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Oui, je suis Charlie, mais je suis aussi Raïf, Kazem, Charles, Juan, Fabio et tous les autres révoltés!
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Au cours de la dernière semaine, on a abondamment parlé des principes fondamentaux comme la liberté d'expression et de la presse. Les atrocités commises contre l'équipe de rédaction du journal satirique Charlie Hebdo ont, à cet égard, monopolisé les histoires et les articles des médias internationaux, nous rappelant l'importance de pouvoir parler, écrire et s'exprimer librement.

Or, au-delà des tragiques évènements survenus à Paris, il semble que nous ayons collectivement oublié que d'autres personnes, et ce récemment ou non, ont fait les frais de leurs opinions, croyances, convictions et/ou positions.

Il est vrai que Wolinski, Charb, Cabu, Tignous et les autres ont payé de leur vie la défense de ces libertés fondamentales, mais qu'en est-il des milliers d'autres à travers le monde qui ont défié et qui continuent de défier la dictature, l'asservissement, la censure, l'oppression, le bâillonnement ? Qu'en est-il de ces hommes et de ces femmes qui, comme les dessinateurs de Charlie hebdo, sont tombés au combat ? Qu'en est-il de ces héros obscurs que la presse ne parle peu ou pas ? Qu'en est-il de Charles Ingabire, Li Wangyang, Anna Politkovskaïa, Kazem Radjavi et, dernièrement, Raïf Badawi ? Bref, qu'en est-il de ces millions de personnes que l'on tente, chaque jour, de museler, contrôler, asservir et même supprimer ?

Il importe de souligner, par un geste de solidarité et de fraternité, notre prétention à garantir ce droit inaliénable aux grands principes démocratiques, ces préceptes dont tous les citoyens, où qu'ils soient, devraient bénéficier. Cela dit, alors que cet idéal n'est toujours pas entièrement atteint dans les démocraties dites modernes, imaginez la situation dans de nombreux pays où l'idée même de démocratie ne peut pas, ne serait-ce qu'être pensée.

Le blogueur Raïf Badawi l'a d'ailleurs appris à ses dépens cette semaine en étant reconnu coupable d'avoir encouragé la population saoudienne à exprimer librement ses opinions sur le rôle de la religion dans ce pays où la chose religieuse est intrinsèquement liée à l'État ou, devrais-je plutôt dire, à la vision sociétale ultraconservatrice dictée par la monarchie absolue.

Mais, sérieusement, que pouvons-nous attendre de plus d'un pays qui pratique rigoureusement un apartheid à l'égard des femmes, qui interdit aux juifs (sans exception) d'entrer sur son territoire et qui prescrit l'emprisonnement, voire la peine de mort pour tous les non-musulmans qui oseraient se rendre dans les villes de La Mecque ou Médine ? Donc, est-ce si surprenant que Badawi ait reçu comme sentence 10 ans de prison et 1000 coups de fouet ? Les interdictions saoudiennes, comme celles de beaucoup d'autres pays, sont claires et ne doivent en aucun cas être remises en question. La Liberté avec un grand « L » n'existe pas pour beaucoup trop de peuples.

Par conséquent, ce n'est pas uniquement les gens de Charlie Hebdo qu'il faut soutenir, qu'il faut souligner et qu'il faut appuyer, mais aussi ceux comme Raïf, qui mènent un combat quotidien contre l'oppression et la violence. Autrement dit, ce n'est donc pas seulement les noms de Charb et Cabu qu'il faut diffuser, crier et médiatiser, mais aussi ceux de Anna, Claude, Mohammed, Thierry, Pablo, Luigi, Maria, Jakub, Camille, William, Lucy et Chan...

En somme, il est essentiel de ne pas faire de distinctions inutiles et bancales, dans l'optique où tous ces hommes et toutes ces femmes - qui se battent ardemment, et souvent au péril de leur vie, pour ce qui, à nos yeux, semble une évidence, un acquis - méritent notre plus sincère respect, notre plus grand soutien. Ainsi, toutes ces personnes - peu importe leur origine, leur orientation sexuelle, leur croyance religieuse, leur positionnement politique - qui combattent l'obscurantisme et, parallèlement, militent pour un monde meilleur, plus égalitaire et plus libre doivent à tout jamais obtenir notre reconnaissance individuelle et collective. Oui, je suis Charlie, mais je suis aussi Raïf, Kazem, Charles, Juan, Fabio et tous les autres révoltés!

#JeSuisLesAutres!

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