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Oui, le monde a changé grâce (et depuis) le débarquement en Normandie, mais qu'en est-il réellement de notre condition et de notre statut, de notre aliénation à un système profitant scrupuleusement à une poignée d'individus au détriment de tous ?
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Le 70e anniversaire de l'opération Neptune sera célébré ce vendredi. Le monde entier sera tourné, ne serait-ce qu'un court instant, vers la Normandie où, 70 ans auparavant, le débarquement des Alliés allait changer le cours de la guerre et certainement de l'histoire.

Deux jours plus tard, dimanche le 8 juin, un autre évènement, cette fois beaucoup moins médiatisé, sera également commémoré, soit le 65e anniversaire du lancement du roman 1984 de George Orwell. Deux histoires fort différentes en apparence, qui pourtant sont étroitement liée symboliquement, car l'ouvrage d'anticipation intellectuelle écrit par Orwell dresse un récit dystopique, mais qui, peut-on penser, présente une réalité évitée grâce à l'opération Neptune. Il est vrai que la victoire des Alliés aura, somme toute, relégué au rancart de l'histoire le nazisme et ses prétentions mégalomanes, en plus de freiner brusquement les ambitions expansionnistes de l'URSS. C'est une évidence!

Cela dit, malgré cet apparent sauvetage mondial des dangers du fascisme italien, du nazisme allemand et du totalitarisme soviétique, le péril d'un monde antidémocratique et absolutiste, ainsi que d'une société de surveillance ne s'est pas éclipsé pour autant. Évidemment, le débarquement en Normandie constitue une date, voire un moment important de l'histoire contemporaine, mais il ne représente guère le symbole qu'on tente de lui accoler depuis maintenant 70 ans. Le monde a évolué, mais le débarquement des troupes alliées sur les plages françaises en 1944 n'a pas modifié notre condition et notre statut, du moins pas de manière intrinsèque.

70 ans plus tard, la dictature n'est certes plus celle du prolétariat ; il y a bel et bien eu une mutation. Effectivement, son visage s'est transformé, mais pas sa substance... Pour tout dire, l'exploitation économique et sociopolitique est pire qu'il y a trois quarts de siècle, car beaucoup plus insidieuse et perfide. Regardons un instant notre situation... La pseudo richesse individuelle que nous croyons posséder individuellement n'est nul autre qu'une opération cosmétique servant allègrement les élites capitalistes. Vous en doutez ? Une simple lecture de l'évolution des écarts de richesse permet d'évincer cette perplexité. En effet, les élites continuent sans cesse de s'enrichir davantage, et ce au profit de l'ensemble du bon peuple (le 99%) qui, assis au volant de sa décapotable ne se doute pas de son exploitation quotidienne. Le prolétaire, celui décrit par Marx, n'est pas si loin... il est, disons simplement, différent! Or, la différence vient de l'amnésie collective sélective et de la participation à notre propre exploitation, c'est ce que Bourdieu appelle la violence symbolique dans la mesure où celle-ci s'exerce avec le consentement implicite des dominés qui ont, pour ainsi dire, été acculturés inconsciemment au système de valeurs, aux croyances et aux idées des dominants. Nous sommes donc les pions de la reproduction des hiérarchies sociales et servons, par le fait même, à leur légitimation.

Les héros de l'opération Neptune se sont battus pour la liberté. Malheureusement, ce précieux droit s'est, au cours des dernières années, passablement effrité. La liberté d'expression est lentement remplacée par un discours et des représentations standardisés au risque d'être sanctionné. Nous sommes sur le point d'assister au triomphe de la pensée unique dans un monde dominé par la propagande médiatique. Nos actions, nos paroles, nos écrits et même nos pensées sont étroitement surveillés. Nous ne sommes plus libres de nos choix ; nous sommes de plus en plus conditionnés par la surveillance et le regard de l'Autre. Les récentes révélations, notamment celles d'Edward Snowden concernant la surveillance civile, nous rappellent que les services de renseignements nationaux - par exemple, la NSA et le SCRS - scrutent à la loupe l'ensemble de nos actes, de nos décisions et de nos comportements. Souriez, Big Brother vous regarde!

Mais bon, j'imagine que ça doit être moi qui refuse tout simplement de croire et d'assimiler l'histoire telle que véhiculée par les vainqueurs, voire par le ministère de la Vérité et la Police de la Pensée. Oui, le monde a changé grâce (et depuis) le débarquement en Normandie, mais qu'en est-il réellement de notre condition et de notre statut, de notre aliénation à un système profitant scrupuleusement à une poignée d'individus au détriment de tous ? D'accord, je divague... Pardonnez-moi cet écart de conduite... après tout, « la guerre, c'est la paix », « la liberté, c'est l'esclavage » et « l'ignorance, c'est la force ».

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