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«L'éducation, ça ne vaut pas le cul!»

La quête du premier emploi est extrêmement affligeante à plusieurs égards, que ce soit sur le plan moral, physique, psychologique ou financier.
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Lorsque j'étais plus jeune, on me répétait, sans cesse, qu'il fallait aller à l'école longtemps, qu'il était indispensable de réussir académiquement afin de trouver, un jour, un bon emploi. Il n'y avait, en somme, point de salut sans l'éducation. Ce discours - et je ne dois pas être le seul - m'a été répété à maintes reprises par mes parents, mes enseignants, mes intervenants scolaires, mes tantes, mes oncles... Je me souviens, comme si c'était hier, de ces paroles quasi transcendantes: «Mon jeune, va à l'école le plus longtemps possible si tu ne veux pas finir comme moi! » God bless l'école!

Bref, l'ensemble de mon entourage m'encourageait à poursuivre sur la voie de l'éducation sans compromis, sans critique, sans regarder derrière. Après tout, l'éducation constituait une valeur sûre pour réussir dans cette société sans pitié. J'ai donc consacré mon enfance, mon adolescence, ainsi qu'une partie de ma vie adulte à trimer dur, très dur pour avoir les meilleures notes possibles, pour pouvoir avancer dans ce système éducatif qui, aux dires de tous (ou presque), me permettrait éventuellement de m'établir comme personne, comme employé, comme travailleur qualifié. Mon chemin de croix, c'était l'école; après, la vraie vie pourrait débuter!

Pourtant, mon grand-père, un homme qui avait dû arrêter l'école en troisième année pour aider sa famille, me répétait souvent: «Tu es encore à l'école? Pourquoi tu ne travailles pas? L'Éducation, ça ne vaut pas le cul!» Pauvre grand-père, je me disais qu'il ne comprenait pas grand-chose à la nouvelle réalité, qu'il ne saisissait pas l'importance d'être scolarisé pour réussir; parce que, après tout, l'objectif était la réussite à tout prix. Mais, aujourd'hui, avec l'expérience acquise, je réalise que mon grand-père n'était pas fou; loin de là. Il avait son bagage personnel et sa propre compréhension de la société.

Voilà maintenant un an que je suis à la recherche d'un emploi. Après des études universitaires - un bacc, une maîtrise et un doctorat - je constate, à ma grande déception, que trouver un emploi relève pratiquement du miracle. Pourtant, je suis qualifié (trop?)... Pourtant, j'ai suivi, à la lettre, les conseils prodigués par la société, par mon entourage... J'ai pourtant fait le choix de l'éducation!

Après un an de recherches quotidiennes et soutenues, de consultations de milliers de sites d'employeurs, de l'envoi de plus de 1 000 curriculum vitae, de lettres de présentation, de lettres de recommandation, je suis toujours... sans emploi. Une situation éprouvante, qui, jour après jour, me fait douter de mon choix initial de poursuivre des études supérieures.

Je regarde autour de moi et je réalise que plusieurs personnes, qui n'ont pas ou peu étudié, réussissent très bien. Et, pour être honnête, je suis heureux pour tous ces gens, car ils ont su saisir les opportunités qui leur étaient offertes. Cela dit, je me questionne néanmoins sur le fonctionnement de la société actuelle; je m'interroge sur la valorisation (survalorisation ou sous-valorisation?) de notre éducation. Doit-on encore et toujours pousser les jeunes à étudier davantage? Est-ce la solution?

Après tout ce cheminement pour trouver un emploi - et je ne parle pas ici d'un poste de cadre, mais bien d'un emploi de base, au bas de l'échelle -, une seule entreprise m'a donné ma chance de me faire valoir en entrevue. C'est donc dire que j'ai été contacté par une seule entreprise en un an, et ce, en dépit de mon importante scolarité, de mon expérience professionnelle (j'ai quand même travaillé à temps partiel ou à contrat pour différentes organisations et entreprises), de mon implication sociale et philanthropique (on parle de plus de 2 000 heures de bénévolat par année depuis 10 ans), de mes multiples publications (scientifiques, littéraires, journalistiques, etc.) de mes connaissances, mes aptitudes, mes compétences... Une seule entrevue pour plus de 1 000 C.V.! Disons simplement que ça laisse un goût amer, ainsi qu'une facture salée pour les prêts étudiants.

Mais, je ne suis certainement pas seul dans cette situation pénible, parce que les temps se font durs pour beaucoup de monde, particulièrement pour les jeunes finissants qui, comme moi, cherchent à acquérir de l'expérience. La quête du premier emploi est extrêmement affligeante à plusieurs égards, que ce soit sur le plan moral, physique, psychologique ou financier. L'incertitude et le stress reliés à cette quête perpétuelle sont épuisants.

Vous savez, ce n'est pas facile de se lever chaque matin, de consulter ses courriels et son téléphone dans l'espoir d'une opportunité, qui, finalement, ne vient jamais... C'est douloureux de se dire qu'on a fait tout ce chemin sans même avoir la chance de démontrer notre valeur. Bien sûr, on se dit qu'on aura éventuellement notre chance de prouver ce que l'on vaut, mais chaque jour qui passe rend la réalité toujours de plus en plus tangible. On en vient ultimement à se demander si grand-père n'avait pas, tout compte fait, raison de dire que «L'Éducation, ça ne vaut pas le cul!».

Note de l'auteur:

- Pour toutes personnes ou entreprises intéressées à contacter Yanick Barrette, vous pouvez le rejoindre par courriel (barretteyan@gmail.com). Domaine de spécialisation: communications, marketing, branding, relations publiques, rédaction, médias.

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