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Sir Paul, l'Écosse et l'indépendance du Québec

N'en déplaise au servile chevalier de la couronne... Vive l'Écosse libre!
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Sir Paul McCartney, l'ex-Beatles, s'est engagé la semaine dernière à soutenir le camp du Non lors du référendum sur l'avenir politique et territorial de l'Écosse. Plusieurs se sont indignés de cette prise de position. Mais, honnêtement, est-ce une grande nouvelle en soi ? Est-ce à ce point étonnant venant d'un chevalier de Sa Majesté la reine Élizabeth II de Windsor ? C'est comme si notre « Sir Paul », je parle bien sûr de notre Paul Desmarais national, décidait de prendre position en faveur du maintien du Québec dans le Canada... Qui pourrait se vanter d'être pantois ?

Mais, il y a plus... En tant que membre de l'Ordre de l'Empire britannique (on croirait presque à une appellation pour les vilains dans la saga Star Wars), ainsi qu'avec son titre honorifique, selon lequel le très noble Sir Paul est un défenseur des sacro-saints principes et symboles de la monarchie anglaise, comment aurait-il pu agir autrement ? En d'autres termes, comme chevalier de Sa Majesté, Sir Paul est assujetti à ses vœux et ses obligations à l'égard de la couronne britannique ; dans le cas contraire, celui-ci, selon le contrat de vassalité conféré par l'adoubement, serait considéré comme un félon et poursuivi conformément à la tradition, soit jusqu'à ce que mort s'ensuive ou que la royauté le condamne à l'emprisonnement ou à l'exil. Cette pratique - qu'elle soit effective ou non encore aujourd'hui, là n'est pas la question - possède toujours une symbolique à forte valeur ajoutée. En effet, elle représente de manière emblématique la stabilité « politique et économique » de la toute-puissance britannique.

Je suis d'accord avec vous, une telle hiérarchisation sociosymbolique est absurde, mais il n'en demeure pas moins qu'au cœur des perceptions populaires, ces pratiques et ces représentations constituent, encore à l'heure actuelle, un gage de respect et de reconnaissance. C'est ce que plusieurs appellent l'intangible, voire l'immatériel ; les superstitieux comprendront surement mieux... En toute franchise, le camp du Non doit définitivement être sur les nerfs pour en arriver, à trois semaines du vote historique, à recourir à ce genre de stratégies hypothétiques et, disons-le, boiteuses. L'idée d'amener Sir Paul à faire vibrer la fibre patriotique et émotive - celle reliée à la culture et à l'histoire commune -, en scandant le slogan « Better Together », équivaut au fameux Love In organisé par le camp du Non en 1995. Comme l'a été ce ridicule rassemblement, la prise de position de Sir Paul n'aura aucune incidence sur le résultat du vote. L'impact, comme ce fut le cas en 1995, est davantage symbolique et dédié à promouvoir une certaine image « à et pour » l'extérieur, c'est-à-dire les autres...

Donc, concrètement, c'est un coup d'épée dans l'eau pour le chevalier du sous-marin jaune, un coup d'épée qu'il était certes possible d'anticiper... Décidément, à ce point, ça sent la panique du côté de Westminster. Je soupçonne même les dirigeants au sud du Mur d'Hadrien d'être sur le point de pratiquer un augure (sic) afin de s'assurer des bonnes grâces des Dieux lors du jour fatidique. Qui l'aurait cru ? Voilà que ça risque de considérablement changer la donne pour les Écossais... Sans blague!

En effet, comment quelqu'un de moyennement allumé pourrait fonder sa réflexion et son choix sur les opinions subjectives et prévisibles de Sir Paul ? Surtout qu'en tant qu'Anglais né à Liverpool, donc comme personne étrangère à la situation et à la décision, quel est l'intérêt pour les Écossais - un peuple fier, digne et légitime - d'écouter ses balivernes ? Oui, j'y vois de l'ingérence, c'est certain ; mais, pour l'instant, l'Écosse est encore soumise à l'Union Jack et à cette chère Élizabeth... J'y vois donc une tentative de plus pour soumettre une nation entière... On se croirait pratiquement au Québec! J'y vois, en somme, un peuple instruit, qui n'est pas fourbe ; un peuple qui, peu importe les convictions exprimées par Sir Paul, décidera de son destin lors du référendum le 18 septembre prochain. N'en déplaise au servile chevalier de la couronne... Vive l'Écosse libre!

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