembler un peu bâclé. Mais la puissance du discours est que tout le monde comprend, et - si l'argument laisse les uns sur leur faim - les autres trouvent cela parlant, nécessaire et suffisant et Trump touche sa cible...

«Une certaine frange d'Américains associe la simplicité à l'honnêteté. Ils ne croient plus aux discours trop élaborés, ils les jugent trompeurs» Matthew Baum, professeur de communication à l'école d'administration Harvard Kennedy School.

Dans un monde où, depuis les années 1970, le QI moyen des populations s'affiche à la baisse, l'intelligence méprisante de ceux qui ne peuvent discerner l'usurpation, qui abuse l'ignorance pour mieux flatter tous les bas instincts, se révèle comme la plaie béante de notre humanité et la porte ouverte aux lendemains qui déchantent.

Ce type d'intelligence difforme, Trump la maîtrise parfaitement, peu lui importent les conséquences. Il se moque des «faibles» tout en les utilisant, se ricane de n'être pas démasqué, jubile -dès que l'occasion lui en est donnée- de cette ignoble usurpation.

Trump Fight back

Côté républicain, bien loin des appareils politiques qui jouent les offusqués, Trump porte les coups les plus laids et marque des points. Un duel Trump-Clinton se précise.

Madame Clinton, Donald Trump est en train de devenir «le meilleur recruteur de l'EI», avez-vous déclaré avant d'affirmer que les jihadistes utilisaient les discours anti-musulmans du milliardaire dans leurs vidéos de recrutement. D'où tenez-vous cela?

Le candidat avait appelé, le 7 décembre, à «l'arrêt total de l'entrée des musulmans aux États-Unis», provoquant un tollé outre-Atlantique. Si les appareils politiques et une majorité d'Américains condamnent cette sortie, l'idée a été applaudie par une majorité d'électeurs républicains: 59% selon le sondage de ce mardi.

Si la première partie constitue un angle de contre-attaque parfait pour montrer les conséquences désastreuses de l'outrance, la seconde ne l'est pas! Rien ne prouve à ce jour cette assertion quand bien même elle est plausible.

Alors voici le conseil d'un ami français à vos conseillers en communication: un monstre d'ineptie de ce gabarit se combat pied à pied! Ses outrances sont sa force, mais sont aussi sa plus grande faiblesse pour peu qu'elles soient méthodiquement et froidement désarticulées.

Aucune contre-attaque, aussi affutée soit-elle, ne doit donner l'opportunité d'une «sur-outrance» facile. Aussi, avant que de répliquer à l'éructant, je vous en conjure Madame, avant que de frapper, faites relire autant de fois qu'il le faut Boileau à vos conseillers:

«Ce que l'on conçoit bien s'énonce clairement. Et les mots pour le dire arrivent aisément.»

Rappelez-vous également que: «La puissance ne consiste pas à frapper fort ou souvent, mais à frapper juste.»

Madame, je vous en conjure: ne le loupez pas! Que vos mots soient toujours vrais et frappez toujours juste! Et en fait, à bien y réfléchir, finalement, ne retenez pas vos coups avec la bête, frappez fort, très fort.

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Mai 2017

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