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Certaines personnes dénoncent certes une absurdité de notre système, mais contribuent à dénaturer le débat, voire à le détourner des vrais enjeux.
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Voilà que le sac à pétaques, dans la suite logique (illogique?) des choses, vient voiler (sans jeu de mots douteux) à son tour les véritables préoccupations de cette élection fédérale.

Bien sûr, les revendications derrière ce geste symbolique - pour plusieurs, de dénoncer l'absurdité de nos lois et, par extension, l'exercice du devoir de citoyen avec le visage dissimulé - se défendent; car, avouons-le, nos lois et leurs structures ne sont pas toujours cohérentes et conséquentes, en plus d'être parfois déconnectées de la réalité empirique. Notez que je ne parle pas exclusivement du vote avec le visage couvert, mais de manière très générale.

Mais revenons à notre sac à pétaques... Or, le problème, c'est qu'en décidant d'aller voter avec le sapristi de sac grillagé sur la tête, on en vient à participer et, par le fait même, à accentuer la problématique que l'on cherche pourtant à signaler. Ainsi, en s'accoutrant de toutes sortes d'attirails visant à se cacher le visage, certaines personnes dénoncent certes une absurdité de notre système, mais contribuent, encore plus, à dénaturer le débat, voire à le détourner des vrais enjeux.

Donc, au-delà de votre visage et de votre «raisonnement», ce que cache véritablement le fameux sac à pétaques, ce sont les plateformes des partis politiques, leurs visions sociétales, leurs réelles compétences (ou incompétences)... Le légendaire sac de Russet ou de Yukon Gold relègue, ipso facto, aux oubliettes - comme le résultat d'une bonne vieille stratégie sciemment ficelée visant à dévier le débat... Que dis-je? - les défis actuels et futurs. On se contente ainsi, comme individu, de tomber dans le bon vieux piège de la politique de division, plutôt que de le désamorcer...

Bref, pendant qu'on prépare notre costume d'Halloween et qu'on termine nos pétaques pilées, on ne parle pas d'environnement et de développement durable, des sables bitumineux, du pipeline Énergie Est, du transport (notamment des matières dangereuses comme celles qui ont détruit Lac-Mégantic), des importants écarts de richesse au sein de la population, de l'affaiblissement prononcé de notre pouvoir d'achat comme citoyen et consommateur, de la multiplication des fraudes (dont celles impliquant nos élus), de la guerre contre la science et les scientifiques, de la question autochtone et des femmes assassinées, de la violence, de l'implication militaire du Canada sur la scène internationale, de l'assurance-emploi, de cette archaïque monarchie, ainsi que de ses postes avec des coûts exorbitants et ses fonctions désuètes, de la question du français et de son état pitoyable, de la décomposition de nos libertés et de nos droits... et j'en passe!

Mais je vous en prie, parlez-moi encore du sac à pétaques...

Le bon vieux sac à pétaques aura, en somme, permis de stigmatiser une minorité... parce qu'environ 200 personnes qui portent le niqab ou la burqa sur plus de 35 millions, c'est une minorité... parce que trois personnes sur près de 700 000 nouveaux arrivants qui ont refusé de dévoiler leur visage lors de l'assermentation de citoyenneté, c'est une minorité... Mais, ça doit être moi qui suis dans les pétaques, certainement pas ceux qui ont voté avec leur sac sur la tête à Roberval, Chibougamau, Rouyn, Sept-Îles... car, il m'apparaît évident qu'ils sont confrontés quotidiennement au port du niqab et de la burqa dans la sphère publique et civique...

Bien entendu, le sac à pétaques et ses adeptes représentent également une minorité, mais tout comme son équivalence religieuse, les médias, comme la population et les politiciens en ont fait une majorité, et ce au détriment de la vraie majorité et des véritables enjeux de cette élection...

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Le vote à visage couvert en IMAGES

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