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Je me disais que les États-Unis étaient «le» pays des contrastes, une terre de liberté, de démocratie, de rêve, de prospérité, de travail, d'innovation, d'accueil et d'immigration. C'est aussi un espace de restrictions, de misère, de chômage, de pauvreté, de violence et d'intolérance.
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Dernièrement, en lisant le Wall Street Journal, j'ai constaté à quel point nos voisins du sud étaient animés par une série de paradoxes qui frôlent l'absurdité, voire la folie. Je me disais, en effet, que les États-Unis étaient hors de tout doute « le » pays des contrastes ; d'une terre de liberté, de démocratie, de rêve, de prospérité, de travail, d'innovation, d'accueil et d'immigration - c'est parallèlement un espace de restrictions, de misère, de chômage, de pauvreté, de violence et d'intolérance. J'en ai glissé un mot à un ami qui vient des States ; sa réponse ? : « This is America! », avec un large sourire, un peu comme si ces contrastes stimulaient une forme de patriotisme malsain.

Je me suis ainsi mis à méditer à la réalité étasunienne... un pays antonymique où règne une relation incohérente, voire impossible entre les républicains et les démocrates, entre le nord et le sud, entre les riches et les pauvres, entre la ville et la campagne, entre les puritains et les épicuriens. Les États-Unis c'est une importante mosaïque, qui s'inscrit cependant dans un schème précis de mentalités et de perceptions dichotomiques s'affrontant quotidiennement dans le cadre des politiques et de l'opinion publique.

Dans ce pays des extrêmes polarisés qui se côtoient jour après jour - que ce soit sur les questions de la peine de mort, de l'interventionnisme étatique, des armes à feu ou encore de la sexualité - la bataille des représentations est devenue une priorité. Sur cette terre de la pornographie excessive, mais aussi des bals de pureté - où des jeunes filles promettent de rester chastes jusqu'au mariage - les obsessions dominent les orientations, les discours et les perceptions.

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Il y a environ deux mois, le Collège de Charleston et l'Université de la Caroline du Sud ont présenté, à quelques jours d'intervalles, une comédie musicale intitulée Fun Home ; une pièce, adaptée de la bande dessinée autobiographique d'Alison Bechdel, mettant en scène une jeune femme confrontée au suicide de son père qui, pendant toute sa vie, avait tenté de cacher son homosexualité. À chaque occasion, la prestation a reçu une ovation debout, dénotant le caractère exceptionnel de la performance et de la pièce.

Or, à la suite de ces prestations, la chambre des représentants de l'État de la Caroline du Sud, contrôlé par le Parti républicain, a voté des sanctions (des réductions de financement) contre ces deux institutions scolaires, qu'ils accusent de promouvoir l'homosexualité entre ses murs. Comme justification, le leader de la majorité républicaine indiquait tout récemment que la culture universitaire des institutions académiques devrait refléter les opinions de l'État, c'est-à-dire qu'elles devraient s'imprégner bêtement de la vision conservatrice, religieuse, républicaine et intolérante du parti au pouvoir.

Comble de la bêtise, des parlementaires républicains ont ces dernières semaines encouragé la nomination du vice-gouverneur Glenn McConnell à la présidence du Collège de Charleston afin de purifier les esprits et les mentalités progressistes des universitaires. Le message envoyé ? Vous voulez penser à l'extérieur de la boîte... On va simplement l'agrandir! Et c'est ce qui s'est passé quand le 22 mars, il fut désigné en tant que 22e président de l'institution, ce qui provoqua l'ire d'étudiants et de membres du corps professoral. Pour le portrait, McConnell, qui a été membre du Sénat pendant une trentaine d'années, est un convaincu qui participe à des reconstitutions de la guerre de Sécession du côté confédéré. C'est un ultraconservateur qui prône le retour aux valeurs agraires, religieuses et esclavagistes. Cet homme est donc tout sauf tolérant, nuancé et impartial.

Cela dit, cette bataille que se livrent deux institutions académiques de haut savoir et les parlementaires républicains lève le voile sur les tentatives d'ingérences de la politique dans les pratiques de l'enseignement et de la recherche aux États-Unis. Elle permet aussi de mettre en lumière les différents contrastes qui animent ou plutôt déchirent le pays. Enfin, elle démontre clairement que l'homosexualité est encore aujourd'hui un sujet tabou présenté comme un péché, un crime et parfois même une maladie.

En somme, les États-Unis c'est donc ça ; le pays de l'innovation, de la recherche, de l'intellectualisme contemporain... Malheureusement, c'est aussi un pays de bougons réactionnaires qui ne prônent rien de moins qu'un retour en arrière, ainsi que l'objurgation des minorités notamment sexuelles. C'est ça les États-Unis. God Bless America!

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Bals de pureté

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