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Changements climatiques: comment consolider le rôle de leader du Québec

LES JEUNES ONT LA PAROLE - Enfin, pour moi, le Québec doit être responsable avant tout. Sa crédibilité en tant que leader mondial repose entièrement sur ce prérequis. Et être responsable consiste à assurer la cohérence dans les décisions gouvernementales.
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La Conférence des Nations-Unies sur les changements climatiques (COP-21), qui se tiendra à Paris en décembre prochain, marquera un tournant majeur pour la lutte mondiale aux changements climatiques. Ces changements, dont les effets se font déjà sentir dans plusieurs régions du monde, notamment le Nord-du-Québec, continueront à s'accentuer et représentent en conséquence l'un des plus grands défis de notre temps.

Si rien n'est fait pour réduire la présence de gaz à effet de serre (GES) dans l'atmosphère due à l'activité humaine et à l'utilisation accrue de combustibles fossiles, le réchauffement planétaire projeté à plus de 2 degrés Celsius d'ici 2100 menacera la santé et la sécurité de millions de personnes, de même que des infrastructures et des propriétés côtières dont la valeur s'élève à plusieurs milliards de dollars. L'enjeu est donc majeur et concerne le bien-être, voire même la survie, de toutes les nations et de leurs générations futures.

L'adoption de cibles responsables de réduction des émissions de GES est par conséquent vitale. La mise en œuvre de politiques et de plans d'action visant à réduire les émissions nationales l'est toutefois encore plus. Le Québec doit, à ce chapitre plus que tout autre, consolider son rôle de modèle et de leader mondial.

En septembre dernier, le ministre responsable de la Lutte aux changements climatiques au Québec a proposé une cible de réduction des émissions de 37,5 % pour 2030 par rapport au niveau de 1990, en vue de la COP21. Cette cible, jugée trop ambitieuse par certains et trop peu par d'autres, constitue une étape préalable à l'atteinte de la cible de réduction de 80 à 95 % à l'horizon 2050 (quasi-carboneutralité) à laquelle le premier ministre Couillard a engagé le Québec à Toronto cet été.

Dans les faits, la cible proposée pour le Québec figure parmi les plus ambitieuses que se sont fixées les États invités à la COP21. Or, la qualité de leader d'un État dans la lutte aux changements climatiques ne se mesure pas par la cible de réduction qu'il s'est fixée, ce qui constitue avant tout un exercice politique. La réelle preuve de leadership dont doit faire le Québec consiste plutôt à mettre en œuvre les moyens nécessaires pour réaliser ses objectifs climatiques de façon intelligente et structurante, sans compromettre le bien-être et le développement économique des Québécois d'aujourd'hui ou de demain.

Le gouvernement Couillard manque d'ambition

Pour l'instant, toutefois, le gouvernement libéral ne propose aucun plan concret ou responsable pour réellement saisir les opportunités d'affaires que représente l'économie verte et soutenir la recherche et les projets innovants de réduction et d'adaptation aux changements climatiques dont nous avons besoin pour assurer l'essor économique du Québec, dans une perspective de développement durable.

Au lieu, le plan qu'il propose implique une perte d'au moins 3 000 emplois et une diminution d'au moins 600 millions $ de la richesse du Québec, selon ses analyses. Ce plan implique par ailleurs une imposante fuite de capitaux de l'ordre de 327 millions $ en recourant à l'achat de 10 millions d'unités carbones (droits d'émissions) auprès des États qui participent ou se joindront au marché du carbone. Au lieu d'investir ces sommes dans l'économie québécoise afin de soutenir des initiatives vertes et créatrices d'emplois de qualité pour les générations à venir, le gouvernement libéral propose de compenser nos émissions de GES en finançant la réduction de celles de pays plus polluants. Le recours à ces achats peut s'avérer inévitable. Or, la moitié du plan de réduction des GES ne doit pas reposer sur une telle stratégie sans perspective durable.

Voilà là, selon moi, une nuance importance entre un leadership quant à la cible à atteindre et un leadership quant aux moyens innovants et responsables de l'atteindre.

Joindre le geste à la parole en environnement

En vue de la COP21, le président français, François Hollande a récemment affirmé, que « Les bonnes intentions sont là [...] mais nous sommes encore loin d'un accord contraignant et de financement à la hauteur de l'enjeu » et « Il y a même des risques d'échec ». Et sur ces paroles réalistes, on réalise que l'élément le plus important est effectivement la volonté de chaque État à contribuer aux efforts nécessaires pour répondre de façon responsable et concertée à cet enjeu qui dépasse nos frontières.

Enfin, pour moi, le Québec doit être responsable avant tout. Sa crédibilité en tant que leader mondial repose entièrement sur ce prérequis. Et être responsable consiste à assurer la cohérence dans les décisions gouvernementales notamment dans les projets financés à même les fonds publics (ex. : cimenterie McInnis, l'entreprise la plus polluante de l'histoire du Québec). Être responsable consiste également à investir dans les initiatives de réduction au plus haut rendement (tonne de GES réduite par dollar investi) et à cibler les secteurs les plus polluants (transports, de marchandises tout particulièrement, industries), tout en stimulant la recherche et le développement, en soutenant les entreprises dans la création d'idées et l'exportation de produits, et surtout en montrant l'exemple dans les différentes administrations publiques (ministères et organismes, municipalités, etc.).

Le Québec dispose de toutes les capacités et de la richesse intellectuelle nécessaires pour consolider son rôle de leader mondial en matière de lutte aux changements climatiques dans ce nouveau chapitre qui s'amorce à Paris en décembre prochain. Mais pour ce faire, son plan doit être responsable, car ce sont les Québécoises et les Québécois de demain qui jouiront de ses actions ou subiront ses inactions.

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