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La prison est une solution

À n'en pas douter, nos prisons sont en bien meilleures conditions que nos écoles, tandis que les prisonniers sont dans des situations beaucoup plus saines et sécuritaires que nos enfants...
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«Celui qui ouvre une porte d'école, ferme une prison»

- Victor Hugo

Je suis tanné de toujours frapper sur le même clou, surtout lorsque la maison, alentour de moi, tombe en ruines, où devrais-je plutôt parler «d'école»; car, c'est bien de ça qu'il s'agit: nos écoles qui tombent en ruines.

Il ne faut pas être ingénieur pour savoir que nos écoles québécoises et, plus particulièrement, montréalaises, sont en décrépitudes. Il faut encore moins être médecin pour comprendre que l'état des bâtiments représente un risque réel pour la santé de nos enfants.

La condition des structures, les revêtements fissurés laissant pénétrer l'eau, la déficience au niveau de la ventilation, les problèmes de vermine, le mauvais éclairage et le manque de luminosité naturelle, la contamination des matériaux de construction, l'amiante, la rouille, les moisissures et autres formes de contamination fongique... On croirait parler de l'enfer d'une prison du tiers-monde, alors qu'il s'agit de la réalité de notre réseau d'écoles publiques québécoises.

À n'en pas douter, nos prisons sont en bien meilleures conditions que nos écoles, tandis que les prisonniers sont dans des situations beaucoup plus saines et sécuritaires que nos enfants... Est-ce qu'il y a quelqu'un qui va finir par s'indigner?

Ce n'est pas une histoire de fiction; plusieurs de nos écoles représentent un danger pour nos enfants, ainsi que pour les professeurs et spécialistes de l'éducation, qui chaque jour doivent composer avec des conditions de travail hostiles et dommageables. Comment vouloir enseigner ou apprendre dans des conditions aussi néfastes?

Je vous le demande: est-ce normal que certaines écoles empêchent les enfants de jouer dans la cour à cause des dangers reliés à la dégradation du pavé et des structures de jeu? Est-ce normal de fermer une partie du gymnase à cause des risques d'effondrement d'un mur? Est-ce normal de tenir le service de garde dans la cafétéria à cause des problèmes de champignons? Est-ce normal de faire un détour afin d'emprunter l'escalier au bout du couloir, car l'escalier central est condamné pour des risques de sécurité? Est-ce normal que les salles de bain sentent la moisissure et l'urine? Est-ce normal que les casiers réservés à nos enfants soient rouillés? Est-ce normal que la peinture décolle des murs et des plafonds? Est-ce normal qu'il y ait des infiltrations d'eau dans les classes? Est-ce normal que des fenêtres brisées soient placardées plutôt que réparées? Est-ce normal de mettre du grillage à poule après la brique extérieure plutôt que de refaire les joints? Sérieux... Trouvez-vous ça normal que nos enfants vivent dans ces conditions?

Au Québec, ce sont, à l'heure actuelle, près de 500 écoles qui sont délabrées. Et ce n'est que le début, car l'entretien des actifs est déficient depuis des années. Ainsi, pendant que les problèmes s'accumulent pour l'ensemble du secteur de l'éducation, on apprend que la somme allouée pour rattraper le retard accumulé dans l'entretien des écoles (le fameux budget de résorption du déficit de maintien d'actifs immobiliers) est passée de 137 millions à 97 millions pour l'année en cours, soit une diminution du budget d'environ 30%. C'est titanesque, voire incommensurable, surtout lorsqu'on réalise qu'il faudrait deux milliards de dollars pour être aux normes. Disons que ça fait beaucoup de zéro!

Bien sûr, toutes ces situations sont dévastatrices et, à cet effet, tendent à créer des problèmes à plusieurs niveaux, notamment sur le plan physique (asthme, maux de gorge, congestion nasale, infections respiratoires, etc.), mais aussi psychologique (manque de motivation, abandon, déprime, dépression, etc.). Nos enfants et nos enseignants sont clairement abandonnés à leur sort, dans des conditions de vie qui sont inacceptables. Personnellement, vivriez-vous dans ce genre de conditions, et ce, jour après jour? Pourtant, c'est l'histoire quotidienne de milliers de personnes, c'est la réalité de votre femme, de votre ami, de votre nièce... de votre enfant!

Nos écoles publiques brûlent à la vitesse «grand V»; les répondants (nos décideurs publics), plutôt que d'éteindre le feu, le regardent tranquillement brûler en se disant que ça coûtera moins cher de chauffage.

En fin de compte, peut-être devrions-nous envoyer nos enfants en prison, et nos délinquants à l'école... Au moins, nos enfants auraient accès à des conditions saines et sécuritaires, en plus d'être convenablement nourris.

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